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 Le règne de la symphonie

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Icare
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MessageSujet: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-19, 21:24

J'entame un nouveau cycle et celui-ci va être entièrement consacré à la Symphonie à travers les siècles. Je ne vais pas réécouter toutes les symphonies qui existent ni même toutes celles que je possède en disque, ce serait beaucoup trop fastidieux. Je vais privilégier les compositeurs dont je possède plusieurs de leurs symphonies, voire une intégrale. Joseph Haydn en sera en quelque-sorte l'invité d'honneur par le biais de vingt-et-une de ses symphonies que je me suis procurées sous la forme d'un coffret de sept galettes. C'est ce coffret qui m'a inspiré mon nouveau cycle: "Le règne de la symphonie". Cette année 2018 aura été l'année qui m'a permis d'aimer profondément la musique de Haydn. Je n'aurai jamais écouté autant ce compositeur que cette année-là! Certes, j'aimais déjà son oeuvre religieuse, ses deux concertos pour violoncelle, mais je pense que la véritable porte d'entrée fut pour moi ses Trios pour piano, violon et violoncelle. Ils m'ont touchés au coeur. J'ignore si les symphonies me toucheront autant. Ceci étant dit, la musique de chambre a toujours été mon domaine de prédilection, beaucoup plus que la symphonie, quel que soit le compositeur et la période. Au moment même où j'écris ces lignes, je m'interroge...Je me demande quelle a été la première symphonie que j'ai écoutée? Ou encore, quelle est la première symphonie qui m'a réellement marqué. Je n'ai pas besoin de réfléchir très longtemps. Il s'agit de la Symphonie du nouveau monde d'Anton Dvorak qui, il est vrai, n'est pas la moins célèbre des symphonies! Je pense qu'elle a été suivie de près par la N°3 de Johannes Brahms. Beethoven et Mozart arrivèrent après. Il aurait donc été logique que j'ouvre ce nouveau cycle avec la Neuvième de Dvorak puisque c'est à la fois la première symphonie que j'ai écoutée et la première que j'ai aimée, mais comme je prends un malin plaisir à faire les choses à l'envers, elle en sera la conclusion. La symphonie que j'ai choisie comme introduction est très différente. Il s'agit d'une oeuvre contemporaine d'un compositeur danois dans un esprit "moderne", véritable coup de coeur à l'époque de la découverte. Elle est atypique et c'est pour sa singularité que je l'ai choisie comme introduction. l'oeuvre s'intitule Symphony-Antiphony et a été composée en 1977 par Pelle Gudmundsen-Holmgreen, interprétée par le "Danish Radio Symphony Orchestra" sous la direction de Leif Segerstam. Est-ce vraiment une symphonie ou le modèle-même d'une non-symphonie. J'aime son aspect bancal et désarticulé. Il en sort quelque-chose d'un peu déjanté et même ludique. Un air de folie la traverse alors qu'un air de berceuse s'y installe avec malice. Il y a des instruments qui sortent du schéma classique comme la mandoline, le banjo et peut-être même le cymbalum. De toute façon, la manière dont cette symphonie est orchestrée lui confère un charisme bien particulier. J'adore l'usage qui est fait du piano et que l'on retrouve seul au départ du dernier mouvement; le recueillement après la poursuite infernale.

Première Partie:

Une symphonie de chevet - N°1

https://www.youtube.com/watch?v=BM91FY6sjBA


Dernière édition par Icare le 2019-04-09, 21:20, édité 3 fois
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MessageSujet: Haydn   Le règne de la symphonie Empty2018-12-20, 07:48

J'ai abordé trois symphonies de Joseph Haydn; la N°41 en ut majeur, la N°42 en ré mineur et la N°43 en mi bémol majeur - "Mercure". Par le "Tafelmusik" sous la direction de Bruno Weil.

Je pense que celle qui m'a le plus touché des trois est la N°42 même si elle ne m'inspire aucun mot en particulier. Je vous invite, en revanche, à lire un très bon commentaire à son sujet ici

https://www.youtube.com/watch?v=zEreGsvvPgk


Dernière édition par Icare le 2018-12-22, 22:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Tournemire   Le règne de la symphonie Empty2018-12-20, 13:03


C'est l'occasion pour moi de retrouver les quatre symphonies de Charles Tournemire (1870-1939) que je possède par l'Orchestre Symphonique de Moscou sous la direction d'Antonio de Almeida. Pour l'instant, je n'ai réécouté que sa Symphonie n°1 en la majeur - opus 18 dite "romantique". Elle se compose de quatre mouvements; "Mouvement d'andante - Allegro moderato/Sherzo, allegretto spiritoso/Largo (tempo de marche funèbre)/Finale, allegro energico". Tout comme la quatrième symphonie de Bruckner, la N°1 de Tournemire reçut le sous-titre de "romantique". Elle fut composée en 1900 et est dédiée au violoniste et chef d'orchestre Paul Viardot. Effectivement, de beaux solos sont accordés au violon! Elle fut jouée aux Concerts classiques de Marseille, le 10 mars 1901, avant de l'être à Paris, toujours sous la direction du compositeur, le 6 mai 1902, à la Société nationale de musique. On lui prête une filiation assez marquée avec Franck, mais connaissant personnellement encore très mal l'oeuvre de celui-ci, je ne peux souscrire et faire confiance aux connaisseurs. Au-delà de cette influence, à laquelle on peut sans doute ajouter celle de Wagner, j'aime beaucoup cette symphonie, pas seulement pour ses solos de violons mais aussi pour ceux de la flûte qui lui prêtent un caractère un peu champêtre, proche de la nature. Charles Tournemire a cette particularité non négligeable de savoir individualiser les timbres au sein de la masse orchestrale. Je trouve qu'il sait faire ressortir un solo d'instrument avec beaucoup d'habileté et c'est une qualité énorme à mon oreille.
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joachim
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-20, 19:25

Pour moi, la première des symphonies que j'ai écoutée est la 9ème de Beethoven, j'avais à peine 13 ans...

