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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-08-20, 20:09
Après avoir écouté la partition pour orchestre très épique que Carolin Petit composa pour le documentaire animalier de Laurent Frapat, Chroniques de l'Amazonie sauvage, je me suis une nouvelle fois penché sur la musique de feu et de soleil qu'Ernesto Cavour composa pour le film japonais de Yoichi Higashi, The river with no bridge/La rivière sans pont. Contrairement à l'approche de Carolin Petit qui conserve une facture essentiellement occidentale et classique, arborant très rarement des couleurs locales, celle d'Ernesto Cavour chante les louanges musicales de la Bolivie avec une ferveur qui fait plaisir à entendre. C'est assez étonnant sur un film japonais dont l'action ne semble pas forcément se dérouler quelque-part en Amérique du Sud: <<Adapté du roman épique de Sue Sumii, ce film parle du «eta» ou du «burakumin», des personnes ethniquement japonaises mais définies dans les périodes féodales comme «impures» et «non humaines». La façon dont ils vivent, la façon dont ils sont traités et la façon dont ils se lèvent pour leurs droits.>> Il y a très certainement un rapport et il me faudrait voir ce film au sujet très intéressant par ailleurs. J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de la musique du compositeur argentin Gustavo Beytelman sur le fil approprié, notamment au travers de sa musique du film Corps Perdus d'Eduardo de Gregorio et de pièces pour bandonéon et quatuor à cordes réunies sous le titre Clasico y moderno qui m'étaient jusqu'ici inédites. Mais je ne vous ai pas encore parlé d'une musique et d'un film qui me tiennent à coeur et m'émerveillent depuis très longtemps. Le film est de Costa-Gavras et s'intitule Etat de siège avec Yves Montand dans le rôle principal. La musique est signée Mikis Theodorakis et est interprétée par le groupe instrumental Los Calchakis°°. La partition de Theodorakis rythme avec brio les troubles et les crimes politiques dans un Uruguay gouverné par un état brutal n'hésitant pas à pratiquer la torture et le meurtre. Elle porte l'élan de la révolution et de la liberté, écrite par un homme qui a lui-même été confronté à la torture et la dictature dans son propre pays.
°°Los Calchakis fut créé en 1960 par Hector Miranda.
Dernière édition par Icare le 2017-08-20, 21:00, édité 1 fois
Icare Admin
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-08-20, 20:39
Instant musical 3:
https://www.youtube.com/watch?v=Lmv4xm3uTL8
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-08-21, 18:55
Petite piqûre de rappel (Wikipédia):
Ernesto Rafael Guevara (né le 14 juin 1928 à Rosario, Argentine – mort le 9 octobre 1967 à la Higuera, Bolivie), plus connu comme « Che Guevara » ou « le Che » est un révolutionnaire marxiste et internationaliste argentin ainsi qu'un homme politique d'Amérique latine. Il a notamment été un dirigeant de la révolution cubaine, qu'il a théorisée et tenté d'exporter vers d'autres pays. Alors qu'il est jeune étudiant en médecine, Guevara voyage à travers l'Amérique latine, ce qui le met en contact direct avec la pauvreté dans laquelle vit une grande partie de la population. Son expérience et ses observations l'amènent à la conclusion que les inégalités socioéconomiques ne peuvent être abolies que par la révolution. Il décide alors d'intensifier son étude du marxisme et de voyager au Guatemala afin d'apprendre des réformes entreprises par le président Jacobo Arbenz Guzmán, renversé quelques mois plus tard par un coup d'État appuyé par la CIA. Peu après, Guevara rejoint le mouvement du 26 juillet, un groupe révolutionnaire dirigé par Fidel Castro. Après plus de deux ans de guérilla durant laquelle Guevara devient commandant, ce groupe prend le pouvoir à Cuba en renversant le dictateur Fulgencio Batista en 1959. Dans les mois qui suivent, Guevara s'installe dans la prison de La Cabaña. Il est désigné procureur d'un tribunal révolutionnaire qui exécute plus d'une centaine de policiers et militaires du régime précédent jugés coupables de crimes de guerre. Puis il crée des camps de « travail et de rééducation ». Il occupe ensuite plusieurs postes importants dans le gouvernement cubain qui écarte les démocrates, réussissant à influencer le passage de Cuba à une économie du même type que celle de l'URSS, et à un rapprochement politique avec le Bloc de l'Est, mais échouant dans l'industrialisation du pays en tant que ministre. Guevara écrit pendant ce temps plusieurs ouvrages théoriques sur la révolution et la guérilla. En 1965, après avoir dénoncé l'exploitation du tiers monde par les deux blocs de la guerre froide, il disparaît de la vie politique et quitte Cuba avec l'intention d'étendre la révolution. Il se rend d'abord au Congo-Léopoldville, sans succès, puis en Bolivie où il est capturé et exécuté sommairement par l'armée bolivienne entraînée et guidée par la CIA. Il existe des doutes et de nombreuses versions sur le degré d'influence de la CIA et des États-Unis dans cette décision. Après sa mort, Che Guevara devient une icône pour des mouvements révolutionnaires du monde entier, mais demeure toujours l'objet de controverses entre historiens, à cause de témoignages sur des exécutions d'innocents mais contestées par ses biographes. Un portrait de Che Guevara réalisé par Alberto Korda est considéré comme l'une des photographies les plus célèbres au monde.
