Forum sur la musique classique
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -23%
EVGA SuperNOVA 650 G6 – Alimentation PC 100% ...
Voir le deal
77.91 €

 

 Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996)

Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
Icare
Admin
Icare

Nombre de messages : 17377
Age : 60
Date d'inscription : 13/11/2009

Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996)   Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996) - Page 2 Empty2020-07-07, 12:32


Aujourd'hui, je redécouvre le saxophone dans l'oeuvre d'Edison Denisov par:

Concerto piccolo (1977) pour quatre saxophones - soprano, alto, ténor et baryton par un seul exécutant - et six percussionnistes,
Sonate pour saxophone alto et violoncelle (1994),
Dos Piezas pour violoncelle et piano (1974),
Sonate pour saxophone alto et piano (1970) que je retrouve dans une autre interprétation, cette fois avec Francisco Martinez (saxo) et Koyoko Marimoto,
Quintette pour quatuor de saxophones et piano (1991).

A propos de la Sonate pour saxophone alto et violoncelle par Edison Denisov:

<<Les deux instruments, saxophone et violoncelle, s'assemblent à la perfection, tout en conservant leurs propres spécificités d'écriture. Assez virtuose, cette Sonate s'inscrit dans la lignée de la Sonate pour saxophone et piano composée en 1970, et en développe les idées. Elle comporte trois mouvements, le deuxième étant le plus long et le plus développé. Il s'agit d'un long dialogue entre les deux instruments, ils sont traités de façons uniformes et mélodiques, tandis que dans les autres mouvements, ils sont le plus souvent superposés. Le deuxième mouvement introduit souvent des quarts de tons; le troisième, des éléments de jazz.>>

J'aime énormément cette rencontre entre le saxophone alto de Francisco Martinez et le violoncelle de Jorge Fournadjev. J'en reviens encore une fois à ce style mélodique tourmenté, sinueux et intense, ce sentiment d'éternité qui traverse sa musique, ce flottement presque permanent entre le mystère et la lumière, ce côté désespéré aussi que je crois ressentir dans le second mouvement. Ce n'est que mon propre ressenti et il est toujours possible qu'un autre auditeur y ressente moins de désespoir que moi. J'irai même plus loin en imaginant la surprise de son auteur s"il apprenait, du haut de son paradis, que je puisse autant ressentir de désespoir dans sa musique. Ce n'est évidemment pas permanent puisque j'y perçois aussi beaucoup de luminosité. C'est encore plus vrai dans son Concerto Piccolo que j'aime presque autant que la sonate pour saxophone alto et violoncelle. Il y a beaucoup de sonorités claires et lumineuses qui le traversent. Elles scintillent comme autant d'étoiles dans la nuit, dès que je lève les yeux vers la voûte céleste. Je retrouve alors ce sentiment d'éternité lorsque la musique se dissipe progressivement, devient murmure et silence. L'oeuvre est moderne, jamais ascétique, jamais plombée d'une quelconque rudesse, rigidité, et cela bien que l'écriture musicale s'appuie sur la rigueur du sérialisme. Elle flatte autant mon âme que mon coeur, définitivement ébloui par sa luminosité. Je retrouverai toute cette poétique dans le Quintette, notamment dans son troisième mouvement, qui est encore ce chemin lumineux qui me conduit vers un sentiment d'infini, un sentiment d'éternité. Dos Piezas et La Sonate pour saxophone alto et piano sont finalement, à mon oreille, les deux oeuvres qui s'écartent de ce schéma, ce qui ne veut pas dire que je les boude ou que j'en néglige l'écoute. Au contraire, j'aime beaucoup le caractère vif et extraverti de la seconde "Pièce" et les deux "Allegros" extrêmes de la "Sonate" de 1970. C'est une sensation différente qui m'apporte une autre émotion dans la musique d'Edison Denisov.
Revenir en haut Aller en bas
Icare
Admin
Icare

Nombre de messages : 17377
Age : 60
Date d'inscription : 13/11/2009

Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996)   Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996) - Page 2 Empty2020-07-08, 18:32

La Symphonie d'Edison Denisov représente une des oeuvres emblématiques de son style qui se situe toujours un peu en équilibre entre la lumière et l'obscurité. C'est tout ce que j'aime dans son style qui est ici porté à son paroxysme, cette sinuosité qui me fascine tant, l'emploi des percussions et des cordes, des bois et des cuivres, la formidable exposition des antagonismes sonores. E. Kouprovskaïa n'hésite pas à conférer à sa musique une dimension philosophique s'orientant entre la vie et la mort, le bien et le mal et donc la lumière et les ténèbres. Du second mouvement exclusivement écrit pour les cordes, elle nous explique que la musique y est lumière, estimant que son statisme lyrique contraste avec la situation dramatique du premier mouvement: la lumière, le bien, l'amour, voilà les symboles qui définissent le sens de cette musique, dans laquelle l'introduction du choeur joue également un rôle important...alors que le troisième mouvement introduirait un nouveau contraste sonore dans lequel seraient concentrés les éléments qui portent le mal et dont les représentants instrumentaux seraient les percussions et les cuivres. Une très grande sobriété et sérénité caractérisent le second mouvement au point que la musique devient presque diaphane, transparente, filandreuse. Il ne s'agit pas d'une lumière aveuglante, mais d'une lumière apaisante, néanmoins, c'est davantage les moments orchestraux les plus intenses et exacerbés, ceux qui sont sensés représenter le mal, qui me fascinent le plus, même si j'adore la partie finale d'une musique qui se dissipe progressivement telle une lueur ondulant dans l'obscurité. J'aime cette lueur qui s'efface dans l'espace et le silence.