Concernant Tournemire, je possède l'intégrale de ses 8 symphonies par Antonio de Almeida, chez Marco Polo. Mes préférées sont les trois premières, notamment la troisième, dite "Moscou".

Youtube, lorsque l'on écoute quelque chose, passe à la fin automatiquement à une autre œuvre. Ici je suis ainsi en train de réécouter la symphonie n° 31 dite "avec le signal du cor" de Haydn. J'avais presque oublié à quel point cette symphonie est magnifique. Le premier mouvement fait entendre à plusieurs reprises ce signal de cor. Mais je pense que tu aimeras en particulier le mouvement lent, avec ses instruments qui tour à tour deviennent soliste, un peu comme dans la symphonie "Le Matin" que j'ai présentée par ailleurs. Le trio du menuet, un laendler (danse paysanne) pourrait aussi te plaire  Wink  Le long 4ème mouvement n'est pas un rondo comme c'est souvent le cas, mais un thème et 7 variations et se termine par un court presto.

La voici :



https://www.youtube.com/watch?v=2cs6akfXxHE
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-20, 20:59


Merci pour le lien car la N°31 ne fait pas partie de mon coffret. Pour le moment, je viens de réécouter la Symphonie n°5 en fa mineur - opus 47 de Charles Tournemire. Il faudra qu'un jour je me procure, en admettant qu'elles soient encore trouvables, les N°3, 6, 7 et 8. Tu nous dis avoir une préférence pour la N°3, celle qui porte le sous-titre de "Moscou". Sur les quatre que je possède, j'ai jusqu'ici eu une préférence pour la N°2 "Ouessant". La N°5 est cependant magnifique, grandiose, très expressive. La composition de la cinquième symphonie de Tournemire s'est faite en deux étapes: la première en août 1913, en Suisse, au pied du Saint-Gothard; la seconde, durant l'été suivant, à Thônes, en Haute-Savoie où la double barre fut tracée le 31 juillet, soit trois jours avant la déclaration. Tournemire dédia cette symphonie à son épouse et a puisé toute son inspiration dans le spectacle des montagnes, nous dit-on. En effet, je les ai ressenties les montées fulgurantes ainsi que les rudes descentes. Il y a des moments qui sont également très doux, je pense notamment à la "Pastorale" du mouvement central. Le premier mouvement est un "Choral Varié". Les instruments à vent y joue un rôle principal. Tournemire perçoit le choral sous la forme subjective d'une ascension vers la lumière, du coup beaucoup moins concrète et plus "religieuse" que l'ascension de la Symphonie Alpestre de Richard Strauss.
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-21, 09:20

La Symphonie n°2 "Ouessant" en si majeur - opus 36 de Charles Tournemire, en trois mouvements - le premier, "Prélude, très modéré, allegro moderato", dépasse les vingt minutes - est vraiment celle qui me procure le plus d'émotion. Bien sûr, il me faudra découvrir celles que je ne connais pas encore, c'est-à-dire les N°3, 6, 7 & 8, mais la N°2 me transporte décidément très haut, vers la lumière sans doute, parce que là aussi il y a un choral, en introduction du troisième mouvement. Or, cette lumière qui m'apaise, je la retrouve, exquise, dans le mouvement médium, "Très calme", s'articulant autour d'une merveilleuse mélodie. Déjà, le "Prélude" est de cette lueur qui gravit les étages de la clarté avec les délicates interventions de la harpe. La volonté du compositeur aurait été d'attribuer à l'orchestre un pouvoir d'évocation qui est soumis à une intention religieuse. Et comme l'indique son sous-titre, cette deuxième symphonie fut inspirée par le fantastique paysage de l'île d'Ouessant. Charles Tournemire déclara que son oeuvre "tend à la glorification de l'Eternel". Elle fut composée entre 1908 et 1909 et huit années la séparent de sa première symphonie. J'en reviens à la beauté du Prélude. Ces quelques minutes ouvrant cette grande symphonie me bouleversent par la beauté toute en retenue qui en émane. Quatre minutes environ purement magiques à mon oreille. Evidemment, je ne prétends pas que les qualités de cette symphonie se limitent à ces quatre minutes. Pour une oeuvre de 50 minutes, ce serait catastrophique, mais disons que je suis très sensible aux belles introductions ainsi qu'aux belles conclusions. Par exemple, la conclusion plutôt fracassante de cette Symphonie n°2 me touche beaucoup moins que sa superbe introduction, perle de délicatesse et de beauté.

https://www.youtube.com/watch?v=yB0alAPd8V4


Dernière édition par Icare le 2018-12-21, 16:04, édité 1 fois
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Jean

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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-21, 10:30

je sens que je vais remettre quelques symphonies sur ma platine grâce à ton nouveau sujet Wink … genre, qui un peu comme toi, m'est devenu un peu secondaire au fil des années (à part de notable exception comme la "Nouveau Monde" ou la 9éme ).

Tout d'abord merci Joachim, pour la symphonie 31 de Haydn que je ne connaissais pas , malgré la bonne quarantaine que j'ai … et comme j'aime beaucoup le cor Wink elle est magnifique!!