Che Guevara, ce révolutionnaire argentin controversé a, de toute évidence, inspiré de nombreux cinéastes. A mon niveau de connaissance, j'en retiens principalement deux, celui de Richard Fleischer (Che! - 1969) avec Omar Sharif dans le rôle du révolutionnaire argentin , mis en musique par Lalo Schifrin et, bien plus récemment, vers 2008, le film de Steven Soderbergh, avec Benicio del Toro dans le rôle de Che Guevara. La musique est signée Alberto Iglesias. Je ne connais aucun des deux films ou plutôt je ne les connais qu'au travers de leurs bandes originales respectives, ce qui est assez dommage dans la mesure où le sujet m'intéresse beaucoup. Les deux approches musicales sont en tout cas très différentes, mais je pense les apprécier presque autant l'une que l'autre. La plus ancienne est très enlevée, privilégiant les couleurs et les rythmes locaux dans une veine purement schifrinienne. S'y invite l'excellent guitariste argentin Juanjo Dominguez. Le duo final avec Lalo Schifrin au piano et qui porte le titre de "Che!" est un pur joyau, un délicieux moment de complicité entre deux musiciens exceptionnels. J'en oublie même le thème du film, qu'il s'agit d'une musique écrite pour l'image: j'entre dans une autre dimension. La partition d'Alberto Iglesias offre tout autre chose. La musique est beaucoup plus atmosphérique et cérébrale. Les couleurs locales y sont subtilement diluées ci & là. On n'est plus dans l'ambiance d'une révolution festive et va-de-l'avant qui promet un monde nouveau et meilleur, davantage dans un drame musical réfléchi et réaliste, qui laisse pressentir une fin tragique; la mort brutale d'une icône controversée et si "cinématographique".
Icare Admin
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-08-21, 22:09
Che! façon LALO SCHIFRIN:
https://www.youtube.com/watch?v=rj-tf14eZmQ
Icare Admin
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-08-21, 22:16
Che, façon Alberto Iglesias:
https://www.youtube.com/watch?v=dhwX_TIeAV8
Icare Admin
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-08-21, 22:32
L'action se passe au XIXème siècle dans un pays fictif d'Amérique du Sud, le Costaguana, et principalement dans la ville de Sulaco. Le cœur de l'intrigue de Nostromo est la mine d'argent de San Tomé dont hérite au début du roman Charles Gould, descendant d'une lignée d'Anglais expatriés au Costaguana. Désireux d'établir un règne de justice et de paix dans un pays troublé par des révolutions continuelles, Charles Gould consacre toute son énergie à la prospérité de la mine. Celle-ci semble garantie par le régime d'un président modéré, Ribiera, plus ou moins institué par Gould lui-même. Mais cette stabilité politique s'effondre avec la tentative de prise de pouvoir par les frères Montéro, hommes sans noblesse et brutaux. Après la défaite du parti blanco (parti des notables ralliés à Ribiera) devant Pedro Montéro, le pays tombe dans le chaos. Les notables de la ville confient alors le soin de mettre le trésor de la mine en sûreté à Nostromo, marin italien devenu capitaine des cargadores du port (dockers), accompagné de Martin Decoud, fils d'une famille aristocratique. Nostromo et Decoud parviennent à sauver le trésor du naufrage de leur barque et le cachent sur une île, la Grande Isabelle, sous la garde de Decoud. Nostromo, homme loyal et courageux, réalise par la suite le plan de Decoud : solliciter l'aide d'un général, Barrios, pour reconquérir Sulaco occupée par les partisans de Montéro et proclamer l'indépendance de Sulaco. Des années plus tard, nous retrouvons Sulaco, prospère et stable. C'est alors un second roman qui commence, centré sur la personnalité de Nostromo. Après le suicide de Decoud – dont le pessimisme n'a pas résisté à l'épreuve de la solitude sur la Grande Isabelle – Nostromo s'est emparé de l'argent de la mine. Esclave de son trésor, incapable de réaliser son amour pour une jeune fille, Gisèle, à la sœur de laquelle il est fiancé, Nostromo meurt, tué par leur père qui dans la nuit l'a confondu avec un prétendant indésirable.
Le roman de Joseph Conrad a été porté au petit écran par Alastair Reid (1995/96) sur une superbe musique d'Ennio Morricone. L'intrigue se situe dans un pays imaginaire en 1880, le Costaguana, en Amérique du Sud. Le tournage eut lieu en Colombie. Le compositeur y emploie une flûte particulière appelée caval ou kaval, brillamment interprétée par Teodossi Spassov.
