| | Sociologie de la musique | |
| | Auteur | Message |
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Snoopy Admin
Nombre de messages : 31175 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
| Sujet: Sociologie de la musique 2006-10-24, 22:44 | |
| Branche de la sociologie, la sociologie de la musique interroge le fait sociologique dans son rapport avec la création musicale. A contrario, elle s'intéresse aux décalages possibles entre la réception d’un art très souvent fondé sur une réflexion théorique a priori, et l'écoute des auditeurs (mélomanes ou autres) souvent en décalage flagrant avec ces théories nouvelles. En pratique, la réception de la musique, comme de tout art, demande certaines adaptations (cognitives, physiologiques, culturelles, ...), et aborder une pratique musicale nécessite de s'y intégrer complètement (il suffit de voir les difficultés rencontrées à l'écoute de certaines musiques extra-europénne ou, même, des dernières créations de la musique contemporaine).
Henri Pousseur, compositeur et théoricien, s’est fait le héraut d'une étude scrupuleuse des rapports entre l’artiste — et donc, bien entendu, le musicien — et son vécu dans la société. L’art cherche souvent à organiser des communications différentes, des communications d'un autre ordre que celles des sens. De plus, il n’est pas seulement une pensée individuelle et individualiste. Il est aussi action et interférence sur la conscience collective et sur les données immédiates qui échappent à la conscience. Grâce à lui, notre prise de conscience de notre place dans ce monde s’organise autour d'une image que nous nous forgeons du monde. Ainsi, l’esprit du temps, les données du moment, la culture de l'époque, etc., peuvent fortement influencer tous ces paradigmes a priori à la base de notre représentation : les travaux de Kuhn sur l'adhésion d'une société à un paradigme, ceux de Foucault sur les formes de pouvoir, ou même ceux d'Edgar Morin sur la complexité, participent avec bien d’autres penseurs à l'élaboration d'un schéma sociologique qui irait dans ce sens.
Dans ces conditions, l’artiste est obligatoirement une présence particulière dans la culture générale et dans son environnement : il reflète les préoccupations du moment, et demeure ancré dans son époque. A l'opposé, il subit les influences de cet environnement et contribue de la sorte au développement de certaines valeurs. On se reportera à ce sujet à la définition "sociale" et sociologique de la musique.
La sociologie de la musique montre comment la réception de la musique fait appel à une mémoire commune entre la source et le destinataire, mémoire qui permet de s’appuyer sur un certain nombre de références, de suggestions. Elle aborde alors le terrain du cognitif.
Deux catégories de musique continuent à cohabiter : une musique écrite — musique de l’œil — et une musique dont la transmission n’est qu’orale, apanage de la plupart des musiques extra-occidentales. Pour ces musiques extra-européennes, une branche de la musicologie a vu le jour, l'ethnomusicologie : anthropologie du fait musical, elle l'envisage dans ses dimensions à la fois formelles, esthétiques et socio-culturelles, et étend ses recherches à la fois vers la création musicale et vers les rapports entre musiciens et société (art ou chamanisme, esthétique ou transe, etc.).
L’artiste, dans ces deux cultures totalement différentes, est confronté au souci de la pertinence — dans le contexte culturel de sa création, à savoir géographique, historique, mais aussi structurel et philosophique. Il est soumis aux mêmes problèmes que pour toute tentative de communication : l’œuvre et son auteur sont rapports au monde, et en ce sens, un souci d’effectivité guide les intentions et transmuent le désir de respecter l'authenticité de la tradition. La mémoire de l'œuvre construit un certain futur qui influencera la création à venir.
La sociologie de la musique ne cherche pas tant à analyser des fondements culturels universels mais recherche plutôt comment se bâtit la mémoire collective autour des formes de composition et de leur réception.
En ce qui concerne la musique occidentale, les analyses sociologiques de Max Weber, ont démontré les tendance des formes musicales à évoluer vers l’abstraction, le calcul, la rationalisation, tendances confirmées au XXe siècle mais qui sont en fait omniprésentes. L’analyse historique des évolutions de cette complexification prouve, s’il en était besoin, que le compositeur est parvenu à un stade où il est difficile de ne pas confondre complexité et complication : les compositeurs ne sont en général compliqués que lorsqu’ils ne savent pas être complexes ; dans ces œuvres musicales compliquées, seul le décodage — au sens de la théorie de l'information — reste plus difficile, mais le contenu de la musique n’en est pas obligatoirement plus riche.
L’art ne cherche pas à être en phase avec son époque. Mais, dans la mesure où il manie un matériau par principe in-ouï et que la réceptivité du matériau nouveau ne peut s’émanciper des phases progressives d’une initiation à ce nouveau monde sonore et musical, le compositeur occidental opère une véritable création sans connaître les bases culturelles de la réception.