Il y a longtemps aussi que je n'avais pas réécouté les symphonies de Tournemire que j'ai (1 - 2 - 4 et 5)… Je n'avais même pas relevé que la 5 avait été composée en Suisse et Hte Savoie … (Je néglige trop les notices … surtout chez Naxos où 90% -peut être plus?- des notice ignore le français Embarassed Le règne de la symphonie 156732 ) et avait le même sujet d'inspiration que la symphonie alpestre de R Strauss!
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JosefK

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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-21, 15:29

Jean a écrit:
Tout d'abord merci Joachim, pour la symphonie 31 de Haydn que je ne connaissais pas , malgré la bonne quarantaine que j'ai … et comme j'aime beaucoup le cor Wink   elle est magnifique!!

Il y a aussi pas mal de cor, bien sûr, dans la Soixante-treizième, puisque son sous-titre est "La Chasse" en raison de son mouvement final (qui est certainement sur YouTube aussi).

Moins connue, l'étrange Quarante-septième (avec son rigoureux menuet en palindrome) met en valeur les cors dès le début du premier mouvement, avec cette seconde majeure totalement inattendue, qu'on voit bien sur la partition à la mesure 3 et ce rythme pointé qui revient ensuite sans cesse aux cors durant l'exposition du premier thème:


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Jean

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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-21, 16:05

Merci pour ces précisions Josefk; J'ai "la chasse"...mais pas la 47 !! Wink
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-21, 17:56

<<La Bretagne allait être une fois encore la source d'inspiration de la quatrième symphonie "Pages symphoniques" de Charles Tournemire. L'oeuvre fut notée et orchestrée rapidement par le compositeur durant l'été de 1912, près de Perros-Guirec, puisque les esquisses conservées datent du 6 juillet et que la réduction pour piano d'après l'orchestre portent les dates 15 juillet/12 septembre 1912. De toutes les symphonies de Tournemire, la Quatrième, qui a reçu aussi le sous-titre de "Symphonietta", est sur le plan formel, la plus libre. Ceci est peut-être dû au fait que, contrairement à ses soeurs, elle apparaît comme une oeuvre de musique pure, dont les cinq mouvements s'enchaînent sans référence à un argument littéraire ou philosophique précis. Le compositeur s'est juste contenté d'indiquer que "l'oeuvre exalte la poésie de la Bretagne".>> Joël-Marie Fauquet. 1994.

Elle commence toute en douceur, mais très vite elle prend de l'ampleur et gagne en intensité. Puis elle redeviens calme, sereine, un brin tourmentée lorsqu'elle se crispe. J'apprécie ses élans romantiques et ses jolis effets de harpe. Le passage qui me plait le plus est aussi le plus inattendu; lorsque l'orgue entre en scène sans fracas, de la façon la plus délicate et touchante qui soit. J'ai l'impression que toutes les symphonies de Tournemire se trouvent sur Youtube, ce qui m'a permis d'écouter pour la première fois la N°3 - opus 43 "Moscou". Là aussi, il y a une superbe introduction qui me plonge dans une ambiance faite de délicatesse et de beauté. Tournemire semble affectionner la harpe, tant elle réapparaît ici avec la même finesse que dans les "Pages symphoniques". L'oeuvre se compose de quatre mouvements; "Bien modéré/Avec du mouvement/Les cloches de Moscou/Assez modéré". Celui qui s'intitule "Les cloches de Moscou" est de conception originale, un caractère obsessionnel auquel je suis évidemment très sensible. Il est le point culminant de cette symphonie si merveilleusement orchestrée. C'est un moment de pure magie qui, quelque-part, me plonge dans une ambiance de Noël, un peu comme l'orgue très doux dans la N°4 qui m'emplit d'une lumière rassurante et propice au recueillement, m'invite dans l'espoir d'un monde meilleur, par-dessus l'épaule des hommes. Sinon, d'un point-de-vue plus global, J'adore l'usage qu'il fait des bois et de la harpe. Celle-ci m'est irrésistible! Si jusqu'ici, j'entretenais une préférence pour la N°2 - "Ouessant", cette Troisième vient de bousculer cet ordre de préférence. Un chef-d'oeuvre!

https://www.youtube.com/watch?v=vExShHDeHQo
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MessageSujet: Havergal Brian   Le règne de la symphonie Empty2018-12-21, 22:47

Une symphonie de chevet - N°2:

