Un des bâtiments les plus connus au mode, et un symbole de l'Australie. Peut-être pas exactement un "haut-lieu" de la musique du fait de la relative pauvreté de la vie musicale du pays et du peu de renommée des orchestres locaux, mais un lieu incontournable malgré tout ! On doit sa conception à l'architecte danois Jørn Utzon, dont le projet, validé par les autorités urbaines en 1955, a fini par voir le jour en 1973.
Construit au pied du gigantesque Harbour Bridge traversant la baie de Sydney et à deux pas des somptueux Bonatic Gardens, cet opéra est l'une des réalisations architecturales les plus étranges qu'il m'ait été donné de visiter. Les drôles de coquillages superposés en céramique qui la composent s'intègrent parfaitement au paysage. De nuit, c'est assez impressionnant :
L'intérieur en grès rose est moins intéressant, et le hall d'entrée, sombre et bétonné, pas franchement joyeux. Je ne connais des différentes salles que le
Concert Hall de près de 3000 places, qui serait assez quelconque sans cet énorme orgue mécanique (le plus grand du monde paraît-il, avec ses 10,000 tuyaux) suspendu au-dessus du sol (et qu'on ne voit sur aucune de mes photos)
Lors de mon voyage en Australie l'été dernier, nous avons assisté quelques amis et moi à un concert dirigé par le comique et cabotin David Robertson. Y était donné le populaire
Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski avec Yefim Bronfman (caricature du pianiste russe, juif, virtuose et bedonnant) en soliste. Rien à dire sur l'interprétation (un peu plus sur l'œuvre en question mais ce n'est pas le sujet). Une belle étude de Chopin en bis. Deuxième partie du concert,
L'oiseau de feu de Stravinski, que j'entendais pour la première fois malgré ma connaissance par ailleurs solide de l'auteur
, et qui m'a assez impressionné je dois dire. Dommage que l'acoustique laisse autant à désirer (nous étions derrière la scène, mais juste à ses pieds, tous les musiciens nous tournant le dos, mais au moins l'on pouvait apprécier les mimiques du chef
). Le son du piano nous parvenait assez étouffé.
J'y suis retourné quelques semaines plus tard pour un concert donné par l'
Australian chamber orchestra qui avait invité pour l'occasion la délicieuse et tourneboulante Alina Ibragimova :
Au menu quelques contrepoints tirés de
L'art de la fugue de Bach, et qui ont validé une première impression que j'avais eu en en écoutant une version pour quatuor à cordes : cet ouvrage est un tel sommet que n'importe quelle distribution, avec des interprètes de qualité, saurait en rendre le génie, et en particulier les cordes. Quelques pièces de György Kurtag, piquantes mais d'un intérêt limité, des extraits de la
Suite lyrique d'Alban Berg dont la transcription pour orchestre à cordes n'affadit en rien le lyrisme et enfin les
Quatre saisons, dont l'audition m'a quelque peu réconcilié avec Vivaldi.
Un mot enfin sur le public, disons assez...spécial. A la fin de
L'oiseau de feu, mon voisin en jean-baskets qui m'avait semblé ne rien faire d'autre que se gratter les parties génitales pendant trois-quarts d'heures, m'a dit l'air enchanté "Hey dude, was kinda rockin', wasn't it ?" Il avait l'air proprement enchanté... Le deuxième concert était plus difficile à suivre, en raison de ce vieillard ronflant à mes côtés, qui m'a prodigieusement irrité. Je n'ai jamais entendu autant de quintes de toux, ni vu autant de gens rentrer dans la salle en pleine exécution. J'avais honte, et je n'ai pas pu profiter pleinement de la musique. Un concert du dimanche après-midi, où la bourgeoisie australienne vaguement cultivée s'est rendue parce qu'elle n'avait rien d'autre à faire, apparemment.