Bela Bartok (1881-1945)

Curieusement, à une époque où je n'avais encore que des microsillons, j' aimais plutôt bien les quatuors de Bartok...Et puis ayant vendu tous mes microsillons, je n'avais plus ces quatuors...jusqu'à il y a quelques mois (pas plus de deux ans) un prix dérisoire me les a fait racheter par le quatuor Julliard. ..Mais cette fois j'ai beaucoup plus de mal à les apprécier!!

Tu es sûr, Jean, qu'il s'agissait bien de Bartok, et non pas de son copain Kodaly, dont les deux quatuors sont beaucoup plus accessibles ? Sans compter que pour les 6 quatuors de Bartok, il t'aurait fallu un coffret de 3 microsillons !

oui je suis sur, j'avais une période Bartok que j'écoutais beaucoup plus que maintenant, et j'avais déjà en microsillon la version des Julliard qui avait dû paraître "en souscription" (qui n'en n'était pas du tout une: il s'agissait de nouveautés paraissant à l'automne à prix sensiblement réduit!)...
Je me souviens même qu'à cette époque (un peu plus tard?) j'avais assisté à un concert de quatuors à cordes au château d'Annecy (où il y avait une saison de 5 à 6 concerts avec des ensembles assez prestigieux)...mais là j'ai oublié le nom du quatuor) ...Il y avait un programme assez classique ou romantique mis à part un quatuor de Bartok ; j'avais convaincue une amie de venir avec moi...malgré le quatuor de Bartok , la persuadant que ce n'était qu'une petite partie du programme...Et voilà que le 2ème violon a cassé une corde vers la fin du premier mouvement; il l'a rapidement remplacé...et ils ont évidemment recommencé le mouvement en entier...ce qui a déclenché chez mon amie un soupir d'impatiente qui a du s'entendre sur plusieurs rangées...vu les sourires ...de compréhension je suppose que ce soupir a provoqué!!
Moi j'avais beaucoup apprécié: j'ai toujours constaté que l'écoute d'une oeuvre "difficile" m'est beaucoup plus facile en concert qu'en disque ou à la radio

<<j'ai toujours constaté que l'écoute d'une oeuvre "difficile" m'est beaucoup plus facile en concert qu'en disque ou à la radio

J'ai un ami comme ça qui apprécie davantage la musique contemporaine en concert que sur disque, peut-être parce qu'il peut se rattacher visuellement au jeu des musiciens, que pour le coup la musique occupe une dimension moins abstraite.

Certainement une des raisons!...Et puis à la réflexion, dans la mesure où le lieu du concert a une très bonne acoustique , si j'ai une assez bonne place ne me privant pas de bien voir les musiciens, j'apprécie toujours plus n'importe quelle musique en concert, plutôt qu'en disque ou à la radio...alors forcément pour une musique moins connue ou inconnue, l'attention est encore plus disponible

Jean a écrit:

Certainement une des raisons!...Et puis à la réflexion, dans la mesure où le lieu du concert a une très bonne acoustique , si j'ai une assez bonne place ne me privant pas de bien voir les musiciens, j'apprécie toujours plus n'importe quelle musique en concert, plutôt qu'en disque ou à la radio...alors forcément pour une musique moins connue ou inconnue, l'attention est encore plus disponible

Ceci-dit, je n'ai encore jamais pris le temps d'écouter ses quatuors à cordes, ni en cd ni en concert. En dehors des quatuors, Jean, que connais et aimes-tu de Bartok?

pas tout!

seulement les 3 concertos pour piano, les 2 concertos pour violon, le concerto pour orchestre, le concerto pour 2 pianos, également dans sa version 2 piano et percussion et musique pour cordes célesta et percussion

Jean a écrit:

pas tout!  

seulement les 3 concertos pour piano, les 2 concertos pour violon, le concerto pour orchestre, le concerto pour 2 pianos, également dans sa version 2 piano et percussion et musique pour cordes célesta et percussion.

C'est déjà pas mal!

joachim a écrit:

Le concerto, s'il est vrai que je ne l'écouterais pas en boucle, ne me déplaît pas, bien que j'aime autant le premier concerto de jeunesse.

Je voulais presque te répondre la même chose. Cependant, avant de me prononcer, j'ai voulu attendre de le réécouter, comme c'était prévu. Par Augustin Dumay et Laurent Petitgirard à la direction. Le premier mouvement est vraiment merveilleux et le second ne démérite pas non plus. Je pense que je le préfère même au second mais il ne faut pas écarter l'hypothèse que cette préférence puisse être influencée par mon humeur du moment...encore qu'il me semble l'avoir toujours un peu préféré au second. Il m'est plus émouvant. Le premier mouvement y est pour beaucoup.