Havergal Brian a composé trente-deux symphonies, seulement je n'en évoquerai qu'une seule, sauf si je décide de réécouter sa première "Gothic", ce que je n'ai pas prévu pour le moment, malgré la superbe impression qu'elle me fit à l'époque de sa découverte, une impression qui ne s'est pas émoussée avec le temps. Comme pour la Symphony - Antiphony de Pelle Gudmundsen-Holmgreen, la Symphonie n°3 de Havergal Brian, oeuvre par laquelle j'ai découvert ce compositeur, répond à un beau coup de coeur. Les raisons sont très différentes car voilà deux symphonies qui n'ont aucun point commun entre elles si ce n'est une singularité qui les caractérise, selon moi, les fait sortir du lot. Le style est également différent de celui de Charles Tournemire, néanmoins, il y a cette volonté très habile d'individualiser les timbres, de ne pas abuser de la masse orchestrale, celle-ci pouvant se trouver "dématérialisée" et "intimisée" par un solo de violon ou de flûte ou encore un duo de pianos sous les doigts de Andrew Ball et Julian Jacobson. Pas étonnant que les noms des deux pianistes soient mentionnés car les deux pianos dominent par moment. Pourrait-on même évoquer une symphonie pour orchestre symphonique et deux pianos. Il y a un passage, vers le centre de l'oeuvre, que je trouve particulièrement poétique avec des sonorités cristallines. Je suppose que c'est quelque-part dans le second mouvement, "Lento sempre marcato e rubato" - la symphonie en comporte quatre. Elle est interprétée par le "BBC Symphony Orchestra" sous la direction de Lionel Friend. Encore une fois, et c'est probablement vrai pour toutes les symphonies qui furent dès la première écoute un véritable coup de coeur, je suis aussitôt saisi par l'introduction, le climat qu'elle instaure. J'aime beaucoup les interventions des deux pianistes qui apportent un caractère concertant ci et là. Il y a un superbe travail d'orchestrations et de belles combinaisons sonores. L'oeuvre fourmille d'idées comme ce passage à partir de la neuvième minute environ, avec cette sorte de marche énergique qui débouche sur de chouettes fulgurances de l'orchestre parsemées d'éclats pianistiques. Les cordes tenteront de raviver un romantisme d'antan, presque en vain. Un vent décidément plus insolent et audacieux emporte l'ensemble vers un complexe orchestral plus inouï. Un interlude avec seulement le piano et la grosse percussion se fait alors entendre avant une nouvelle fulgurance de l'orchestre; c'est la fin du premier mouvement. Le second exhibera le chant tendu d'un violon solo avant une aventure moins martiale que dans le premier mouvement et, au contraire, plus gracieuse. Il y a un bref passage des plus délicieux avec une flûte et le violon. C'est une symphonie aux multiples rebondissements, des plus virulents aux plus fragiles, dans laquelle il se passe toujours quelque-chose d'intéressant pour l'oreille. Encore ce magnifique violon solo qui se détache de la pâte orchestrale. Le point culminant arrive à partir de 26' 45': profondément original en ce point précis.

https://www.youtube.com/watch?v=vExShHDeHQo


Dernière édition par Icare le 2018-12-22, 22:08, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-22, 19:10


J'ai écouté aujourd'hui pour la première fois trois nouvelles symphonies de Joseph Haydn; Symphonie n°44 en mi mineur- "Funèbre"/Symphonie n°51 en si bémol majeur et Symphonie n°52 en ut mineur, toutes les trois en quatre mouvements par "Tafelmusik" sous la direction de Bruno Weil. Seule la N°44 possède un sous-titre. Comme toujours, lors d'une première écoute, j'aime relever un morceau qui s'est démarqué pour diverses raisons et m'a plus touché que les autres. D'ailleurs, je pense aussitôt à Jean qui nous dit beaucoup aimer le cor. Il ne peut donc qu'être aux anges avec le superbe adagio (mouv.2) de la Symphonie n°51. Le cor s'y exprime généreusement avec le hautbois. Je crois qu'il s'agit du même interprète, Ab Koster, jouant sur les deux instruments, ceux-ci ne s'exprimant pas en même temps mais l'un à la suite de l'autre. J'aime beaucoup cet adagio qui est d'ailleurs le seul morceau qui m'émeut vraiment, tout le reste m'étant principalement dynamique et divertissant. Il y a du cor dans le troisième mouvement de cette même symphonie qui est un menuet. J'aime assez bien le premier mouvement, son côté tranchant sans doute et décidé.

https://www.youtube.com/watch?v=q876xCfjcYU
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JosefK

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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-22, 19:51

Icare a écrit:
Il ne peut donc qu'être aux anges avec le superbe adagio (mouv.2) de la Symphonie n°51. Le cor s'y exprime généreusement avec le hautbois. Je crois qu'il s'agit du même interprète, Ab Koster, jouant sur les deux instruments, ceux-ci ne s'exprimant pas en même temps mais l'un à la suite de l'autre.

J'ai des doutes car je pense que l'excellent Ab Koster se contente du cor.
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-22, 20:59

JosefK a écrit:
Icare a écrit:
Il ne peut donc qu'être aux anges avec le superbe adagio (mouv.2) de la Symphonie n°51. Le cor s'y exprime généreusement avec le hautbois. Je crois qu'il s'agit du même interprète, Ab Koster, jouant sur les deux instruments, ceux-ci ne s'exprimant pas en même temps mais l'un à la suite de l'autre.

J'ai des doutes car je pense que l'excellent Ab Koster se contente du cor.

Je ne le connaissais pas jusqu'ici et il se peut que j'ai déduit trop vite, étant donné que l'hautboïste n'est pas mentionné. Laughing Et en le réécoutant, je suis sûr que votre doute est fondé car les deux instruments se chevauchent à un moment donné.


Dernière édition par Icare le 2020-04-14, 16:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Marthinsen   Le règne de la symphonie Empty2018-12-22, 22:55


Une symphonie de chevet - N°3:

