Snoopy Admin
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| Sujet: Arcadi Volodos, piano: Liszt 2007-05-10, 00:40 | |
| Arcadi Volodos, piano: Liszt (2006) par Carter Chris Humphray La virtuosité de Volodos n'est plus à démontrer. Mais quand l'agilité technicienne et l'aisance digitale se mettent au service de l'approfondissement poétique des partitions, l'interprète bouleverse la donne et délivre un témoignage premier dans la succession des épisodes lisztéens. Volodos ressuscite l'esprit et l'idéal musical de Liszt, entre esthétisme et mysticisme... Il y sème en défricheur totalement investi, une vision tissée de fulgurances secrètes, de violence et de rage, de splendeurs tues, murmurées qui en disent assez sur son éloquence ouvragée, son humilité aussi vis-à-vis des oeuvres abordées. C'est que jamais l'interprète n'utilise la musique pour asséner des effets de concertiste: nous sommes au contraire plongés dans la musique, au coeur du flot de confessions énoncés à demi mots, de révélations véhémentes et d'envolées célestes. Le faiseur de transcriptions déroutantes par leur complexité nous revient dans une Rhapsodie Hongroise n°13, d'une tenue impeccable et d'une mesure assumée. Il est vrai que la Prédication aux oiseaux qui précède parcourait les arabesques aériennes des volatiles non pas éduqués ni muselés mais portés jusqu'à l'extase par le sermon de leur saint initiateur: trilles éblouissantes, scintillantes et frémissantes, d'une articulation arachnéenne, toujours hissées dans la légèreté et la lumière. Liszt était un contemplatif, dans l'âme duquel résonnait la profondeur de l'infini, en somme un génie en quête d'éternité mais investi par le sentiment de l'humilité et de la culpabilité: c'est exactement ce que nous fait entendre un Volodos inspiré par l'idée du vide, du repli le plus intime qui déploie dans Funérailles, ou dans La lugubre gondole, tout le poids accablant de la perte, du deuil, du déchirement dont le quasi silence hurle son impuissante humanité. Au couleur de la gravité, Volodos ajoute cette articulation souveraine et une gestion du souffle, qui s'autorisent les contrastes les plus époustouflants. Voilà un Liszt bouleversant de grâce, de maturité et de simple vérité. Magistral! Franz Liszt (1811-1886) La Vallée d'Obermann Il Penseroso Saint-François: La prédication aux oiseaux Bagatelle sans tonalité Rhapsodie Hongroise n°13 Sposalizio "Weinen, klagen, Sorgen, Zagen", prélude d'après Bach Funérailles La lugubre gondole n°2 En rêve |
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