Dernière édition par Icare le 2017-08-21, 22:48, édité 1 fois
Icare Admin
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-08-21, 22:46
The tropical variation - Ennio Morricone - kaval (suite-montage):
https://www.youtube.com/watch?v=Zp6k-oTW5jo
Icare Admin
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-08-25, 11:52
Mon cycle autour de la musique de film ayant un lien avec l'Amérique latine s'est poursuivi avec une touchante composition de Jorge Arriagada (compositeur chilien) pour le film d'Orson Welles; It's all true dont l'action semble se situer surtout au Brésil. Ensuite, je me suis remis HAVANA et Milagro de Dave Grusin. Le premier est un film de Sydney Pollack et c'est justement par cette collaboration et cette B.O. que j'avais découvert ce très bon compositeur qui est aussi un très bon musicien de jazz. Dans HAVANA, il invite notamment l'excellent trompettiste de jazz Arturo Sandoval. Cette B.O. est vraiment une petite merveille de jazz latiné avec de délicieux petits moments de romantisme. Puis, ce fut le tour d'Astor Piazzolla qui a aussi composé pour l'image, bien que ce ne fut pas son activité première. Je retiens d'irrésistibles mélodies mélancoliques pour le Enrico IV de Marco Bellocchio, grand réalisateur italien qui collabora avec d'autres musiciens intéressants tels qu'Ennio Morricone, Riccardo Giagni et Carlo Crivelli, mais aussi ce qu'il composa pour le film de Helvio Soto; Il pleut sur Santiago. La particularité de cette approche musicale c'est que Piazzolla semble y "popiser" son propre style, un peu comme le fit Mikis Theodorakis sur Z de Costa-Gavras. D'ailleurs, il s'agit de deux films politiques, le premier semblant même, dans la forme du moins, s'inspirer du second, même si biensûr les histoires qui y sont traitées sont différentes: Il pleut sur Santiago relate l'assassinat de Salvatore Allende au Chili et l'ascension au pouvoir du terrible Pinochet par le biais de ceux qui, souterrainement, se battent pour que ça n'arrive pas. Je compte revoir ce film aujourd'hui. J'ai ensuite quitté Astor Piazzolla, le roi argentin du bandonéon, pour Ennio Morricone et une envolée vers le monde des truands au Brésil, grâce à la musique du film de Giuliano Montaldo; Ad ogni costo/Le carnaval des truands (1967). La musique est festive, ensoleillée, parfois ironique ou grotesque...notamment dans son thème d'ouverture "Punto e basta". Que du bonheur! Mon cycle va alors s'achever sur Forest of the Amazon de Heitor Villa-Lobos avec la participation de la célèbre soprano Renée Fleming. Je ne pouvais envisager meilleure conclusion.
Icare Admin
Nombre de messages : 17345 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-08-25, 13:08
Forest of the Amazon en concert!:
https://www.youtube.com/watch?v=XtQjyY8pZ80
dadid
Nombre de messages : 1 Age : 57 Date d'inscription : 02/12/2017
Sujet: KING of KINGS - nouvel enregistrement... peut-être ! 2017-12-02, 16:25
Bonjour, je ne sais pas si l'information a été relayée ici, alors j'attire votre attention sur ce projet ambitieux : la restauration et le réenregistrement intégral de la musique écrite par Miklos Rozsa pour le film Le Roi des Rois(KING OK KINGS, 1951).
Le Producteur James Fitzpatrick est un passionné, qui avec sa société Tadlow Music a déjà financé sur fonds propres des aventures similaires pour d'autres classiques de Rozsa (Ben-Hur, Le Cid, Le voleur de Bagdad, Quo Vadis?, La vie privée de Sherlock Holmes...) ou d'autres compositeurs (Lawrence d'Arabie, Exodus, Paris brûle-t-il, Le crépuscule des aigles et d'autres...) Ceci a permis non seulement de pouvoir réentendre ces œuvres intégralement dans une qualité sonore moderne, de découvrir des parties de ces musiques jamais entendues, mais aussi de reconstituer l'ensemble des partitions pour orchestre - et ainsi de pouvoir, par exemple, les jouer en concert. Mais ces projets ne sont plus rentables : ce réenregistrement de King of Kings avec le City of Prague Philharmonic Orchestra et ses chœurs coutera un peu plus de 80.000£. Tadlow en financera la moitié de sa poche, et lance un Kickstarter en complément... Il ne reste que 30 jours pour réunir la somme !
Les amateurs de musique de l'age d'or d'Hollywood et de Rozsa semblent se faire rares, ou alors l'info ne passe pas, alors faites la circuler et surtout soutenez ce nouveau projet si vous en avez la possibilité: sans nous il n'existera pas, et un échec ne pourrait que décourager toute nouvelle tentative.
je ne peux pas poster de lien pour le moment, mais il vous suffit d'aller sur kickstarter.com et de rechercher king of kings !
Icare Admin
Nombre de messages : 17345 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-12-02, 17:19
Bienvenue Dadid et merci pour cette excellente nouvelle que je vais reproduire sur le topic de Miklos Rozsa que j'avais ouvert ici il y a quelques années, dans la rubrique "compositeurs" étant donné qu'il a aussi composé des oeuvres extra-cinématographiques, pour le concert.
Anouchka
Nombre de messages : 8219 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-12-02, 20:27
Bienvenue à toi, Dadid !