Par l'Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Barenboim.
Revenir en haut Aller en bas
Icare
Admin
Icare

Nombre de messages : 17377
Age : 60
Date d'inscription : 13/11/2009

Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996)   Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996) - Page 2 Empty2020-07-09, 11:13

Edison Denisov a composé la bande originale de plus de soixante films, de fictions et de documentaires. Grand amateur et connaisseur du cinéma mondial, Denisov a beaucoup aimé travailler pour le Septième Art, même si son oeuvre dans ce domaine restera beaucoup moins conséquent que celle pour le concert. Jusqu'à maintenant, grâce à celui qui fut l'un de ses plus brillants élèves, Youri Kasparov, j'en connais seulement trois d'entre elles sous forme de suites qui avoisinent les vingt minutes. Sincèrement, j'aimerais beaucoup que Kasparov renouvelle cette fantastique initiative, et pourquoi pas en passant, avec d'autres compositeurs russes ayant également composé pour le cinéma. Je pense à Boris Tchaïkovsky, par exemple, qui semble avoir pas mal composé pour l'image. Je ne connais que deux titres, Abolit - 66 (1966) et Balzaminov's Marriage (1964), eux aussi sous forme de suites assez copieuses qui furent une très belle surprise pour moi. J'ai donc envie d'en connaître davantage! Donc, pour en revenir à cette partie du catalogue d'Edison Denisov, j'aimerais beaucoup que Youri Kasparov s'y penche à nouveau ou alors que Frank Stroebel, qui a déjà pas mal oeuvré pour la musique de film d'Alfred Schnittke, s'attaque à la sienne.

Les trois films auxquels appartiennent les bandes originales que j'ai réécoutées ce matin, sont Une étoile sans nom et La Tortue Tortilla, tous deux réalisés par Victor Géorguiev, ainsi qu'Un mari idéal de Michail Kazakov. Contrairement à Alfred Schnittke avec lequel j'ai pu observer de nombreuses corrélations entre sa musique de film et sa musique de concert, une observation que je peux aisément faire chez d'autres compositeurs ayant exercé dans les deux domaines, comme Toru Takemitsu et Ennio Morricone, je ne peux pas dire qu'elles m'ont frappé chez Edison denisov. Globalement, sa musique de film me semble bien différente dans ce qu'elle exprime...sans doute peut-on déceler quelques liens significatifs dans son opéra L'écume des jours que je ne connais jusqu'à présent que partiellement, par le biais d'une suite intitulée Colin & Chloé. Bien que connaissant ces oeuvres depuis vingt ans, c'est peut-être la première fois que je les évoque sur ce forum.

Une étoile sans nom est une histoire romantique et triste. Comme c'est une histoire qui me parle, j'en touche trois mots: Une jeune femme de la haute société, capricieuse et gâtée, se trouve dans la gare d'une petite ville, après s'être querellée avec son époux dans un train. J'ignore où ce train allait, mais ça n'a aucune importance. La jeune femme est accueillie pour la nuit par un jeune instituteur, timide, romantique et idéaliste (comme moi lorsque j'avais son âge). Elle découvre chez lui la simplicité de la vie des gens de la ville et se laisse charmer par ce monde si éloigné, jusqu'ici, du sien. Le soir venu, son mari vient la chercher et elle repart, avec juste un peu de regret, pour rejoindre sa vie de luxe. Le jeune homme n'a même pas eu le temps, ni le courage de lui demander son nom. Elle restera pour lui comme une étoile - très lointaine, insaisissable, une étoile sans nom. La musique n'en est pas pour autant triste, au contraire, plutôt gracieuse et romantique avec un thème principal fort attachant qui apparaît dans chacun, ou presque, des extraits de la suite. Un mari idéal, qui a été réalisé d'après la célèbre pièce de théâtre d'Oscar Wilde, a inspiré à Denisov une musique qui tire du côté de la parodie avec la paraphrase humoristique et pour grand orchestre d'un ragtime de Scott Joplin. Il traitera avec la même fantaisie une imitation de valse viennoise, mais c'est dans ses moments les plus romantiques que la suite devient exquise. Néanmoins, toute ma préférence va sur ce qu'il composa en 1962, il avait alors 33 ans, pour le film de Géorguiev, La Tortue Tortilla. Comme le compositeur avait un passion secrète pour le jazz, il ne se gêna pas pour l'employer à cette occasion, bien qu'à cette époque le jazz était quasiment proscrit en Russie. Son opéra L'écume des jours invite également le jazz en son sein. Si j'aime beaucoup cette suite en particulier c'est surtout grâce à l'excellent thème "Les gangsters" qui me fait en plus le plaisir d'être repris deux fois ensuite: il en est donc le thème principal. J'en adore le thème lui-même, la façon dont il est construit, dont il est orchestré, sa fantaisie.

Durant les années 1990, trois compositeurs me passionnèrent et je décidai donc de les approfondir: Alfred Schnittke, Toru Takemitsu, Edison denisov. L'année 1996 me fut terrible, puisque le 20 février j'apprenais la mort de Toru Takemitsu à l'âge de 66 ans et le 24 novembre celle d'Edison Denisov à l'âge de 67 ans. Seulement deux ans plus tard s'éteignit le 3 août 1998 Alfred Schnittke à l'âge de 64 ans. C'est aussi une période où j'affectionnais les musiques sombres et tourmentées, néanmoins je ne pense pas que c'était lié.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé




Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996) - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996)   Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996) - Page 2 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Edison Vassiliévitch Denisov (1929-1996)
Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2
 Sujets similaires
-
» Sergueï Vassilievitch Rachmaninov (1873-1943)
» Jef Maes (1905-1996)
» Niccolo Castiglioni (1932-1996)
» Eugen KAPP (1908-1996)
» George BARATI (1913-1996)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Toutes les musiques du monde :: Musique classique :: Les compositeurs-
Sauter vers: