Snoopy Admin
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| Sujet: Timothée Picard, "Gluck" 2007-02-24, 11:36 | |
| par Adrien De Vries Gluck, est-il plus connu pour ses oeuvres lyriques et pour la réforme du théâtre tragique qu'il a imposé, de Vienne à Paris, ou pour les éternelles et insolubles questions esthétiques que ses ouvrages ont suscité? C'est cet aspect de la "question Gluck" à laquelle tente de répondre l'auteur. La question posée en ces termes et le parti critique ainsi délimité sont d'autant plus justes que les opéras du Chevalier restent aujourd'hui très peu joués. Faute de bons interprètes, probablement. Mais la raison n'en serait-elle pas d'ordre philosophique et esthétique? Les opéras de Gluck sont-ils aussi modernes qu'on le dit? Leur propos n'est-il pas un peu trop usé; leurs références, vétustes? Plus de deux siècles après leur création parisienne, les ouvrages du compositeur autrichien n'en finissent pas de susciter le débat... Qu'ont-ils apporté réellement au genre opéra? Ne les a-t-on pas surestimés? Citant abondamment Catherine Kintzler dont nous ne saurions trop recommander la lecture de son excellent ouvrage fondamental "Poétique de l'opéra français de Corneille à Rameau", (Minerve, 1991), sans égaler non plus, la science documentaire de la biographie, autre référence à cette heure, de Jacques-Gabriel Prod'homme ("Christoph Willibald Gluck", Fayard, 1985), le texte analyse l'enjeu du théâtre gluckiste, sa réception chez les théoriciens, philosophes et compositeurs à l'époque de Gluck. Derrière la question du théâtre gluckiste, se précisent les querelles esthétiques sur un genre qui n'a cessé de poser interrogations, susciter débats et guerres d'idées... En premier lieu, ses affinités avec la royauté ont paru suspectes. L'opéra de Gluck était l'opéra de Marie-Antoinette, devenu jeune Reine de France en 1774. A cela s'ajoute, le symbole des nationalités: Gluck, l'autrichien, est bientôt "opposé" à Piccinni, l'italien... Quand musique rime avec pouvoir: cabales, intrigues cachées, scandales ne sont jamais très loin. Sur le plan formel, Gluck orchestre la réforme de l'opéra français, de 1774 à 1779, d'Iphigénie en Aulide à Iphigénie en Tauride... Deux Iphigénie pour une révolution sans pareilles... qui au-delà des clivages partisans, animant les alcôves de l'opéra parisien, a fini par affirmer un modèle lyrique européen. Les témoins, polémistes passionnés, sont évoqués: Coqueau, Marmontel, Rousseau, comme les admirateurs et les détracteurs de Gluck, plus récents: Berlioz, Debussy... Au final, voici filés, l'évolution du goût, le contenu des idées prônées par les partis adverses, surtout, les clés de la réforme théâtrale engagée par Gluck sur la scène lyrique. Son oeuvre apporte une réponse aux critiques émises sur la scène héritière des canons anciens, lullystes et ramistes. Ailleurs, le portrait du compositeur est précisé sans apprêts: radical, pragmatique, près de ses sous (!). Et les questions concernant les points de sa réforme, dont les significations et les références d'ordre philosophique, social et politique, habilement synthétisées. En complément: chronologie de la carrière, indications discographiques, repères discographiques (où, au chapitre des opéras, "règnent" les chefs Minkowski et Gardiner). |
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