Ce cycle va être ainsi ponctué par des "symphonies de chevet", c'est-à-dire des oeuvres qui m'ont beaucoup marqué lors de la première écoute et dont l'intérêt qu'elles ont suscité ne se sont jamais démenties depuis. Bien sûr, une symphonie comme la N°2 "Ouessant" de Charles Tournemire est l'une d'entre elles, ainsi que la N°3 "Moscou" du même compositeur. Ce soir, j'ai réécouté la Symphonie n°2 - "Snapshot Symphony" (2009) du compositeur danois Niels Marthinsen, par le "Aartus Symphony Orchestra" sous la direction de Christian Lindberg. Elle se divise en trois mouvements dont le plus long est le médium, dépassant les quatorze minutes, c'est-à-dire environ le double en durée des deux autres; "Fiesta Mexicana/Arabian Nights/Great Fireworks in China". C'est une musique très extravertie, pleine de rythmes chauds semblant s'extraire d'un folklore d'Amérique latine, d'une fougue orchestrale très contagieuse et déployant une vaste palette de teintes ensoleillées. C'est ce qui ressort de cette "fiesta mexicaine"! C'est autant une fête qu'un magnifique voyage d'un continent à un autre. En Arabie, de nuit, c'est une autre danse qui se dévoile. Il s'agit du second mouvement et c'est sans aucun doute le moment qui me transporte le plus, lyrique et passionné. Certes, il m'évoque un cliché: une caravane de dromadaires traversant un désert au crépuscule, mais l'image est si belle et musicalement si puissante...même si, au début, cette vision de la caravane est plutôt floue, a l'apparence d'un mirage...Or, le mirage ne s'effacera pas et se dessineront progressivement les formes concrètes d'un paysage dont la beauté en dissimule l'hostilité. Lorsque la marche commence réellement, sous les scintillements d'étoiles lointaines, c'est toute l'humanité qui foule le sable saharien avec un enthousiasme qui stimule les rêves et culpabilise les réveils. Il y a tout un passage obsessionnel avec des effets de cordes qui me fascine. J'en adore la cadence. La Chine est très perceptible dans le troisième mouvement. Dès le départ, je ressens ces danses villageoises avec ses percussions vives et métalliques, ses feux d'artifice et ses dragons de tissu aux figures effrayantes qui crachent un feu qui ne brûle pas.

https://www.youtube.com/watch?v=bOR9-icGDPg
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joachim
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-23, 10:31

Bien que tu en parles chaleureusement dans le fil Marthinsen, je n'avais pas encore eu la curiosité d'écouter cette symphonie "d'Instantanés" (traduction de Snapshot) qui sont donc la réunion de trois clichés, sur le Mexique, les Nuits d'Arabie, les feux d'artifice en Chine.

Je suis donc en train de l'écouter, et comme toi je suis fasciné par le deuxième mouvement, ces Nuits d'Arabie particulièrement envoûtantes (qui par moments font penser à Dans les Steppes de l'Asie Centrale de Borodine). Niels Marthinsen, un danois, a bien réussi a décrire ces clichés du bout du Monde, bien loin du Danemark.



https://www.youtube.com/watch?v=bOR9-icGDPg&index=2&list=PLf9n9YI3ywHOBLkQfwdqdZDheUeEx2lik

Je suppose que tu possèdes le CD Naxos dans lequel, outre cette symphonie, se trouvent le concerto pour 3 trombones "A l'ombre de la Chauve-souris", la suite Le miroir de Blanche Neige et une pièce orchestrale "Kongen af Himmelby Demo" ?
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Icare
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MessageSujet: Broadstock   Le règne de la symphonie Empty2018-12-23, 19:52


Non, ce sont les mêmes oeuvres et sans doute les mêmes interprétations sur un cd "Dacapo". Wink

Après avoir écouté cinq symphonies de Charles Tournemire, je change complètement d'horizon en me penchant désormais sur cinq symphonies d'un compositeur australien de la seconde moitié du vingtième siècle; Brenton Broadstock. Pour le moment, j'ai commencé par la fin en réécoutant la Symphonie n°4 - "Born from Good Angel's tears" (Nés des larmes de Bon Ange et la Symphonie n°5 - "Dark Side" (Côté sombre) par le "Krasnoyarsk Academic Symphony Orchestra" sous la direction de Andrew Wheeler. J'aime beaucoup le style tout en progression qui caractérise ces deux dernières symphonies. Etant resté longtemps sans les réécouter, je ne me rappelle plus si les trois premières sont dans ce style-là. Si je me fie aux courtes impressions que j'ai exprimées, il y a quelques années, sur le topic du compositeur, j'aurais une préférence assez nette pour les quatrième et cinquième. Ce qui m'a frappé lors de cette nouvelle approche, c'est qu'en passant de l'une à l'autre je n'avais pas vraiment l'impression de changer de symphonie, comme si la N°5 n'était que le prolongement spirituel de la N°4. Outre des orchestrations singulières et intéressantes, il y a un caractère méditatif et propice au rêve qui m'interpelle d'emblée. Ce ne sont pas les moments de fulgurance qui me touchent le plus dans ces deux symphonies de Broadstock - peut-être sera-t-il le cas dans les trois premières...?... - non, au contraire, c'est tout le cheminement, la progression, qui conduit inéluctablement vers le jaillissement des énergies, plus que le jaillissement lui-même qui, bien sûr, a sa raison d'être. De la quatrième, je retiens un tempérament particulièrement doux et raffiné, bien que ses climax victorieux ne manquent pas d'intensité ni de relief. C'est un tintamarre festif qui la conclura, célébrant ainsi les larmes de Bon Ange. La cinquième symphonie est considérée comme la plus autobiographique du compositeur Brenton Broadstock, faisant référence à plusieurs de ses anciennes oeuvres. Là encore, je peux aisément évoquer une introduction qui m'est irrésistible, parce qu'énigmatique qui mène à une première exposition chorale du thème par les cors et les trompettes, seulement le passage qui me fera complètement fondre s'exprime alors par une section introvertie et dominée par les cordes: le point culminant d'une douceur inouïe.
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-23, 23:20


