Krzysztof Penderecki (1933-2020)

Krzysztof Eugeniusz Penderecki (ˈkʂɨʂtɔf pɛndɛˈrɛt͡skʲi), né le 23 novembre 1933 à Dębica, près de Cracovie (Pologne) et mort le 29 mars 2020 à Cracovie (Pologne), est un compositeur et chef d'orchestre polonais.

Krzysztof Penderecki a été élevé dans une famille d'origine arménienne à la musicalité prononcée. Son père (avocat) et son grand-père (directeur de banque) étaient tous deux musiciens.

Il a d'abord appris à jouer du piano, puis du violon. Il composa ses premières œuvres à l'âge de 8 ans. Le manque d'études de violon provoqué par la guerre l'obligea, en compagnie de son professeur, à écrire ses exercices par lui-même et à s'entraîner sur ce support.

Krzysztof Penderecki a fait ses études au conservatoire de Cracovie avant d'y enseigner, puis d'en devenir le directeur en 1972. Il remporte en 1959 le premier prix du concours de composition de Varsovie.

Il s'affirme d'emblée comme un grand compositeur de musique sérielle ainsi qu'en témoignent ses premières compositions (Strophes, Anaklasis). Il a toutefois évolué par la suite vers une certaine forme de classicisme, ce qui conduit à distinguer dans son œuvre au moins deux périodes. Dans les années 1960-1970, il utilise les instruments classiques comme des instruments à percussion sur un mode résolument atonal ou sériel, recourt en abondance aux glissandos ou aux clusters et travaille sur le chromatisme d'une manière audacieuse. Son œuvre est néanmoins empreinte, à partir de sa Passion selon saint Luc (1965-1966), d'une forte inspiration religieuse.

Dès la fin des années 1980, il donne à son travail une nouvelle orientation marquée tout à la fois par une simplification du langage musical et un retour à la tonalité classique ainsi qu'en témoigne son imposant Requiem polonais. Il s'inscrit même, à travers son œuvre symphonique, dans la tradition romantique ou post-romantique.

Sa musique a été utilisée au cinéma par des réalisateurs aussi différents que Wojciech Has (Le Manuscrit trouvé à Saragosse), William Friedkin (L'Exorciste), Stanley Kubrick (Shining), Andrzej Wajda (Katyń) ou Martin Scorsese (Shutter Island).

Il a par ailleurs été une grande source d'inspiration pour le musicien de musique électronique Sebastian, notamment pour son titre Threnody.

En plus de la musique, Krzysztof Penderecki est un passionné de botanique. Il a créé son propre arboretum en Pologne.


Principales œuvres

Strophes (1959)
Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima (1960)
Passion selon Saint-Luc (1965-1966), probablement son chef-d'œuvre
De natura sonoris (1966)
Les diables de Loudun, opéra créé à Hambourg en 1969
Requiem polonais (1980-1993).
Sept symphonies numérotés de 1 à 8, la sixième étant non écrite.
Drei Stücke im alten stil (1963)

Penderecki est passé par plusieurs styles musicaux, depuis un post sérialisme, puis un modernisme exacerbé pour finir dans une sorte de postromantisme.
Inutile de dire que c'est cette dernière période qui me convient le mieux, c'est celle notamment des symphonies. (j'aime particulièrement les 2 et 4).

Par contre je ne comprends rien à ce qui est considéré comme ses chefs d'oeuvres : Threne à la mémoire des victimes d'Hiroshima, Fluorescences, De natura sonoris, Stabat Mater.
Mais je n'ai pas entendu la Passion selon saint Luc....

joachim a écrit:

depuis un post sérialisme, puis un modernisme exacerbé pour finir dans une sorte de postromantisme.

Penderecki n'a jamais été post-sériel réellement, dès le début il était très original avec son écriture graphique absolument jamais vue à l'époque...

C'est en lisant le sujet sur la musique contemporaine que j'ai pensé à Penderecki.
Beaucoup de jeunes "modernes" qui n'avaient rien d'autre à partager que leur rejet du passé (oubliant que l'être humain,
comme les arbres, a besoin de racines) sont responsables des réticences du public à l'égard de l'art contemporain.

