Alma Maria Mahler (1879-1964)

Alma Maria Mahler (Vienne, 31 août 1879 – New York, 11 décembre 1964) fut successivement la femme de trois des plus grands artistes de leur temps : le compositeur Gustav Mahler, l'architecte Walter Gropius et le romancier Franz Werfel.

Fille du peintre paysagiste Emil Jakob Schindler (1842-1892) et de sa femme Anna von Bergen (1857-1938), Alma grandit dans un milieu privilégié à Vienne. Parmi les amis de son père, on comptait Gustav Klimt, à qui elle aurait donné son "premier baiser". Jeune femme, elle fréquenta quelques-uns des éminents personnages de Vienne, dont Klimt, le directeur de théâtre Max Burckhard et le compositeur Alexander von Zemlinsky avant d'épouser en 1902 Gustav Mahler, âgé de vingt ans de plus qu'elle. Elle eut deux enfants avec lui, Maria Anna (1902-1907), qui mourut de la scalartine ou de la diphtérie, et Anna (1904-1988) qui plus tard allait devenir sculpteuse. En se mariant avec Mahler, il était convenu qu'elle devrait abandonner ses propres aspirations artistiques en musique et peinture. Frustrée, elle s'engagea dans une relation extra-conjugale avec l'architecte du Bauhaus Walter Gropius. Mahler eut, notamment, une consultation avec le docteur Sigmund Freud au sujet des causes de l'échec de leur relation. Lorsque Mahler meurt en 1911, Alma épouse Gropius.

Cependant, leur mariage était tumultueux. Pendant deux ans, Alma fut la maîtresse d'Oskar Kokoschka, qui notamment peignit sa fameuse toile "La fiancée du vent" pour représenter leur amour. Effrayée par la passion qu'elle lui évoquait, Alma quitta Kokoschka pour le romancier Franz Werfel, et tomba enceinte de lui alors qu'elle était toujours mariée à Gropius. Elle divorça donc et épousa Werfel en 1929, mais leur enfant, Martin Carl Johannes, nacquit prématurément et mourut à l'âge de dix mois. La fille d'Alma et de Gropius, Manon (née en 1916), mourut de la polio en 1935, à l'âge de 18 ans. Le compositeur Alban Berg écrivit son concerto pour violon "A la mémoire d'un ange" en son honneur.

En 1938, Alma et Werfel durent fuir l'Anschluss et se réfugièrent en France. Mais l'invasion et l'occupation de la France par les Allemands les contraignirent à fuir à nouveau. Avec l'aide du journaliste américain Varian Fry à Marseille, ils fuirent le régime nazi après un périple à travers les Pyrénées vers l'Espagne puis le Portugal d'où ils s'embarquèrent pour New York. Ils s'installèrent finalement à Los Angeles, où Werfel connut le succès lorsque "Le Chant de Bernadette" fut adapté au cinéma, avec notamment Jennifer Jones. Après la mort de Werfel en 1945, Alma retourna à New York où elle fut un acteur culturel majeur jusqu'à sa mort en 1964.

Alma et Kokochka

L'histoire de sa vie a été adaptée au cinéma dans le film de Bruce Beresford "La fiancée du vent" et fut également l'objet d'un best-seller de Françoise Giroud.)

Il est vrai que sa vie est un véritable roman.
Elle était également compositrice d'une centaine de mélodies pour voix et piano.
La plupart on disparu mais il nous en reste 14 réunies en trois recueils.

Liste des Lieder :


En 1910 cinq Lieder sont publiés :

Die stille Stadt, (Richard Dehmel)
In meines Vaters Garten, (Otto Erich Hartleben)
Laue Sommernacht, (Gustav Falke)
Bei dir ist es traut, (Rainer Maria Rilke)
Ich wandle unter Blumen, (Heinrich Heine)


En 1915 quatre Lieder sont publiés :

Licht in der Nacht, (Otto Julius Bierbaum)
Waldseligkeit, (Richard Dehmel)
Ansturm, (Richard Dehmel)
Erntelied, (Gustav Falke)


En 1924 cinq autres Lieder sont publiés :

Hymne, (Novalis)
Ekstase, (Otto Julius Bierbaum)
Der Erkennende, (Franz Werfel)
Lobgesang, (Richard Dehmel)
Hymne an die Nacht, (Novalis)


En 2000, deux nouveaux Lieder furent publiés (Susan M. Filler, Hildegard Publ. Comp., Bryn Mawr, USA)

Kennst du meine Nächte, (probablement de Rilke)
Leise weht ein erstes Blühn, (Rainer Maria Rilke)


Elle aurait composé une centaine de Lieder qui restent encore inédits. Ceux qui nous restent font preuve d'une originalité et d'une modernité très libres, qui les rendent extrêmement singuliers dans le répertoire du lied de cette époque