Juste pour dire sur ce fil, comme Icare vient de faire un cycle assez phénoménal autour du hautbois, la petite énigme que je posais sur ce célébrissime concerto pour hautbois de Marcello (musique baroque)...., c'est une partie de la musique du "Professionnel", film de Georges Lautner avec notre cher Belmondo.... (voir extrait sur le fil hautbois). A bientôt !
Aldebaran a écrit: il s'agit de la transcription par Bach lui-même pour le clavier de l'Adagio du concerto pour hautbois en ré mineur de Marcello (c'est cela sauf qu'évidemment on entend d'autres instruments, dont le hautbois). Admirable musique de Morricone, par ailleurs (on en a déjà parlé, je ne sais plus où !).
Icare Admin
Nombre de messages : 17345 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Musique de film 2017-12-14, 09:02
Anouchka a écrit:
Ils ont tous fait ça, les compositeurs de BO (y compris Morricone, on en avait parlé aussi, et Desplat, etc..). Ca doit être dans leur subconscient, une certaine mélodie leur revient....
Ce n'est pas propre qu'aux compositeurs de B.O., même les compositeurs classiques et même les plus grands l'ont fait ou ont pu emprunter des mélodies dans différents folklores qu'ils ont réarrangés ensuite à leur sauce. Au cinéma, ce n'est pas étonnant et les compositeurs que tu cites sont aussi des personnes qui ont une très grande culture musicale en eux. C'est pour cette raison d'ailleurs qu'un compositeur comme Ennio Morricone a toujours su, dès que le cinéma lui permettait, s'extraire de la forme classique afin de tenter des choses plus originales et audacieuses; il suffit d'écouter des missiles tels que L'Attentat et Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, histoire de ne citer que ces deux titres alors qu'il en existe encore "de plus en rupture avec la tradition classique". Ennio Morricone a été, lui-même, beaucoup emprunté et même plagié, l'est encore aujourd'hui, par un compositeur comme Christopher Slaski par exemple, mais il y en a d'autres. Moucha et Desplat sont déjà des compositeurs qui écrivent pour l'image une musique plus archaïque et moins audacieuse, mais ils sont face à des impératifs qui obligent souvent un certain archaïsme et une certaine "mièvrerie artistique". Lorsqu'un compositeur s'aventure dans une écriture symphonique proche des Romantiques comme va parfois lui inspirer un film ou selon la volonté du réalisateur auquel il faut impérativement plaire , les références et les emprunts seront inévitables. Si, en revanche, il compose une partition entièrement atonale, les références,pour la plupart des gens, seront sans aucun doute plus difficiles à déceler, ce qui ne veut pas dire qu'elles n'existent pas. Chez des Morricone, Schifrin, Quincy Jones, Goldsmith, Takemitsu..., on peut aisément accepter leurs emprunts et références, car il y a eu parallèlement beaucoup d'audace et de pure créativité chez eux au service du Septième Art: ont-ils réussi à élever la musique de film à un certain niveau artistique dès qu'ils en avaient l'opportunité, seulement, aujourd'hui, ce n'est plus le cas avec les compositeurs actuels qui dépassent rarement le facteur "sympathie". Ce n'est pas seulement l'imagination des compositeurs qui est à remettre en cause, mais un ensemble de paramètres. Les plus ou moins jeunes générations de compositeurs d'aujourd'hui, ceux qui sont cultivés, n'ont pas seulement une culture classique, ils connaissent aussi la musique de film de leurs aînés, du moins celle des plus marquants d'entre eux. Le subconscient n'est pas le seul à jouer un rôle. L'emprunt peut être délibéré, voulu par le compositeur ou le réalisateur sur telle ou telle scène de son film. Les "musiques temporaires" utilisées par beaucoup de réalisateurs dans leurs films avant de faire appel à une partition originale jouent aussi une influence pas toujours heureuse sur ceux-ci. Il y a beaucoup à dire pour expliquer à quel point la composition pour l'image est un art particulier mais bien réel qui fait de la musique appliquée une expression artistique qui n'obéit pas aux mêmes lois ni aux mêmes exigences que la musique absolue. C'est un art à part, peut-être pas à part entière, mais à part.
Kristian
Nombre de messages : 1364 Age : 81 Date d'inscription : 18/11/2016
Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-12-14, 19:25
Icare a écrit:
Il y a beaucoup à dire pour expliquer à quel point la composition pour l'image est un art particulier mais bien réel qui fait de la musique appliquée une expression artistique qui n'obéit pas aux mêmes lois ni aux mêmes exigences que la musique absolue. C'est un art à part, peut-être pas à part entière, mais à part.
Dieu que tu as raison
Bien que très sensible à la musique de film, je ne m'y suis jamais intéressé, non pas par dédain, mais parce que je considère que c'est un art en soi et que j'ai assez d'intérêts comme cela sans en ajouter un de plus à mon arc. Il est bien évident que la musique de film, du fait qu'elle est liée à l'image et au scenario, n'est pas totelement autonome – et ce mot n'a pas le moindre caractère péjoratif sous ma plume (en forme de clavie )
Comme j'aime bien le cinéma mais n'en suis pas fana, je préfère laisser la musique de film à ceux qui, comme toi, semblent se passionner pour les deux . Ce qui ne m'empêche nullement de la goûter lorsqu'elle arrive à mon oreille. Je m'y intéresserai sans doute davantage dans une autre vie...
