par Jean-Marc Goossens
Ecrire sur Mozart, c’est souvent prendre un risque. Aux dires d’André Tubeuf, l’auteur du présent ouvrage, c’est même « décourageant ».
On ne peut se permettre d’écrire sur un tel musicien, sans avoir la prétention d’apporter du neuf. Tout semble avoir été dit, quoique, au regard de toutes les nouvelles publications de cette année, apparemment non. André Tubeuf, philosophe et critique musical, veut, lui aussi, parler de cet être unique que tout le monde aime. Il choisit donc la biographie. Pour tout ceux qui connaissent par cœur le parcours légendaire du génial musicien, ils pourraient être découragés par ce choix. Ils auraient tort.
A peine commence t-on l’ouvrage, qu’on s’y accroche. D’une part par le style bref et précis, quasi poétique. Parfois, quelques mots seulement disent beaucoup. Par exemple : « Le requiem s’inachève ; et Mozart s’accomplit ». Car après tout comment expliquer l’inexplicable ? Les longues phrases pour décrire la musique sont bien souvent inutiles. André Tubeuf, au fil du voyage Mozartien, nous livre ses impressions. Sa pensée s’évade, sans jamais perdre le fil conducteur. A croire que tout est presque écrit d’un trait. On souhaiterait qu’il nous conte son histoire à haute voix.
Evidemment, comme toute biographie chez Mozart, l’enfance amorce l’ouvrage. Cette enfance miraculeuse, hors du commun, ne doit pas faire oublier l’adulte, lui aussi, exceptionnel. Contrairement à d’autres artistes, Mozart pourrait se vanter d’avoir vécu des débuts si riches que plus d’un quart du contenu de ses biographies, y est consacré. Puis Salzbourg, sa prison, Munich, Mannheim, la terrible épreuve parisienne, et Vienne, bien sûr, où Mozart se fixe pendant plus de 10 ans, pour y mourir si jeune.
Une vie si courte, mais tellement remplie d’événements. Jamais l’auteur ne nous ennuie. Pour la simple raison que la biographie n’est pas en continue. D’ailleurs les dates sont peu nombreuses. André Tubeuf, esquive le schéma biographique classique à l’aide d’interrogations philosophiques, qu’on pourrait considérer comme des interludes.
Ce livre fait partie des biographies agréables à lire, sans surcharge de détails inutiles. Le but n’est pas d’en faire l’histoire la plus complète, mais il est bon prétexte pour parler de son amour de Mozart. Un très bon moment de la littérature Mozartienne.
Un seul regret : toute la superbe iconographie illustrant le texte, qui constituait une grande part de l’ouvrage lors de sa parution en 1990 (chez Arthaud), a malheureusement disparu pour cette réédition au format de poche. Tant pis pour les yeux mais le bénéfice du texte quant à lui, est intact.