Ils ont tout d'abord porté Penderecki aux nues, puis l'ont traité de "lâcheur" (ou de "néoclassique" pour les plus polis);
quand ils se sont rendus compte que ses inventions n'avaient pour but que servir l'expression.
Je ne connais pas d'exemple où Penderecki aurait inventé simplement pour ne pas faire comme les autres ni comme
avant.
Et je pense qu'il porte, lui, une très belle responsabilité dans ce qui se passe maintenant: musique contemporaine signifie
"de notre époque" et non plus "musique à s'arracher les cheveux".

Les contemporains n'écrivent pas toujours de la "musique à faire plaisir" parce-qu'il n'est plus possible d'ignorer les
comportements de l'espèce humaine. Pas pour un artiste, en tout cas.

L'opéra "Les Diables de Loudun" est un exemple: aucune invention gratuite. L'expression est tellement la seule chose qui
compte, qu'il ne m'était même pas venu à l'idée de savoir s'il s'agissait de musique "contemporaine", quand je suis
tombé dessus par hasard sur France Musique il y a... trente-cinq ans.
L'enregistrement que j'avais acheté a été réédité en cd chez Philips (Hamburg State Opera dir. Marek Janowski).
Je le conseille vraiment.

Etre en forme et disponible pour entrer dedans; écouter bien sur, mais lire le texte aussi. Bref, ne rien perdre et ça
m'étonnerait que ça ne passe pas.
En plus, si vous n'avez jamais entendu Tatiana Troyanos, vous découvrirez une soprano extraordinaire.

Du son :

Metamorphosen
http://www.chee-yun.net/music/penderecki.mp3

par Chee-Yun
http://www.chee-yun.net/


* * *

The horror (attention fichier très lourd - complet)
http://blogfiles.wfmu.org/KF/0510/The_Horror.mp3

N'ai écouté que le début de ce titre, impressionnant, j'écouterai en entier demain.

Coco

The horror, c'est original mais pas trop déplaisant (sauf par moments), quoique plutôt longuet...

Merci pour le lien, j'ai déjà entendu pas mal de Penderecki, mais celle-là je ne connaissais pas.
C'est d'ailleurs bizarre, je ne la trouve pas dans son catalogue, ou alors c'est tout récent.
Il faudrait aussi comprendre ce que dit le narrateur (s'il y a vraiment des paroles )

Le premier lien, Metamorphoses, est en fait son second concerto pour violon.

J'ai entendu deux grandes oeuvres depuis mon dernier post : le Te Deum, et le Requiem polonais. J'ai bien aimé ces oeuvres. En particulier la chaconne qu'il a ajoutée en 2005 au Requiem polonais, en mémoire à Jean-Paul II : très prenante.

Suis un peu surprise que tu aimes ce compositeur Jochim, finalement tu n'es pas si réfractaire à la musique moderne.

Il y a aussi

”Threnody for the Victims of Hiroshima” (1960)
http://www.music.mcgill.ca/~jacob/mp3s/Threnody.mp3

à défaut d'être musical pour moi, cette pièce décrit en tous cas très bien le sujet de façon sonore.

Là je sens que Snoopy va adorer

Coco

perleon a écrit:

En plus, si vous n'avez jamais entendu Tatiana Troyanos, vous découvrirez une soprano extraordinaire.

Mezzo-soprano.

OUI...pour Tatiana Troyanos...je suis pret à acheter n'importe quoi ..
Je plaisante pour le n'importe quoi Perléon...et merci pour tes remarques sur Pendérecki..qui m'en avait bien fait "baver", en tant que choriste, quand j'ai du apprendre et chanter son Stabat Mater...Je ne m'étais ,à tort, plus trop interessé à lui ; qui peut dire de quelle période de composition fait partie sa passion selon ST LUC?

perleon a écrit:

Beaucoup de jeunes "modernes" qui n'avaient rien d'autre à partager que leur rejet du passé (oubliant que l'être humain,
comme les arbres, a besoin de racines) sont responsables des réticences du public à l'égard de l'art contemporain.

entièrement d'accord avec toi...

par rapport au constat que Penderecki ait abandonné partiellement son écriture "avant-gardiste", ça tient aussi du fait qu'en tant que chef d'orchestre, il a constaté que ses 1ères oeuvres avec leurs partitions "graphiques" - toutes formidables qu'elles étaient - s'avéraient très difficilement jouables et compréhensibles par les musiciens, c'est ce qui explique en partie le fait qu'il soit retourné à une écriture plus "académique" (et non graphique).

Citation :

L'opéra "Les Diables de Loudun" est un exemple: aucune invention gratuite. L'expression est tellement la seule chose qui
compte, qu'il ne m'était même pas venu à l'idée de savoir s'il s'agissait de musique "contemporaine", quand je suis
tombé dessus par hasard sur France Musique il y a... trente-cinq ans.
L'enregistrement que j'avais acheté a été réédité en cd chez Philips (Hamburg State Opera dir. Marek Janowski).
Je le conseille vraiment.

entièrement d'accord, je suis un fou de cet opéra que j'ai réécouté plusieurs fois ! c'est très contemporain mais en même temps c'est gorgé d'émotion ! le climat est terrifiant mais les interprètes parviennent tout de même à faire "chanter" leurs rôles - un chef d'oeuvre absolu !!

par contre le CD est épuisé depuis des lustres et n'a jamais été réédité à ma connaissance, mais depuis quelques temps on trouve encore mieux, à savoir un splendide DVD :
http://www.hbdirect.com/album_detail.php?pid=3001964

c'est vraiment à voir, je me suis régalé pour ma part !! on se s'ennuie pas une seule seconde.

Merci kfigaro,

Je n'ai ni télé ni lecteur de DVD mais je suppose que je pourrai le lire sur mon ordi (un Mac avec un écran
très fin).
En fait, un handicap visuel m'interdit les écrans. Je fais une exception avec cet ordi. pour monter les
concerts que j'enregistre plus aisément "qu'à la manivelle" (c'était tout-de-même bien, l'époque de la
manivelle).
Si la folie douce d'un pêcheur de son peut t'amuser, fais un saut sur Audioaddict.fr>forum>microphonie
prise de son >grue à micro.

de rien, oui normalement ça devrait fonctionner sur ton Mac...

J'ai fais quelques recherches sur Google : The horror n'est pas de Penderecki.... mais l'auteur - ou les auteurs - semblent indéterminés.

Personne ne connait la Passion selon St Luc??

Si un jour je l'aime, alors je dirai que je la connais.

Jean a écrit:

Personne ne connait la Passion selon St Luc??

Je viens de l'écouter, version Naxos. Cette Passion fait partie du Penderecki particulièrement moderniste, une musique remplie (par moments) de grincements, de violence, d'orchestre déchaîné, mais aussi de tendresse, de douceur et même du grégorien.

Une oeuvre donc très inégale, bien loin des Passions de Bach, même si souvent les notes B.A.C.H. interviennent dans la musique.

Pour comprendre l'oeuvre et sa violence par moments, il faut absolument avoir sous les yeux le synopsis (heureusement, je possède les différents bouquins des Guides de la musique chez Fayard).

Comme on disait sur un autre fil, c'est une caractéristique de beaucoup de musique contemporaine : si on n'a pas d'explications, elle paraît horrible.
Alors que les Passions de Bach paraissent belles même si on ne comprend rien à l'action.

En résumé, et pour moi : c'est à écouter, mais je n'achèterai pas le CD

merci Joachim pour ta réponse précise et qui m'éclaire pas mal!

..Evidemment même si elle avait fait partie de sa période la plus "facile" à écouter...je ne me serais quand même pas attendu à pouvoir la comparer à celle de Bach!

joachim a écrit:

En résumé, et pour moi : c'est à écouter, mais je n'achèterai pas le CD

Tu fais donc une écoute en ligne sur le site de Naxos, c'est ça ?

kfigaro a écrit:

joachim a écrit:

En résumé, et pour moi : c'est à écouter, mais je n'achèterai pas le CD

Tu fais donc une écoute en ligne sur le site de Naxos, c'est ça ?