Anouchka
Nombre de messages : 8219 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-12-15, 00:47
Merci Icare, tu as très bien expliqué tout cela. Je pense que "surnagent" les doués et créatifs comme tu le dis, finalement... Un Desplat, un Moucha, pour ne reprendre qu'eux que j'ai cités mais il y en a bien d'autres, ce sont des "imprégnés" de musique absolutissimo, et il y aura toujours un talent réel dans leurs BO.... Je vous ai cité Moucha sur son fil hier, parce que même si la BO se veut un peu "populaire", elle est quand même sophistiquée (je ne vous ai envoyé que le générique qui est donc inspiré de la symphonie de Schumann, mais le reste, si on a l'oreille musicale, est vraiment très bien écrit, sans aucune facilité). Comme je l'avais déjà dit sur un autre fil, j'avais trouvé la BO de "Casanova" , de Desplat, magnifique car extrêmement difficile, d'ailleurs il s'était fait aider d'un spécialiste de musique baroque et le résultat est époustouflant (j'ai et le DVD, et la BO qui mérite une écoute à elle seule). En ce moment, je regarde la saison 2 de "The crown" (la vie de la reine Elisabeth II), et je trouve la musique plutôt bien ! On fait des efforts sur les séries haut de gamme, quand même....!!! Nous mentionnions Steph et moi, la série "Versailles" sur le fil "l'Allée du Roi".. : série qui plait ou non, j'ai des avis divers et vive la différence. Mais la musique est assez impressionnante, un mélange subtil de musique baroque et musique moderne, sans que cela "heurte". Nous reparlerons de tout cela... Un truc qui me revient.. : "Star wars" est le "hit" absolu -mes petit-enfants sont complètement fanas-, le number "8" vient de sortir..., et je me demande si c'est le même compositeur qui a continué !!!!
Anouchka
Nombre de messages : 8219 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-12-15, 00:54
Icare, "je suis sciée" !!! C'est toujours John Williams !!! Je n'ai pas eu le temps vu l'heure, d'aller voir les vidéos YT qui bien sûr sont déjà présentes. Quelle musique !! J'adore...
Icare Admin
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-12-15, 10:32
Sur l'avant-dernier Star Wars - Rogue One, ce n'était pas John Williams mais Michael Giacchino. J'ignorais même que Williams avait repris les commandes sur ce huitième volet! N'étant pas fan de cette saga même si je les ai presque tous vus - pas plus d'une fois - (plus pour faire plaisir à ma fille avec l'envie de partager quelque-chose qu'elle aime ensemble), je ne suis donc pas tout ça à la loupe. J'avais quand même vu Rogue One au cinéma afin d'accompagner mes deux derniers et toute cette surenchère visuelle et sonore n'avait pas réussi à m'émouvoir ni à m'interpeller d'une manière ou d'une autre. Je n'irai donc pas voir le Huitième. La science-fiction n'est pas mon domaine de prédilection, surtout pas les films comme Star Trek ou Star Wars qui vous enferment complètement dedans. Quand vous entrez dans ces films, vous baignez intégralement dans un univers de science-fiction, le corps et l'esprit, et j'avoue que cette immersion totale ne me comble que rarement. C'est un genre qui a ses nombreux adeptes mais c'est un cinéma qui ne correspond pas vraiment à ma sensibilité. J'ai malgré tout un film de science-fiction de chevet et de référence et vous allez comprendre pourquoi: Rencontre du troisième type de Steven Spielberg. C'est sans doute parce que ce film a seulement la tête dans les étoiles et les deux pieds bien fixés au sol. L'immersion n'est jamais totale, au contraire: la partie "fiction" transcende la partie "réelle", tout comme la partie "réelle" crédibilise la partie "fiction". Ce n'est sûrement pas un hasard si la musique que John Williams composa pour ce film me touche davantage que tout ce qu'il composa pour Star Wars. Elle est justement, et de manière très habile, le point de liaison et non de rupture de ces deux mondes qui se télescopent.
Anouchka
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2017-12-17, 22:37
Icare a écrit:
Rogue One au cinéma
Tu n'as pas eu de bol, parce que de "l'avis quasi-général", c'est le moins bon de toute la saga, la preuve, il ne porte pas de numéro. Là, c'est le "8" qui vient de sortir, musique John Williams donc, et mes filles et le clan qui l'ont vu hier à Montpellier, ont trouvé ça très bien (pas le même niveau que les "6 premiers", évidemment.. Moi, tu vois, ça me touche, j'aime la science-fiction, tant qu'on n'est pas dans des "monstres horribles".. Le Jedi, le personnage d'Annakine, Skywalker, Dark Wador, OK c'est manichéen (le bien, le mal) -encore qu'Annakine soit très ambigu-, mais ça m'amuse et me touche (en plus je regarde cela plein de fois avec mes petits). Effectivement, le film de Spielberg "Rencontres du troisième type", est un vrai chef d'oeuvre, mais là, on est dans une autre dimension...., moins "commerciale-marketing"..!! C'est comme "2001, l'odyssée de l'espace"..., film ancien mais alors, quelle classe, quel suspense, quelle musique !!!