Les symphonies de Brenton Broadstock possèdent toutes un sous-titre et les trois premières n'échappent donc pas à cette règle: Symphonie n°1 - "Toward the Shining Light" (Vers la lumière rayonnante - 1988), Symphonie n°2 - "Stars in a Dark Night" (Etoiles dans une nuit obscure - 1989) et Symphonie n°3 - "Voices from the Fire" (Voix du feu - 1992). Joachim nous confie sur le topic de Broadstock, à propos de sa seconde symphonie "qu'il se demande où il est allé chercher ce titre - Etoiles dans une nuit obscure - car cette oeuvre ne fait pas du tout penser à une nuit étoilée selon lui." Je pense qu'il faut d'abord tenir compte de la teneur forcément subjective d'un tel titre car il s'agit ni plus ni moins de la vision de son auteur et ce n'est pas parce qu'elle est celle du compositeur qu'elle est objective et qu'elle doit être la nôtre. Justement, la grande force de la musique et d'une symphonie en particulier est de laisser libre cours à l'imagination de chaque auditeur, chacun d'entre nous pouvant y voir tout autre chose que ce qui est suggéré par son sous-titre. Personnellement, à l'écoute de la seconde symphonie de Brenton Broadstock, j'ai complètement oublié cette indication et je n'y ai perçu aucune nuit étoilée ni aucune autre image qui serait aussi concrète que celle suggérée par l'auteur. Alors c'est vrai qu'il existe des oeuvres qui m'évoquent réellement la mer ou l'océan alors que leur titre s'y réfère ouvertement. Par exemple, la cantate The Tragic History of the Sea de Fernando Lopes-Graça m'évoque inévitablement la mer. Disons que celle-ci est palpable dès l'introduction par l'effet de balancement que la masse orchestrale fait parfaitement ressentir. Effectivement, dans la Symphonie n°2 de Broadstock, la "nuit étoilée" n'est pas aussi perceptible, donc beaucoup plus subjective, même si il y a effectivement un côté clair-obscur qui en domine l'ensemble. Entre la une, la deux et la trois, j'ai une nette préférence pour les "Voix du feu", c'est-à-dire la troisième qui contient selon moi des combinaisons sonores intéressantes et des idées fortes, sans compter un passage exquis et fort bien développé, pas de ces moments furtifs que l'on commence à trouver géniaux lorsqu'ils se dissolvent dans autre chose. Non, là, l'auditeur a le temps de s'installer dans l'émerveillement.

https://www.youtube.com/watch?v=54TESzprxi4
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-24, 12:18

Icare a écrit:
Les symphonies de Brenton Broadstock possèdent toutes un sous-titre et les trois premières n'échappent donc pas à cette règle: Symphonie n°1 - "Toward the Shining Light" (Vers la lumière rayonnante - 1988), Symphonie n°2 - "Stars in a Dark Night" (Etoiles dans une nuit obscure - 1989) et Symphonie n°3 - "Voices from the Fire" (Voix du feu - 1992). Joachim nous confie sur le topic de Broadstock, à propos de sa seconde symphonie "qu'il se demande où il est allé chercher ce titre - Etoiles dans une nuit obscure - car cette oeuvre ne fait pas du tout penser à une nuit étoilée selon lui." Je pense qu'il faut d'abord tenir compte de la teneur forcément subjective d'un tel titre car il s'agit ni plus ni moins de la vision de son auteur et ce n'est pas parce qu'elle est celle du compositeur qu'elle est objective et qu'elle doit être la nôtre.

Selon le compositeur, le titre de sa Première Symphonie, une oeuvre de 21 minutes d'un seul tenant, est tiré du "Pilgrim's Progress" de Bunyan, "mais la relation avec le livre s'arrête là", précise-t-il, visiblement soucieux de ne pas laisser la musique et l'auditeur envahis par des références extramusicales. "Ce qui m'a fasciné dans cette phrase, ce sont ses associations métaphoriques - atteindre des buts, réaliser des rêves, poursuivre le bonheur, la sécurité, la santé, le pouvoir or tout ce qui donne une signification et un but à notre existence."
Mais d'ajouter: "C'est une une oeuvre très personnelle. Elle est presque autobiographique et biographique. Elle raconte, de façon presque programmatique, la naissance de mon fils, la prise de conscience progressive de son handicap sévère et l'acceptation, sinon la compréhension, de son état. Pour moi, c'est cette acceptation qui est la "lumière rayonnante" du titre. Pour mon fil, la "lumière rayonnante" représente le lent combat pour parvenir à réaliser la moindre chose que nous, qui sommes "normaux", tenons pour acquise. Mon grand plus grand espoir est que lui et ceux qui lui ressemblent atteindront un jour leur "lumière rayonnante", qui leur est si cruellement refusée dans cette vie."

Voilà bien vingt ans à peu près que je n'avais pas écouté cette Première Symphonie, écrite alors qu'il était en résidence auprès de l'Orchestre symphonique de Melbourne (qui l'a enregistrée dès 1989 sous la direction du chef et compositeur Richard Mills) et, créée, dit-on, en présence de Messiaen.

Pas grand-chose de Messiaen, cela dit, dans cette musique essentiellement tonale, romantique même, avec quelques belles progressions, mais qui me laisse un peu sur ma faim par rapport aux grands compositeurs australiens de cette génération (Sculthorpe, Meale) et même par rapport aux deux autres oeuvres qui figurent sur le même disque: "Récurrences" (1986) de Barry Coningham (né en 1944) et, surtout, "Trilogie" (1977) de Don Banks (1923-1980) qui là, pour le coup, évoque parfois Messiaen (et pas mal d'autres styles européens, avec un petit côté années 1950 ou 1960, mêlant jazz et techniques aléatoires). Il est vrai que Banks étudia en Europe, notamment avec Dallapiccola à Florence, et, comme beaucoup de compositeurs australiens, vécut à Londres entre 1953 et 1973.
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MessageSujet: Rasmussen   Le règne de la symphonie Empty2018-12-24, 20:27