Oui, c'est ça, j'ai accès à toute la discographie

C'est quelquefois assez lourd à cause de toutes les pistes qu'il faut télécharger une par une, mais bon, je ne me plains pas

Je fais pareil de mon côté ! c'est fabuleux tout ce qu'ils ont... si seulement Universal ou les autres mettaient au point une telle technique, ça serait encore mieux...

Un large extrait bien flippant des "Diables de Loudun" ici (cliquez sur "watch preview") :

http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=101279

Suite aux nombreuses références à ce compositeur vues sur le topic 'discussion sur la musique', je suis partie à la découverte de Penderecki... et je suis tombée amoureuse

Précisément avec ceci : https://www.youtube.com/watch?v=8u2QviNbj7o (les 4 autres parties sont sur le côté)

Beauté noire, émotion, intensité, virtuosité, nouveauté... mon dieu, j'adore

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Krzysztof Penderecki (kʂɨʂtɔf pɛndɛrˈɛ͡tski) est un compositeur et chef d'orchestre polonais, né à Dębica, près de Cracovie, en Pologne, le 23 novembre 1933.

Il étudie au conservatoire de Cracovie avant d'y enseigner puis d'en devenir le recteur en 1972. Il remporte en 1959 le premier prix du concours de composition de Varsovie. Son œuvre, bien qu'à base d'instruments classiques, les utilise dans un atonalisme, travaillant les glissandi, le chromatisme ainsi que les clusters. Il persiste, toutefois, une inspiration religieuse (Stabat Mater, Passion…). Son langage va évoluer ensuite vers une simplification, proche d'une tonalité classique (Requiem).

En plus de la musique, Krzysztof Penderecki est un passionné de botanique. Il a créé son propre arboretum en Pologne.

Principales œuvres:

* Strophes (1959)
* Analasis (1959)
* Emanationen (1959)
* Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima (1960)
* Fluorescences (1961)
* Fonogrammi (1961)
* Drei Stücke im alten stil (1963)
* Passion selon Saint-Luc (1965-1965), probablement son chef-d'œuvre
* De natura sonoris n° 1 & 2 (1966) et (1971)
* Dies Irae, Oratorium ob memoriam in perniciei castris in oswiecim necatorum inexstinguibilem reddendam (1967)
* Capriccio pour violon et orchestre (1967)
* Les diables de Loudun, opéra créé à Hambourg en 1969
* Canticum canticorum salomonis (1970)
* Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 & 2 (1967/1972 et 1962)
* Partita pour clavecin, guitare électrique, guitare basse, contrebasse et orchestre (1971, revision 1991)
* Le Rêve de Jacob (1974)
* Magnificat (1974)
* Requiem polonais (1980-1993).
* Concerto pour alto et orchestre de chambre (1983) (transcrit pour violoncello et orchestre par Boris Pergamenchikov)
* Die Schwarze Masque (le Masque Noir), opéra créé à Salzbourg en 1986, repris à Paris (Orchestre National de France), en 1989.
* Sept symphonies numérotées de 1 à 8, la sixième étant non écrite.
o Symphonie n° 1 (1973) ;
o Symphonie n° 2 Noël (1980) ;
o Symphonie n° 3 (1988-1995) ;
o Symphonie n° 4 Adagio (1989) ;
o Symphonie n° 5 coréenne (1991-2) ;
o Symphonie n° 7 Les sept portes de Jérusalem (1986) ;
o Symphonie n° 8 Lieder der Vergänglichkeit (2004-05).

oh la boulette ! lol j'avais pas trouvé le topic !!!!

désolée

C'est pas grave, un rappel ne fait pas de mal...

Pas vilaine la Symphonie n°2 de Penderecki, pas vilaine dans son expression dramatique et tourmentée. Je croirais la musique d'une tragédie du cinéma muet dans laquelle se dessinent des personnages aux visages déformés par la colère et la douleur. Les lèvres de leur bouche se tordent mais les mots/maux restent silencieux. Je suis confus de devoir présenter les choses ainsi car c'est une illustration un peu bizarre que je suis en train de faire de cette symphonie; disons que je la trouve très cinématographique par un développement du "romantico-tragique" qui s'articule sans aucun temps mort ni perte d'expressivité.