Nombre de messages : 27169 Age : 78 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Francis Dhomont (1926-2023) 2024-01-12, 09:41
Francis Dhomont (né le 2 novembre 1926 dans le 14e arrondissement de Paris et mort le 28 décembre 2023 à Avignon) est un compositeur français, pionnier de la musique électroacoustique et acousmatique qui a travaillé et enseigné en France et au Québec.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Francis Dhomont perd un œil, atteint par un glaucome. Il se met au piano pendant sa convalescence, se prend de passion pour la musique et décide alors de devenir compositeur. Dhomont étudie la composition avec Ginette Waldmeier, Charles Koechlin et Nadia Boulanger. Dans ses compositions pour instruments et voix de 1944 à 1963, il tente de « concilier modalité et atonalité ».
En 1963, il décide de se consacrer à la composition électroacoustique utilisant des sons naturels. Les performances publiques de sa musique se font selon la technique française de « diffusion » sur plusieurs haut-parleurs. Son travail se compose exclusivement de morceaux de bande utilisant des sons naturels ou « trouvés », explorant les interactions morphologiques et les ambiguïtés entre le son et les images qu'il peut créer. Il présente ses compositions en France et à l'étranger.
L'œuvre de Dhomont a remporté des prix internationaux, notamment au Concours international de musique électroacoustique de Bourges (France), au Prix Magisterium en 1988 et au Prix Ars Electronica en 1992 (Linz, Autriche). En 1997, en tant que lauréat du prix Lynch-Staunton du Conseil des Arts du Canada, il a reçu le soutien du programme Artists-in-Berlin du DAAD pour une résidence à Berlin. Il a reçu une bourse de carrière du Conseil des arts et des lettres du Québec.
Dhomont a été rédacteur en chef de plusieurs revues de musique électroacoustique. Il réalise des émissions de radio pour Radio-Canada et Radio France et participe à des jurys de concours.
De 1978 à 2005, il a travaillé en France et au Québec, enseignant à l'Université de Montréal de 1980 à 1996. Il a été membre fondateur de la Communauté électroacoustique canadienne.
Dhomont vivait à Avignon, où il est décédé le 28 décembre 2023, à l'âge de 97 ans.
Œuvres
À cordes perdues (1977), contrebasse et bande L'air du large (1997-98) À propos de K (2006) Asie (1975), audiovisuel (images de Giovanni Biaggini) Assemblages (1972) AvatArsSon (1998) Brief an den Vater (2005) Cathédrale d'images (1977), audiovisuel géant Chiaroscuro (1987) Chroniques de la lumière (1989, 2005) Cité du dedans (1972) Convulsive! (1995) Corps et âme (2001-02) CPH Pendler Music (1997) Drôles d'oiseaux (1985-86, 2001) L'électro (1990) En cuerdas (1998) Espace / Escape (1989) Espaces sonores pour des textes de Jean Tortel (1976), œuvre radiophonique Figures de la nuit / Faces of the Night (1991-92) Forêt profonde (1994-96) Frankenstein Symphony (1997) Glank-50 (2002) Here and There (2003) Je te salue, vieil océan! (1998, 2000-04) Lettre de Sarajevo (1995-96) La liberté ou la mort (1976), musique de scène Mais laisserons-nous mourir Arianna? (1979) Métonymie ou le corps impossible (1976) Moirures (2006), vidéomusique Les moirures du temps (1999-2000) mourir un peu (1984-87) Nocturne à Combray (1995-96) Novars (1989) Objets retrouvés (1996) Phonurgie (1998) Poe-Debussy, Autour de la maison Usher (1988), Musique de scène pour un théâtre musical de Marthe Forget Points de fuite (1982) Premières traces du Choucas (2006) Previews (1994) Puzzle (1975) Qui est là? (1990) Reflets LR (2003-06), vidéomusique Ricercare (1998) Signé Dionysos (1986-91) Simulacres: un autoportrait (1991) Sol y sombra L'espace des spectres (1998, 2000), guitare et bande Sous le regard d'un soleil noir (1979-81) Studio de nuit (1992) Syntagmes (1975) Terre d'ombres (2006), vidéomusique Les traces du rêve (1986), musique de film, Les traces du rêve de Jean-Daniel Lafond, ONF Transits élémentaires (1983) Un autre Printemps (2000) Un autre Printemps [vidéo] (2000) Vol d'Arondes (1999, 2002) Voyage dans le voyage (1991), œuvre radiophonique Voyage-miroir (2004) Zones et rhizomes (1978)
00:00 — Pareil À Un Voyageur Perdu 08:00 — Engloutissement 15:55 — Arrête ! Arrête ! Elle Me Tue 23:20 — Implosion 27:35 — Le Moi Divisé 34:05 — Citadelle Intérieure 41:50 — Pétrification 47:15 — Le Message Quand Vient Le Soir
Music by — Francis Dhomont Voices by — Pierre Louet, Marthe Forget & Arthur Bergeron Original texts by — Ronald D. Laing (La politique de l'Expérience, Nœuds, Le Moi Divisé), Platon, Kafka, Buchner Art direction by – Jean-François Denis
Sous le regard d'un soleil noir est l'histoire d'un naufrage : d'une perte du réel, d'une déstructuration de l'être et de l'éclatement de sa personnalité, où se construit un univers d'implacable enfermement : celui de la schizophrénie.
Cette dérive hallucinée se déroule à travers un paysage obsessionnel dont la note si est l'obsédant personnage, axe tonique qui cimente entre elles les huit sections de l'œuvre, véritable ostinato, "invention sur un ton" : le souvenir de Wozzeck se profile alors et le symbole d'un homme qui "se noie dans le lac parce qu'il a atteint le point d'inexistence sociale et intérieure au-delà duquel il n'y a pas de retour possible" (Jacques Drillon).
Peut-être, cependant, le voyage n'est-il pas achevé qui consiste, comme le propose Laing, à aller de l'extérieur vers l'intérieur, de la vie vers "l'expérience" de la mort, du mouvement vers l'immobilité... Puis à parcourir le chemin en sens inverse à la rencontre d'une renaissance existentielle.
Il ne s'agit pas, on s'en doute, d'une réflexion scientifique. Les commentaires cliniques qui jalonnent l'œuvre – ces gloses d'un thérapeute/coryphée (d'ailleurs non dépourvues de tendresse) – ne font qu'introduire la distance, ménageant les césures qui épargneront le pathos au pathétique, et à notre regard, le voyeurisme. Lecture poétique d'un texte qui n'a pas vocation à l'être mais dont les images s'imposent par le poids du message et le tranchant des mots. Aussi le parti pris est il celui de l'intelligibilité, les brouillages sémantiques n'advenant qu'en écho à l'apparente déroute verbale, compagne obscure du délire.
Les textes sont empruntés principalement à trois ouvrages de Ronald D. Laing : La politique de l'Expérience, Nœuds, et, surtout, Le moi divisé; mais aussi à Platon, Kafka et Buchner. Les voix sont celles de : Pierre Louet, Marthe Forget et Arthur Bergeron.
L'extrait choisi ici provient de la dernière section de l'œuvre, Le message quand vient le soir : "Là personne ne pénètre, même pas avec le message d'un mort. Mais toi, tu es assis à ta fenêtre et, dans ton rêve, tu appelles le message quand vient le soir".