Nombre de messages : 31006 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
Sujet: Alberto Bruni Tedeschi (1915-1996) Jeu 8 Fév 2007 - 19:28
Alberto Bruni Tedeschi est un compositeur de musique classique et d'opéra italien, un riche industriel et collectionneur d'art (Moncalieri 1915 - Paris 1996).
Il est l'époux de l'actrice et pianiste concertiste Marysa Borini et le père de l'actrice Valeria Bruni-Tedeschi et du mannequin, compositrice et interprète Carla Bruni.
1915 il naît à Moncalieri près de Turin en Italie dans une riche famille d'industriels italiens.
Il suit des études de droit tout en étudiant la composition musicale avec le compositeur italien Giorgio Federico Ghedini.
Il compose son premier opéra intitulé Villon dont le livret est composé par Tullio Pinelli, le scénariste du film La Dolce Vita de Federico Fellini. 1941 Villon est interprété par la cantatrice Giulietta Simionato sous la direction de Gianandrea Gavazzeni à Bergame.
1948 le chef Hermann Scherchen dirige ses Variations pour orchestre au Festival de musique contemporaine de Venise.
1951 sa Messe pour la mission de Nyondo est jouée en première à Hambourg en Allemagne.
1953 il est récompensé par le Prix de Trieste pour son Birkenhead (poème symphonique).
1959 il est nommé surintendant du Théâtre Regio de Turin jusqu'en 1971, l'un des plus importants d'Italie et des plus moderne d'Europe.
Il épouse l'actrice et pianiste concertiste Marysa Borini dont il a trois enfants :
Un fils aîné Aurelio
L'actrice et réalisatrice Valeria Bruni-Tedeschi née le 16 novembre 1964 La mannequin et auteur-compositeur-interprète Carla Bruni née le 23 décembre 1968.
1973 il s'exile avec sa famille à Paris pour fuir les Brigades Rouges communistes italiennes.
1978 il écrit l'opéra Paolino, la giusta causa e una buona ragione joué au Festival de Spoleto Opéra adaptée à l'écran par le réalisateur François Reichenbach avec pour interprètes Charles Aznavour, Valeria Bruni-Tedeschi et Isabel Von Karajan.
1987 il crée l'opéra Secondatto joué à l'Acropolis de Nice, la suite de son opéra Diagramma circolare.
1994 il écrit le Mobile Rouge joué au théâtre de l'Opéra d'Avignon.
1992 à 1994 il achève son œuvre de compositeur avec le ballet Journal intime, dernières pages.
1996 le 17 février il décède des suites d'une maladie à Paris à l'age de 81 ans.
Quelques œuvres et créations
Villon, Opéra joué à Bergamo Variations pour orchestre, au Festival de musique contemporaine de Venise La Messe, à La Scala de Milan Diario Marino, ballet au théâtre San Carlo de Naples Requiem senza parole, Radio France à Paris Fantasia, recitativo quasi una danza pour piano et orchestre, à l'auditorium de la Sala Santa Cecilia à Rome Paolino, la giusta causa e una buona ragione opéra au Festival de Spoleto Diagramma circolare, opéra à l'Acropolis de Nice Secondatto opéra à l'Acropolis de Nice Mobile Rouge au théâtre de l'Opéra d'Avignon Journal intime, ballet, sa dernière œuvre
joachim Admin
Nombre de messages : 26946 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: Alberto Bruni Tedeschi (1915-1996) Dim 21 Juin 2020 - 12:41
https://www.youtube.com/watch?v=eSEx8rhakZk
Icare Admin
Nombre de messages : 17373 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Sujet: Re: Alberto Bruni Tedeschi (1915-1996) Dim 21 Juin 2020 - 12:50
J'ai trois oeuvres de ce compositeur et suis étonné de ne pas en avoir déjà parlé.
Icare Admin
Nombre de messages : 17373 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
<<1978: il écrit l'opéra Paolino, la giusta causa e una buona ragione qui sera joué la même année au Festival de Spoleto, puis adapté à l'écran par le réalisateur François Reichenbach avec pour interprètes Charles Aznavour, Valeria Bruni-Tedeschi et Isabel Von Karajan.>>
Il s'agit entièrement d'un "opéra parlé", ce qui, à mon avis, s'apparente davantage à du "théâtre musical" qu'à un véritable opéra. Ce qui n'empêche pas que la musique y est très présente du début à la fin. Elle prend par ailleurs souvent une couleur jazzy très prononcée. C'est sur ce ton que l'oeuvre entre en scène: L'introduction est purement instrumentale, elle me permet d'entrer dans l'ambiance, une ambiance qui n'est ni hostile ni austère. Quant à la scène, afin de s'en faire visuellement une idée, voilà à quoi elle ressemble: intérieur gris; une table de bois raboteux, assez large et robuste au centre. Il y a trois chaises autour de la table, une au milieu et deux sur chaque côté. Sur la table sont posés, à droite pour celui qui regarde un vase de fleurs et à gauche une grosse bouteille de vin et un verre. Se dessine dans l'ombre, en fond de scène, une grande vitre. La scène est sombre. Seule une lumière de faible puissance éclaire la table où Paolino est assis sur la chaise centrale, pensif et taciturne. Paolino, le personnage principal, est vêtu d'une salopette d'ouvrier décousue et décolorée, béret de biais et relevé sur le front. L'homme est âgé, mais paraît néanmoins plus vieux qu'il ne l'est réellement, usé par la fatigue quotidienne, le soleil qui lui a ridé le visage trop tôt, les mains tremblantes d'avoir trop bu, mais surtout d'un aspect si résigné et fatigué que cela se reflète jusque dans chacun de ses gestes. Trois personnages animent ce théâtre musical, Paolino, cultivateur de fleurs alcoolique, probablement interprété par Martin Egel - il le fut aussi par Charles Aznavour - et "La juste cause" et "Une bonne raison" interprétées par les petites-filles du compositeur, Valeria & Carla Bruni-Tedeschi.
d'après ce qu'explique Alberto Bruni-Tedeschi, Paolino n'est pas un personnage proprement dit. Il n'a d'ailleurs pas voulu qu'il en soit un. Il est une abstraction, une manière de penser, de voir les choses, de voir le monde. Il ne manque pourtant pas d'une certaine finesse et possède une cuture évidente qui peut surprendre de la part d'un grand buveur réfugié au milieu de ses fleurs. Le primitivisme de l'homme, appliqué au langage, l'aurait dénaturé, le transformant en un personnage réel et donc à l'opposé de ce que l'auteur avait envisagé. Donc, Paolino parle de lui et des autres, rejette la société de consommation, en d'autres termes le monde actuel, tel que nous l'entendons nous tous et lui-même; la conquête de la lune et le progrès l'indiffèrent. Il est mélancolique parce que la mélancolie est liée à sa nature... Voilà de quoi se faire une idée au moins approximative du personnage. La musique alterne passages de jazz et passages de forme plus classique, une musique qui est à ce moment-là plus tourmentée, plus langoureuse et porte indubitablement la mélancolie de Paolino. Un clavecin résonne dans les parties jazzy, il résonne et scintille, comme une lumière de vie, une lueur lointaine qui s'aventure à pas de velours dans l'ombre de la scène: est-ce "Une bonne raison" ou "La juste cause"? Celle-ci étant d'apparence lisse, inexpressive, vêtue d'une longue tunique grise, du même gris que les "cloisons" de la scène... Le clavecin, ce serait plutôt "Une juste raison"... Dans la version que j'ai, tous les dialogues sont en italiens et j'ai cependant une traduction française dans le fascicule. De toute façon, la musique suffit à mon plaisir.