Les quatuors, surtout le 5 et le 4 sont de grands chefs d'oeuvres.
Le 5, avec les hallucinantes musiques nocturne des 2e et 4e mouvement, avec leurs bêtes de la nuit et leurs pizzicati. Son scherzo alla bulgarese entre les deux et la pulsation implacable des mouvements extrêmes.
Le 4, avec la sonorité des cordes jouant fortissimo avec sourdine dans le prestissimo du 2e mouvement. Une autre musique nocturne au 3e mouvement. Un fugato en pizzicati au 4e mouvement. Et pour conclure, une danse folklorique imaginaire.
De grands chefs d'oeuvres !
J'ai eu la chance d'assister à l'intégrale en concert par le quatuor Végh, il y a bien longtemps...

jdperdrix a écrit:

Les quatuors, surtout le 5 et  le 4 sont de grands chefs d'oeuvres.
.

Je n'en doute pas une seconde!!...et je suis bien certain qu'il y a aussi d'autres grands chef d'oeuvre avec lesquels j'ai du mal...

Mais je vais réécouter ces quatuors , d'abord 5 et 4, et je ne serais pas surpris si j'accroche nettement plus...J'ai assez souvent fait cette expérience

Tiens, une petite merveille de Bartok dans le style bulgare :





franchement, ca donne envie de la jouer au piano !

Pianoline a écrit:

franchement, ca donne envie de la jouer au piano !

Moi ça me donner envie d'arrêter

Rhooo, quel mauvais mélomane

The Miraculous Mandarin: Bela Bartok:

Pouvais-je envisager un cycle autour des compositeurs hongrois sans inclure l'immense et incontournable Bela Bartok? Certainement pas! Il sera d'ailleurs plusieurs fois à l'honneur et la première oeuvre que j'ai réécoutée est The Miraculous Mandarin par le "City of Birmingham Symphony Orchestra" sous la direction de Sir Simon Rattle. Voilà bien une musique qui déménage, me captive d'un bout à l'autre. Il y a une dimension aussi bien Expressionniste qu'une dimension impressionniste, auxquelles se greffe une troisième dimension plus fantastique...dans le sens de quelque-chose d'un peu surnaturel. Le Mandarin merveilleux est une grande fresque symphonique pleine d'exaltation et de frénésie: Bartok y exploite toutes les possibilités de la matière sonore, usant avec férocité de scansions rythmiques pénétrantes et obsessionnelles: l'univers du Sacre du printemps de Stravinsky plane au-dessus des turbulences tel un modèle volontairement désigné.

Le Mandarin merveilleux est un ballet-pantomime en un acte composé par Béla Bartók dont les ébauches ont été achevées en 1918-1919 sur un livret de Menyhért Lengyel d'après un conte chinois. Terminé en 1924, il fut créé à l'Opéra de Cologne, le 27 novembre 1926 : le sujet cru et franchement érotique du ballet provoqua un vif scandale, les représentations furent suspendues et les autorités hongroises l'interdirent. Bartók transforma sa musique en une suite pour orchestre symphonique qui sera créée le 15 octobre 1928 ainsi qu'une adaptation pour deux pianos. (source Wikipédia)

L'argument:

<<Devant une maison louche des bas-quartiers d'une ville sordide et chaotique, une prostituée attire les passants vers trois mauvais garçons qui les dévalisent. Deux quidams sans le sou, un vieux beau et un jeune timide, sont refoulés par les voyous. Arrive un riche mandarin, pigeon idéal, qui se laisse séduire par une danse lascive, une chasse voluptueuse. À trois reprises, par étouffement, coups de poignard et strangulation, les truands essaient d'assassiner le Chinois, mais, bien que blessé, il semble immortel. Apitoyée, la prostituée chasse ses comparses et s'abandonne dans les bras du mandarin qui, son désir assouvi, succombe à ses plaies. Dans la suite pour orchestre, l'histoire prend fin avant la mort du mandarin.>>

Concerto pour Orchestre: Bela Bartok (mon écoute de ce soir - par le "City of Birmingham Symphony Orchestra" sous la direction de Sir Simon Rattle.)

J'ai réécouté, à l'occasion de mon cycle autour des compositeurs hongrois ou d'origine hongroise, le Concerto pour piano et orchestre n°1 en trois mouvements de Bela Bartok, par Peter Donohoe et le "City of Birmingham Symphony Orchestra" sous la direction de Sir Simon Rattle. La percussion n'est jamais très loin dans ce concerto mais est utilisée avec parcimonie, semble être l'écho du piano au tout début. J'aime beaucoup la cadence du second mouvement qui commence pourtant pianissimo et le caractère passionné et coloré du troisième. Ces deux mouvements me captivent en particulier mais le premier est d'une ardeur qui ne peut laisser indifférent. J'ai ensuite réécouté les deux autres concertos pour piano de Bela Bartok par les mêmes interprètes. Le N°2 commence en fanfare, toutes trompettes dehors, prêtes à s'égosiller en choeur alors que le piano file à vive allure. J'ai été surpris car je ne me souvenais plus qu'il commençait ainsi. Surpris mais pas dérouté: j'ai été emporté par le caractère expressionniste du concerto, comme saisi au vol. Si le second mouvement commence en douceur, sans grands effets, lorsque le piano entraîne l'ensemble dans son accélération, mon attention restera accrochée jusqu'à la dernière note du troisième mouvement qui exacerbe un orchestre riche en couleurs et doté d'une énergie communicative. Arrive alors le Concerto pour piano n°3 que j'ai toujours eu tendance à considérer comme étant mon préféré des trois. Certes, il y a la fougue, la virulence du premier mouvement, or c'est surtout le second qui, selon moi, touche à l'exquis. Dès qu'il déploie une toile immensément poétique, puis délicatement romantique, avec cette petite flûte aussi légère qu'un papillon, je fonds. C'est bien simple, je fonds! Le troisième mouvement, sans m'émouvoir autant, n'en demeure pas moins une belle fête expressive entre le piano et l'orchestre.