Rappelons que les deux sens de l’art sont la vue et l’ouïe, car leurs champs opératoires s’étendent de l’immédiateté aux profondeurs de l’inconscient. La musique devrait établir une adéquation entre la réception des données de notre environnement et leur mise en forme, mais avec des critères autres que ceux de l'immédiateté propres à la vue. Il existe donc des formes d’apprentissage de la réception sociale — apprentissage pouvant être plus ou moins long — qui permettent de participer à la construction de conduites d’écoute. La musique suppose que soient prises en compte des stratégies d’écoute, écoute intérieure du compositeur, écoute extérieure propre à la réception sociale. Ces stratégies parcourent l’œuvre musicale par un processus sensible cherchant à atteindre les profondeurs de la personnalité sociologique de chaque être. C’est entre autre le fondement de ce que Hans Robert Jauss qualifie d’esthétique de la réception : l'écart esthétique mesurerait la distance entre l’attente de l'auditeur vis à vis de l’œuvre et ce que renferme l’œuvre elle-même. Les stratégies d'écoute deviendraient alors des apprentissages pour diminuer cet écart ; mais pour Jauss cela ne signifie nullement que la valeur esthétique augmente ou diminue de ce fait. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-25, 10:11 | |
| Je me passionne de plus en plus pour la sociologie, tu as des titres d'ouvrages précis sur le sujet ? |
| | | Snoopy Admin
Nombre de messages : 31175 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-25, 10:51 | |
| C'est à dire sociologie/musique? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-25, 14:46 | |
| Je m'intéresse surtout aux rapports que peuvent avoir les mélomanes avec la musique qu'ils écoutent, une sociologie des mélomanes par ex ? |
| | | Snoopy Admin
Nombre de messages : 31175 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-25, 14:50 | |
| Cela ne serait pas plus simple de créer un topic sur ce sujet et de demander l'avis aux mélomanes de ce forum pour avoir déjà une petite idée? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-25, 17:26 | |
| Moi je veux bien mais je craint le bide à plein nez... ce forum n'est pas assez connu encore, il faut être réaliste malheureusement :|
et puis mon dernier post est tout à fait dans le sujet, pourquoi créer un topic supplémentaire ? |
| | | Snoopy Admin
Nombre de messages : 31175 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-25, 17:33 | |
| Je sais, hélas... Faut donc attendre qu'il se développe et que les mélomanes en herbe viennent témoigner à la lecture de ce post. |
| | | Hector Berlioz
Nombre de messages : 1670 Age : 41 Date d'inscription : 14/08/2006
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-25, 20:52 | |
| Si vous voulez, je peux réagir sur la sociologie: JE DETESTE CA!!! J'ai été obligé d'en faire pendant 4 ans et je trouve (je ne suis d'ailleurs pas le seul à penser ça) que c'est tout sauf une science et je déteste que les sociologue consièdre leur hobby comme une science (un peu comme l'économie d'ailleurs).
Sinon, quelle est la question à laquelle on doit répondre? |
| | | Snoopy Admin
Nombre de messages : 31175 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-25, 21:06 | |
| - Hector Berlioz a écrit:
Sinon, quelle est la question à laquelle on doit répondre? Le rapport que tu entretiens avec la musique |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-25, 21:57 | |
| Holalala! Vaste question, réponse complexe. :| |
| | | Hector Berlioz
Nombre de messages : 1670 Age : 41 Date d'inscription : 14/08/2006
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-26, 22:45 | |
| Oui, très vaste et très complexe... Tu nous laisses toute notre vie pour y répondre? |
| | | Snoopy Admin
Nombre de messages : 31175 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-26, 22:47 | |
| |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-27, 09:44 | |
| C'est pas si complexe que ça mais ça oblige à établir une distance vis à vis de soi même, je reconnais que tous le monde n'a peut être pas envie de faire ce travail, car ça oblige à se dévoiler un peu |
| | | Snoopy Admin
Nombre de messages : 31175 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-27, 09:48 | |
| L'idéal serait peut être que tu prépares un questionnaire précis et que ceux qui le souhaitent y répondent. Pour éviter qu'il se perde ensuite dans les sujets ou pour que les nouveaux membres puissent le voir et y répondre, je peux en faire un "post it" qui restera toujours sur la première page du forum sur "la discussion de la musique" car c'est en effet un sujet intéressant. Qu'en penses tu? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2006-10-27, 16:46 | |
| Pas idiot, je vais y réfléchir...