Des cinq symphonies de Brenton Broadstock, celle que j'aime le moins est la Première, puis disons que j'aime un peu plus la Seconde, un peu plus encore la Troisième que j'aime autant que la Quatrième, ma préférée demeurant la Cinquième. Chez certains compositeurs, il peut parfois y avoir un monde qui sépare ses symphonies, peut-être parce que dix années se sont écoulées entre l'une et l'autre ou simplement pour une question d'inspiration. Par exemple, chacun saisira le contraste qu'il y a entre la première et la seconde symphonie d'Alfred Schnittke, même si neuf ans les séparent. Chaque symphonie du compositeur russe me semble exprimer un monde très différent, sauf peut-être entre la Huitième et la Neuvième. Peu d'années séparent les symphonies de Brenton Broadstock, une seule entre la N°1 et la N°2, deux entre la N°2 et la N°3, quatre entre la N°3 et la N°4 et quatre entre la N°4 et la N°5. D'une symphonie à l'autre, je n'ai pas vraiment eu l'impression de changer d'univers mais plutôt d'un prolongement orchestral qui s'affine et se perfectionne au fil des oeuvres, la cinquième s'approchant de la perfection, un aboutissement en quelque sorte. Ce n'est pas une expérience que je retrouve chez tous les compositeurs, auteurs de plusieurs symphonies, où la dernière va systématiquement me paraître la plus aboutie, la plus mature. D'autre part, ça pourrait être le cas chez Schnittke sauf que, chez lui, ma symphonie préférée demeure la Première, peut-être parce qu'elle est à part, une grande fête ludique et quasi "bordélique" qui me fascine...L'imperfection peut avoir ce quelque-chose de profondément émouvant.

La symphonie que j'ai réécoutée ce soir, est du compositeur contemporain Sunleif Rasmussen et possède également un sous-titre; Oceanic Days. Ce sous-titre me renvoie à ce que j'expliquais plus haut sur la vision du compositeur et son degré de subjectivité, et ce que va percevoir l'auditeur pendant l'écoute. Je n'ai par exemple pas spécialement vu ou imaginé de "nuit étoilée" pendant l'écoute de la seconde symphonie de Brenton Broadstock, ce qui ne veux pas dire que je n'ai pas apprécié l'oeuvre ni qu'elle est ratée - ça veut juste dire que la "nuit étoilée" ne m'est pas apparue comme une évidence. Elle ne m'a pas été palpable comme le fut l'océan dans la Symphonie n°1 de Sunleif Rasmussen qui est une oeuvre très axée sur les timbres et les nuances, surtout dans les deux premiers mouvements, "Tranquillo" et "Largo". Dans le premier mouvement, j'ai vraiment ressenti la surface de l'océan avec sa mobile immobilité, ses réverbérations et ses teintes cristallines qui en forment une immense mosaïque. Une beauté glacée et hostile s'empare de ce "Tranquillo", une force tranquille. L'océan m'est vraiment apparu sous la forme d'un immense miroir fissuré de partout et brillant de mille scintillements et lueurs. Avec le second mouvement, cette mosaïque océanique prend une dimension plus intimiste, plus accessible, à dimension humaine. Ce "Largo" émeut. Après la fascination, l'émotion pure. Le "Cantabile" du troisième mouvement est d'un genre plus enlevé, mais aussi celui qui m'intéresse le moins.
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-25, 07:18


Juste avant d'aller dormir j'ai écouté deux symphonies de Joseph Haydn que je ne connaissais pas encore; la N°46 en si majeur et la N°47 en sol majeur. La N°45 en fa dièse mineur - "Les Adieux" figure sur la même galette mais je la réécouterai dans une autre version, en complément de la N°39. C'est la seule symphonie de Haydn que je possède désormais en double. J'ai vraiment bien aimé la N°46 et plus précisément le "Poco adagio" du second mouvement. Magnifique, celui-là! Dans la N°47, c'est également le second mouvement que je préfère.

<<Pour la Symphonie no 46, Haydn se tourna à nouveau vers une tonalité rarement utilisée, cette fois-ci le si majeur. Le premier mouvement est l’un des plus concis de Haydn: son premier sujet est à peine établi que la musique passe énergiquement au fa dièse majeur et à un second sujet basé sur le même matériau. La récapitulation est construite de manière encore plus concise, le thème secondaire émergeant du premier après une phrase de quatre mesures seulement. Pour ce mouvement lent et le trio du Menuet, Haydn passe au si mineur, mais le reste de la symphonie tourne autour du majeur. Le finale est un mouvement remarquable: d’une part il contient de longs passages à deux parties seulement (invariablement les deux groupes de violons), et d’autre part la musique s’interrompt souvent brusquement, ou s’estompe, en une ou plusieurs mesures de silence, puis l’apogée rappelle quelque trente-quatre mesures du menuet, avant que la coda spirituellement triste ne retourne à la musique du Presto.>> Matthiew Rye. 1991.

https://www.youtube.com/watch?v=CyaOO0o16I4


Même interprétation que celle que j'ai écoutée. Ce ne sont pas les mouvements rapides qui me touchent le plus dans les symphonies de Haydn mais j'aime beaucoup le premier de celle-ci, le "Vivace".

