Opéra dans deux actes
Musique par Vincenzo Bellini
Texte en italien par Felice Romani, après jeu d'Isidore J.S. Taylor's, Bertram, ou Le pirate.
Première mondiale: Milan, alla Scala, 27 octobre 1827 de Teatro
Première américaine: 21 Octobre 2002
Les personnages:
Imogène (soprano) – La châtelaine. Elle avait été fiancée à Gualtiero, dont elle était profondément éprise, mais elle a été contrainte d’épouser Ernesto.
Gualtiero (ténor) – Ancien fiancé d’Imogène, un homme lunatique dominé par ses passions. De noble condition, il est devenu pirate, vivant dans l’espoir de revoir Imogène.
Ernesto (baryton) – Duc et seigneur du château, époux d’Imogène, c’est l’ennemi mortel de Gualtiero. Cruel et égoïste, il a forcé Imogène à l’épouser contre son gré.
Goffredo (basse) – Ancien tuteur de Gualtiero. Il est devenu ermite et vit dans une petite cabane sur la plage.
Le livret écrit pour Il Pirata s’inspire d’une pièce française, Bertram ou le Pirate, qui était elle-même une version d’une pièce anglaise intitulée Bertram. Cette dernière a été écrite par un vicaire irlandais, Charles Maturin, qui arrondissait ses fins de mois en écrivant des romans de cape et d’épée et des récits fantastiques. C’est l’un de ses amis, Walter Scott, qui a fait connaître au monde Bertram. Il a recommandé la pièce à Lord Byron, la qualifiant de « l’une de ces œuvres vouée soit à un succès énorme, soit à un glorieux rejet ». En tant que conseiller au Drury Lane Theater, Lord Byron a persuadé Edmund Kean, l’acteur le plus célèbre de l’époque, de jouer dans Bertram. La pièce était un parfait moyen pour Kean de démontrer sa capacité à interpréter la passion et la fureur surhumaines. Ce fut un énorme succès, qui correspondait parfaitement au goût du jour, porté sur le romanticisme.
Le protagoniste de Bertram est bien plus délirant et violent que le Gualtiero de Il Pirata et l’action de la pièce est beaucoup plus mélodramatique que dans l’opéra. Bertram commet un adultère avec le personnage d’Imogène, puis la pousse à tuer son propre enfant. Il rend également visite à un démon, et dans la scène finale il s’empare de l’épée d’un soldat pour se trancher la gorge. Dans son livret, Romani a coupé de nombreux passages scandaleux, faisant de son Gualtiero un personnage certes exalté mais toujours noble ; un rôle taillé sur mesure pour le ténor le plus célèbre de l’époque, Rubini. Il Pirata a introduit dans l’opéra italien de son temps la figure du héros romantique, torturé, noble, créatif, incapable de résister à ses passions. En outre, l’aria finale d’Imogène constitue la première grande scène de folie du bel canto et représente un modèle pour des scènes semblables dans Lucia di Lammermoor et Anna Bolena.