Icare Admin
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2018-02-04, 19:12
Hier, j'ai entamé un nouveau cycle, celui-là étant entièrement dédié à la musique de film et plus précisément à la B.O. française. Je ne sais pas encore exactement les titres ni les compositeurs qui vont le constituer, toutefois, j'ai tenu à commencer par un disque intitulé Le Film Français qui réunit des musiques de films qui ont été composées entre les années quarante et cinquante. Je voulais démarrer par les compositeurs qui ont un peu effectué les premiers pas de la composition pour l'image en France. Le premier qui avait ouvert le pas, Le pionnier comme on dit, nous le savons tous ici, fut Camille Saint-Saëns qui, dès 1908, avait écrit une partition pour accompagner la projection de L'Assassinat du Duc de Guise. J'ai donc réécouté les deux suites pour orchestre d'Arthur Honegger tirées du film de Louis Cuny, Mermoz, la suite symphonique de Maurice Thiriet tirée du célèbre film de Marcel Carné, Les visiteurs du soir, "Images pittoresques beaujolaises" de Henri Sauguet, tiré du film de Pierre Chenal, Clochemerle et enfin une fresque musicale de Jean Françaix tirée du film de Sacha Guitry, Si Versailles m'était conté. Excepté Arthur Honegger qui est un immense à mon oreille et bien que Mermoz ne soit pas, à mon sens, son meilleur effort pour l'image, ce n'est pas ma génération de compositeurs préférée dans ce domaine - je suis davantage émotionnellement et intellectuellement lié à celle qui réunit des compositeurs comme Antoine Duhamel, Pierre Jansen, Maurice Jarre, Eric Demarsan, François de Roubaix ou encore Michel legrand. Cette préférence ne me rend cependant pas sourd sur la fantaisie et l'élégance très française d'un Jean Françaix que je préfère hors cinéma et que j'écoute régulièrement. Je ne suis pas sourd non plus à la gaieté musicale si finement exprimée par Henri Sauguet sur Clochemerle. En revanche, sûrement une lacune à combler, je ne connais rien de son oeuvre dite personnelle. J'ai failli m'intéresser à ses symphonies à une certaine époque mais ai-je dû être distrait par d'autres intérêts musicaux...?...Reste le meilleur de ce disque, le tout dirigé par Georges Tzipine, Les Visiteurs du soir de Maurice Thiriet. C'est ce que j'ai préféré sur ce disque avec la première suite de Mermoz de Honegger qui offre un beau rôle à la trompette solo. Suite à cela, j'ai sauté plusieurs générations avec L'outremangeur, un film de Thierry Binisti et une musique de Nicolas Errera. C'est un autre style, plus "pop" et moins classique, qui invite d'autres techniques, notamment un apport de l'électronique dans un contexte plus répétitif et minimaliste, un trio de jazz afin d'enraciner le polar, car c'est un polar, dans sa réalité urbaine, puis une touche de lyrisme et de mélancolie dès le thème principal.
Anouchka
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2018-02-05, 20:12
Merci Icare, voilà un excellent topic ! Par contre, je ne suis pas très experte en "vieux films", mais je m'y mets et mon mari est un grand cinéphile tous azimuts... J'adore certaines BO cultissimes ... Et je trouve que justement quelques unes des toutes dernières années sont extrêmement belles, dont des japonaises.. Il me revient que sur la série récente "Guerre et Paix", la BO était sensationnelle . A suivre...
Anouchka
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2018-02-05, 22:43
"Guerre et Paix" (BO magnifique, je le redis, ainsi que la super série ! Magnifiquement mise en scène et interprétée). c'est Martin Phipps. Né dans un milieu musical, filleul de Benjamin Britten, il a commencé par faire des études théâtrales à l'Université de Manchester. Il écrit pour la BBC depuis 1994, mais c'est à partir de Eureka Street en 1999 que sa musique commence à vraiment être remarquée. Ont ensuite été particulièrement appréciées la musique originale de North and South en 2004 et surtout celle de The Virgin Queen en 2005, puisqu'elle a reçu le Ivor Novello Awards de la meilleure bande-son. Plus récemment, il a composé la musique des téléfilms Persuasion (2007) et Raison et Sentiments (2008). Il a été nommé aux British Academy Television Awards en 2009 pour cette dernière et récompensé pour Wallander. Il a reçu le même BAFTA de la meilleure musique originale de télévision en 2010 pour Small Island. il a aussi composé des musiques de films, comme The Flying Scotsman (2006) et Harry Brown (2009). Sa musique, qui relève de lamusique minimaliste, souligne l'aspect émotionnel de l'œuvre qu'elle illustre. Elle est considérée comme inventive et constamment novatrice1. Il a été couvert de récompenses et composé beaucoup pour les films et séries britanniques des dernières années.
Icare Admin
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Sujet: Misraki/Auric 2018-02-09, 14:32
Très, très sympa en effet!! Je ne connaissais pas.
