André Previn compte depuis près de quarante ans parmi les principaux animateurs de la vie musicale américaine. Après avoir fait ses classes comme compositeur de musiques de film et de "musicals" dans les années 50, il s'est consacré à la direction d'orchestre. Sa discographie - quantitativement plus que qualitativement, il faut bien l'admettre - est impressionnante.
C'est en septembre 1998 que sa réputation de compositeur a franchi les frontières avec le succès de son opéra A Streetcar named Desire, dont les oeuvres figurant au programme de ce disque sont contemporaines. On ne s'étonnera pas d'y relever les influences des compositeurs de prédilection de Previn. Les Diversions pour orchestre (1999) se placent d'emblée sous le signe de Chostakovitch : effets d'orchestration que n'auraient pas reniés l'auteur de la 14e Symphonie, texture diaphane des mouvements lents, mise en avant de la petite harmonie, tournure "slave" des motifs mélodiques... Refusant tout effet de masse, Previn organise son discours en convoquant et opposant des petits effectifs instrumentaux, à la façon d'un concerto pour orchestre. De facture, finalement, néo-classique, l'oeuvre séduit par sa grande lisibilité d'écriture, son inventivité mélodique et rythmique. A défaut d'être "géniale", elle témoigne d'un goût et d'un métier très sûrs.
Avec les mélodies, Previn se trouve en terrain familier. Sallie Chisum, sur un texte de Michael Ondaatje, et The Giraffes go to Hamburg, d'après Karen Blixen, s'apparentent à des airs d'opéras, longs monologues superbement tenus par Barbara Bonney et Renée Fleming (complice de longue date du compositeur et créatrice du rôle de Blanche dans A Streetcar...). L'héritage des "grands anciens" Barber et Copland est patent, dans la ligne vocale comme dans l'accompagnement. L'orchestre (avec violoncelle solo dans la Vocalise) et le piano (avec flûte dans The Giraffes...) doublent le chant avec pertinence, qu'ils se contentent de simples ponctuations ou organisent de subtils intermèdes méditatifs au sein du discours vocal.
Après un Honey and Rue (DG) décevant et des pièces de musique de chambre pas toujours convaincantes, cet disque offre donc un aperçu plus séduisant de l'univers musical d'André Previn. Rien de révolutionnaire, certes, mais du divertissement de grande qualité.
Barbara Bonney( soprano )
Renée Fleming( soprano )
London Symphony Orchestra
Orchestre philharmonique de Vienne
Deutsche Grammophon / Universal 2001