A + |
| | | Icare Admin
Nombre de messages : 17457 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2020-05-21, 08:54 | |
| On attend toujours... - Snoopy a écrit:
- Hector Berlioz a écrit:
Sinon, quelle est la question à laquelle on doit répondre? Le rapport que tu entretiens avec la musique Je ne suis pas féru de sociologie et n'ai encore lu aucun ouvrage sur le sujet. Toutefois, au-delà du fait que l'on puisse considérer ou non la sociologie comme une science, ce qui est à mon avis un débat pas très intéressant en soi, je ne peux rester insensible à la simple question posée qui m'est bien plus stimulante: " Le rapport que nous entretenons avec la musique?" à laquelle je rajouterais volontiers en ce qui me concerne " ...lorsque l'on est simple mélomane... Je pense tout d'abord que nous y répondons en partie au travers de plusieurs topics, que, consciemment et même inconsciemment, nous y apportons des fragments de réponses qui, en général, sont motivés par notre expérience personnelle et analysés avec le recul que nous finissons par avoir sur nous-mêmes: rapport affectif qui rejoint le rapport émotionnel. Rapport purement intellectuel ou rapport également physique avec la musique, notamment lorsque nous ne nous contentons pas d'en écouter mais que nous en jouons aussi, entrons donc en contact direct avec un instrument. Par exemple. Ce qui n'est pas mon cas. J'ai bien pris des cours de guitare plus jeune mais ce rapport physique avec la musique fut éphémère. Il ne m'a d'ailleurs jamais manqué par la suite. Comme rapport physique avec la musique, j'ai toujours préféré le contact avec le piano même si je n'en ai jamais fait sérieusement car, à cette époque, je jurais davantage par la comédie et le théâtre que je pratiquais. Je jouais bien mieux des mots de Shakespeare que des notes de la plus simple des mélodies classiques ou de cinéma! La musique des mots était finalement celle que je maîtrisais le mieux dans la pratique et, surtout, celle avec laquelle j'étais le plus à l'aise. Mon rapport à la musique est donc resté purement intellectuel et émotionnel. Néanmoins, j'accorde depuis toujours une très grande importance à l'instrument, tel qu'il soit, dans une oeuvre musicale, quelle que soit l'époque ou le style. Rare l'oeuvre symphonique qui va me toucher en profondeur si elle n'accorde pas d'espace à un ou plusieurs instruments solos. Mon intérêt pour la "masse" orchestrale existe, mais il est plus secondaire, moins secondaire aujourd'hui qu'hier mais il arrive après. Ce n'est pas un hasard si j'ai souvent eu une prédilection pour la forme concertante et la musique de chambre, et si j'ai toujours cherché à obtenir non pas une promiscuité mais une proximité avec l'instrument. J'ai très souvent besoin de ce guide intime dans mon rapport à la musique, il m'est précieux, quasi-indispensable. Ce n'est qu'une première partie de mon analyse, une sorte d'auto-analyse si on peut dire, mais qui ne peut se faire sans prendre en compte cette réalité-là qui est un des piliers-porteurs de mon rapport à la musique. |
| | | Snoopy Admin
Nombre de messages : 31175 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
| Sujet: Re: Sociologie de la musique 2020-05-23, 00:47 | |
| - Icare a écrit:
- Je pense tout d'abord que nous y répondons en partie au travers de plusieurs topics, que, consciemment et même inconsciemment, nous y apportons des fragments de réponses qui, en général, sont motivés par notre expérience personnelle et analysés avec le recul que nous finissons par avoir sur nous-mêmes: rapport affectif qui rejoint le rapport émotionnel. Rapport purement intellectuel ou rapport également physique avec la musique, notamment lorsque nous ne nous contentons pas d'en écouter mais que nous en jouons aussi, entrons donc en contact direct avec un instrument.
C'est bien résumé je trouve Pour ma part, j'ai deux approches différentes selon que je "pratique" la musique comme mélomane ou comme musicien. Je dissocie vraiment les deux. Je ne suis pas dans les mêmes attentes, je ne recherche pas non plus la même chose et selon l'un ou l'autre, je n'ai ni le même plaisir ni la même intensité. Elle est beaucoup plus "basique" en tant que mélomane. Je suis simplement dans un rôle de "consommateur" de musique, ça me procure du plaisir. Au même titre que manger un bon plat ou passer une bonne heure dans les bras d'une jolie fille. Ca reste donc uniquement cantonné au plaisir et à l'émotionnel. Ca ne va pas plus loin. Comme musicien, mon rapport est beaucoup plus complexe. D'abord par le côté intellectuel de la chose, mais le plaisir aussi. Et le plaisir est double voire triple par rapport au mélomane. Car là je mélange les deux: la pratique (donc le côté intellectuel de la chose, ou du moins le savoir faire) et l'affectif (donc le plaisir) avec en plus le côté émotionnel (de l'écoute, de la pratique et de l'émotion suscité à jouer). Comme musicien, on est "actif" contrairement au rôle "passif" du mélomane. Pour ma part ça change beaucoup de chose. Vous aurez donc compris, que je préfère le rôle du musicien, puisqu'il me permet de cumuler aussi celui du mélomane tout en étant auditeur et interprète de ce que je joue. |
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