Mon cycle autour des compositeurs français ayant consacré une grande part de leur énergie et imagination au service de l'image m'a amené à côtoyer à nouveau les musiques de ces noms talentueux qui jalonnent les génériques de films, séries, téléfilms, de générations différentes; Arthur Honegger, Maurice Thiriet, Georges Auric, Nicolas Erréra, Antoine Duhamel, Bruno Coulais, Krishna Lévy..., parmi ceux qui me viennent à l'esprit pendant que j'écris ces lignes. Par exemple, en ce matin enneigé, si beau sur les toits et les arbres et si abîmé sur les rues et les trottoirs, je fêtai (en quelque sorte) mes retrouvailles avec la musique de Paul Misraki: une compilation réunissant trois suites de durée correcte pour orchestre: Les Volets Clos/La Main à Couper/Juliette et Juliette, plus un thème court tiré de Un Meurtre est un Meurtre. Je ne vais pas entrer dans les détails de l'écoute - je préfère vous livrer un pur bavardage, n'ayant pas trop l'esprit à l'analyse en ce moment - si ce n'est que c'est toujours agréable de retrouver une fantaisie et un sens de la ritournelle qui nous plaisent, et Paul Misraki en regorge! Je fus ravi de retrouver son univers musical entre mélancolie et comédie, drame et légèreté. En fait, je fus surtout ravi de retrouver une personnalité musicale qui a sa particularité et à laquelle je suis de plus en plus attaché. D'un côté, j'ai l'impression de m'éloigner un peu de la musique de film et, de l'autre, la certitude de rester intellectuellement et émotionnellement très attaché à un certain nombre de créateurs oeuvrant dans ce domaine. Paul Misraki est de ceux-là! Même si je ne l'ai pas réécouté aujourd'hui, je suis toujours imprégné par un de ses nombreux thèmes qu'il a composé pour l'image: celui auquel je fais référence s'intitule "Essuie-Glace" et provient du film de Jean-Pierre Melville, Le Doulos. Ce morceau m'avait aussi bien marqué dans le film que sur disque. Sa concision n'affaiblit en aucun cas l'impact qu'il a sur moi. C'est-à-dire, qu'en dehors, sur disque, il conserve sa force évocatrice. C'est depuis ce film que j'adore les polars dont l'action se situe sous la pluie...C'est d'ailleurs ce que je reçois de la musique que Bruno Coulais composa, bien plus récemment, pour le film de Frédéric Schoendoerffer, Agents Secrets. A tort ou à raison. Je dis ça parce que je n'ai pas vu ce film, si ce n'est le début, les premières minutes, et j'ignore s"il y a des actions qui se passent sous la pluie...?...Je dis juste que la musique de Coulais, par ses mouvements, ses couleurs et ses ambiances, me permet d'imaginer de telles scènes...Je revois toujours, lorsque je la réécoute, l'essuie-glace balayer le par-brise d'une voiture comme si j'étais à l'intérieur...Il n'y a évidemment aucune comparaison objective à faire entre la partition de Bruno Coulais sur Agents Secrets et celle de Paul Misraki sur Le Doulos. La filiation que je fais entre les deux demeure très personnelle et donc très subjective. Toujours est-il que ce petit bout de musique qui semblera sans doute anecdotique à nombre d'oreilles, est devenu au fil du temps mon thème fétiche de Paul Misraki. Il situe objectivement son action dans une voiture et sous la pluie, subjectivement dans une rue déserte d'une grande ville, mais il y a aussi pour moi une indication de temps également subjective: l'aurore.
Je réfléchis beaucoup en ce moment au "thème fétiche" chez chaque compositeur de musiques de films que je suis ou ai plus ou moins suivi, un morceau comme ça qui, pour une raison ou une autre, devient le point de départ ou le point central de quelque-chose, ce qui fait que dès que je pense à untel, le "morceau fétiche" émerge d'emblée, se reconstruit dans ma tête comme par magie. Chez certaines personnalités musicales que j'adore, c'est plus difficile, peut-être parce qu'il y en a plusieurs qui pourraient faire figure de "morceaux fétiches". Je pense, par exemple, à François De Roubaix dont je viens d'écouter toutes les musiques qu'il composa pour les premiers épisodes de Commissaire Moulin. Si certains échantillons ont l'aspect de bricolages de studio, d'autres sont vraiment fameux, avec des sonorités cocasses et caractéristiques de leur auteur. D'ailleurs, le générique-début pourrait être ce "thème fétiche" tant le souvenir est tenace et la force évocatrice intacte. Le thème du film de Melville, Le Samouraï aussi.