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MessageSujet: Antheil   Le règne de la symphonie Empty2018-12-25, 09:55

Une symphonie de chevet n°4:

En ce beau matin de Noël transpercé par un rayon de soleil bienvenu, J'ai réécouté la Symphonie n°4 de George Antheil par le "London Symphony Orchestra" (LSO) sous la direction de Sir Eugene Gossens. Une nouvelle fois, je me suis senti complètement possédé par cette oeuvre. Il y a souvent un petit grain de folie qui traverse la musique du compositeur américain, et c'est le cas dans celle-ci dont j'apprécie la versatilité, les changements d'humeur et de climats. Cette quatrième symphonie fut composée vers la fin de la seconde guerre mondiale. Elle déploie une très grande énergie et joue sur une vaste palette instrumentale. D'après ce que j'ai lu à son sujet, elle a été nourrie par différents événements tragiques de cette terrible guerre, mais je ne pourrais pas dire que le drame ou la mort pèse sur chaque note ou chaque mesure. Si le drame est bien présent, il se trouve transcendé par une grande musicalité et un caractère ludique qui "décoincent" les attaques péplumesques d'un orchestre symphonique en pleine possession de ses moyens. Le quatrième mouvement, écrit après la défaite nazie à Stalingrad, exprime un tournant, un espoir de victoire et finalement la victoire future. Il y a un grand jaillissement de vie dans l'"Allegro non troppo" final. La quatrième symphonie fut interprétée pour la première fois par Leopold Stokowski en février 1944. Je ne m'y suis pas ennuyé une minute, comme chahuté par de multiples rebondissements et un récit touffu, intense et sans grand répit, si ce n'est quelques accalmies bienvenues pour mieux rebondir sur des fulgurances où la vie domine finalement la mort. Tout compte fait, en écrivant ces lignes, je m'aperçois que j'aime beaucoup les symphonies composées pendant la seconde guerre mondiale, puisse-t-il s'agir de la N°1 d'Einar Englund, de la N°2 de Gavriil Popov, la N°2 d'Arthur Honegger, les N°7 & 8 de Dmitri Chostakovitch et donc la N°4 de George Antheil.

https://www.youtube.com/watch?v=AC0zYaaTDn8


Dernière édition par Icare le 2018-12-25, 14:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-25, 11:15

Icare a écrit:
J'ai réécouté la Symphonie n°4 de George Antheil par le "London Symphony Orchestra" (LSO) sous la direction de Sir Eugene Gossens.

A noter que Goossens a lui-même composé de très intéressantes symphonies.

Icare a écrit:
Tout compte fait, en écrivant ces lignes, je m'aperçois que j'aime beaucoup les symphonies composées pendant la seconde guerre mondiale, puisse-t-il s'agir de la N°1 d'Einar Englund, de la N°2 de Gavriil Popov, la N°4 d'Arthur Honegger, les N°7 & 8 de Dmitri Chostakovitch et donc la N°4 de George Antheil

Englund et Popov, je ne sais plus, mais pour Honegger, sa "symphonie de guerre" n'est pas la Quatrième, sous-titrée "Deliciae basiliensis", qui doit dater de la fin des années 1940, ni même la Troisième, certes encore marquée par la guerre, qui date de 1946, mais la Deuxième, pour cordes, qui date de 1941.
Elle porte clairement l'influence de ces années les plus sombres de la guerre, jusqu'au lumineux choral final où vient s'ajouter une trompette pour conclure dans une lumière et une énergie éclatantes. Message on ne peut plus clair de la part de cet humaniste qu'était Honegger, et reçu cinq sur cinq dès 1942 dans l'enregistrement visionnaire qu'en réalisa Charles Münch.
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MessageSujet: Re: Le règne de la symphonie   Le règne de la symphonie Empty2018-12-25, 12:17

Ô distraction ou faute de frappe, c'est bien-sûr chez Honegger la N°2 que je voulais mentionner. La N°4 chez Antheil. Je corrige.
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MessageSujet: Beethoven   Le règne de la symphonie Empty2018-12-25, 18:25

Je vais désormais réécouter plusieurs symphonies de Ludwig Van Beethoven, à l'exception de la Première et de la Huitième. J'ai d'abord commencé avec la Symphonie n°3 en mi bémol majeur - "Héroïque". Chacun ici connaît forcément la petite histoire. Elle fut composée durant l'été 1803, lorsque Beethoven considérait Napoléon comme une incarnation romantique de la lutte pour la liberté, et ce fut précisément en pensant à lui que le grand compositeur créa son oeuvre qu'il intitula dans un premier temps "Bonaparte". Plus tard, quand il apprit que Napoléon s'était fait couronner empereur, il remplaça le titre par celui de "Symphonie Héroïque". "On" a cru voir aussi dans la première dédicace de cette oeuvre à Napoléon le désir de la part de Beethoven de quitter la cour de Vienne - avec la dépendance obligatoire du patronage de l'aristocratie - pour Paris - où les cercles artistiques étaient plus libres et plus indépendants...La symphonie se compose de quatre mouvements dont trois sont imposants, seul le troisième, un "Scherzo: allegro vivace" est plutôt court. Je suis très sensible au chant du premier mouvement ainsi qu'un effet de questions-réponses entre les instruments de l'orchestre, notamment le cor anglais, la flûte et les violons: l'effet y est saisissant. Le second mouvement est également très prenant, en fait, il s'agit d'une symphonie merveilleuse en entier qui berce l'auditeur autant qu'elle le transporte dans le drame et le recueillement, plus principalement avec l'"Adagio assai" du second mouvement dont l'introduction est très solennelle. Magnifique retour du cor anglais dans une tonalité très claire et très douce, à moins qu'il s'agisse d'un hautbois, son plus proche voisin. Cette symphonie, dans son ensemble, véhicule grâce, enthousiasme et vaillance, en parfaite osmose avec son sous-titre.

https://www.youtube.com/watch?v=-hO9iiy5zGQ
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