Icare a écrit:

Total rebondissement car désormais j'apprécie beaucoup mieux la Rhapsodie n°2 pour violon et orchestre. Je la préfère en tout cas à la Première dans laquelle il m'a semblé répérer un emploi rare du cymbalum. Il y a vraiment de très beaux moments dans cette seconde rhapsodie, notamment un qui combine violon solo et éléments de l'orchestre dans un registre intimiste quelque peu céleste. J'aime ces instants musicaux qui vous conduisent vers le recueillement et donc le firmament. Je dois avoir quelque-part une écoute quasi-religieuse de la musique. Le Concerto pour violon n°2 possède également de fameux moments dont certains peuvent être très lyriques, mais un lyrisme assez grave et déjà plus proche d'un Herrmann que d'un Berlioz, ce qui me sied comme un gant. En même temps, il y a dans ce concerto d'autres passages, parfois d'une virtuosité violonistique un peu trop appuyée à mon goût, qui me touchent un peu moins. Mais, globalement, c'est un concerto qui me plait bien même s"il ne figurera pas dans mon Top 13.

https://www.youtube.com/watch?v=0rn0iC60j-0

https://www.youtube.com/watch?v=5D3cwOUQIYs

https://www.youtube.com/watch?v=L0qImJyd6Fw

Suite paysanne hongroise pour flûte et piano, dans l'arrangement de Paul Arma en 1952 (l'origine étant les 15 chants paysans hongrois Sz 71 pour piano datés de 1918)



https://www.youtube.com/watch?v=LG8iQLc-ZQc

C'est pas mal. Après, il faut dire que j'ai toujours eu un petit faible pour la flûte

3 jours que je n'écoute que du Bartok, je crois que sa musique m'a envoûté

J'ai commencé par le concerto pour orchestre, puis la musique pour cordes, percu et celesta, et d'autres pièces symphoniques comme divertimento pour cordes, the miraculous mandarin, la cantate profane, le prince de bois, et d'autres, je suis vraiment captivé par cette musique.

Puis j'ai tenté d'aller vers les concertos pour piano, puis pour piano et percussions, puis violon, puis alto, c'est un sans faute, j'adore son univers sonore !

Je n'ai pas osé tester les quatuor à cordes car on tombe dans quelque chose qui a l'air assez éloigné pour le coup, et d'assez compliqué d'accès à ce que j'ai pu lire... Mais je testerai.

La_pendule a écrit:

Je n'ai pas osé tester les quatuor à cordes car on tombe dans quelque chose qui a l'air assez éloigné pour le coup, et d'assez compliqué d'accès à ce que j'ai pu lire... Mais je testerai.

Curieusement, lorsque j'avais plus ou moins ton âge, j'en avais l'intégrale (en microsillon bien sûr...pas en 78 tours )...Sans être mes quatuors de chevet (comme ceux de Beethoven, Mozart, Schubert, Dvorak etc) je les écoutais volontiers sans me forcer...
(Je ne me suis d'ailleurs jamais forcé à écouter des oeuvres qui ne passaient pas , constatant peu à peu qu'un jour -autre moment ou plusieurs mois ou années plus tard- elles "passaient" très bien ...et souvent mieux que çà!)...
Je les avais oublié (vendu tous mes microsillons et pas racheté en cd) ...et j'ai réalisé cet oubli il y a quelques mois, ou 2 a 3 ans et les ai racheté!...A mon grand désappointement ( ) je les ai trouvé cette fois très "ardus" et difficiles à passer!!
Je n'ai pas d' autres exemples... (en ce qui me concerne bien sûr!) de ce type de réaction
- ce qui est très différent d'une perte d'intérêt pour des oeuvres que j'ai beaucoup aimé et sans doute trop écouté...?

J'ai commencé à écouter Bartok grâce à la discothèque de prêt de la ville de Paris quand j'avais 18 ans. Les deux concertos pour violon. J'ai immédiatement "accroché". Puis, pour mon 20 e anniversaire (que c'est loin tout ça !), ma soeur m'a offert le couplage Musique pour cordes, percussion et célesta - Sonate pour deux pianos et percussion, là aussi, plaisir immédiat (les gens de ma génération ou plus vieux y reconnaissent les indicatifs de quelques émissions cultes de la télévision d'alors...) Enfin, grand moment avec l'intégrale en trois concerts Salle Gaveau des quatuors par le quatuor Végh. Les quatuors sont effectivement plus ardus, mais les VOIR interprétés est un spectacle fascinant. On en trouve plusieurs interprétations sur youtube. Les n° 4 et 5 sont pour moi parmi les sommets de la musique pour quatuor à cordes en général.