Hier soir, j'ai réécouté Georges Auric. Cela peut surprendre mais il a pas mal composé pour le cinéma britannique et Rumon Gamba nous en a proposé, à la fin des années 90, un bel échantillon chez "Chandos". J'ai surtout une connaissance symphonique de l'oeuvre de Georges Auric, que ce soit par le biais de sa musique de film ou de ballet. J'ai bien eu entre les mains, il y a un certain nombre d'années, un 33 tours contenant sa musique de chambre, mais n'ayant plus aucun moyen de le réécouter, je n'en garde qu'un souvenir lointain, plutôt positif mais lointain. Rumon Gamba, avec le "BBC Philharmonic", a su rendre vie à la musique symphonique d'Auric, écrite pour le cinéma britannique. Colorée, vivifiante, tantôt douce et poétique comme certains passages de Caesar and Cleopatra, tantôt fanfaresque comme ce qui encadre la suite de It Always Rains on Sunday, sa musique ne tombe jamais à plat dans cette sélection quasi-parfaite. Chez Georges Auric, j'ai aussi mon "thème fétiche". Il ne s'agit pas de la célèbre mélodie qui illumine Moulin Rouge, sans doute le morceau le plus populaire du compositeur, mais d'un thème intitulé "La salle des Festins", tiré de son immense composition pour le film-culte de Jean Cocteau, La Belle et la Bête. Lorsque je pense à Georges Auric, je l'associe systématiquement à ce morceau-là, plus qu'à n'importe quel autre. Afin d'éviter tout malentendu, quand je parle de "morceau fétiche" chez un compositeur, je n'entends pas par là qu'il s'agit forcément du meilleur de celui-ci, je fais avant tout référence, au-delà d'un quelconque jugement de valeur, à un rapport très personnel entre ces morceaux musicaux et moi, une grande promiscuité avec mon propre imaginaire. La Belle et la Bête a connu un remake, mais la musique de Pierre Adenot, qui, par ailleurs, m'a davantage séduit sur des projets bien plus modestes, m'avait ici laissé de glace. Peut-être suis-je encore trop imprégné de celle, majestueuse, de Georges Auric.
Anouchka
Nombre de messages : 8219 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2018-02-10, 19:26
Coucou !, je suis en train de mettre un message sur le fil "Ennio Morricone"..., vous comprendrez pourquoi !
Anouchka
Nombre de messages : 8219 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2018-02-10, 19:34
P.S. : Je me suis fais un "petit trip" rapide sur certains clips que tu as envoyés Icare, et qui sont magnifiques. J'ai une petite tendresse pour "Etat de siège", musique de Theodorakis, avec Yves Montand.. Sans doute parce que j'adore les flûtes andines (et les percussions qui sont vraiment extraordinaires aussi). C'est d'une maîtrise et d'une fluidité étourdissantes.
Comme il y a eu sur Arte il y a quelques jours, un hommage à Lino Ventura (sur le superbe film "Le Silencieux"..), suivi d'un "hommage intime" (très beau reportage). Du coup nous sommes dans le "trip" des films de Ventura... Mon mari vient d'en télécharger trois, je ne sais pas sur quel compositeur... ("Le ruffian" "La grande menaçe" et "La septième cible".. ). De toute façon, on retrouve Morricone sur les films de Ventura, assez souvent, n'est-ce-pas ? Sur "Le clan des Siciliens", c'est sûr, mais je connaîs tellement le film par coeur que je vais un peu oublier .. (jusqu'à cet été !).
La musique du film "le Silencieux" :
Musique : Jacques Datin et Alain Goraguer - et l' "Ouverture pour une Fête académique", de Brahms. et concerto pour violon de JS Bach BWV 1042
(excusez-moi du peu..)
Icare Admin
Nombre de messages : 17345 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film. 2018-02-11, 19:00
J'avais ouvert un fil sur Alain Goraguer sur ce forum, juste ici. J'y parle de cette fameuse mélodie qui m'avait marqué lorsque j'avais découvert Le Silencieux, l'un des plus beaux rôles de Lino Ventura. J'avais été marqué par la profonde mélancolie de ce morceau également crédité à Jacques Datin.
Ennio Morricone a mis en musique trois films avec Lino Ventura dans le rôle principal. Par ordre chronologique: Le Clan des Siciliens de Henri Verneuil, Espion lève-toi d'Yves Boisset et Le Ruffian de José Giovanni. Je crois que Ventura avait été approché pour jouer le rôle principal de Revolver de Sergio Sollima, mais ça ne s'est pas fait. Donc trois en tout! Pas tant que ça. La grande menace a été mis en musique par Michael J. Lewis et La Septième cible par Vladimir Cosma.
Ennio Morricone a mis en musique un seul film avec Alain Delon; Le clan des Siciliens et quatre avec Jean-Paul Belmondo; Le Casse et Peur sur la ville de Henri Verneuil, Le Professionnel de Georges Lautner et Le Marginal de Jacques Deray.
Il a mis en musique six films avec Jean-Louis Trintignant; Metti una sera a cena d'Alberto Lattuada, Sans mobile apparent de Philippe Labro, Le Grand Silence de Sergio Corbucci, L'Attentat d'Yves Boisset, Le Secret de Robert Enrico et Le désert des Tartares de Valerio Zurlini. J'ai l'impression d'en oublier un septième avec Trintignant. Je crois que c'est La Banquière de Francis Girod. Voilà, je pense les avoir tous cités, sans en être complètement sûr...
Dernière édition par Icare le 2018-07-22, 16:50, édité 2 fois
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Sujet: Re: Discussions autour de la musique de film.