Hilda PAREDES, née en 1957

Eléments biographiques:

         Hilda Paredes est l'un des plus grands compositeurs contemporains du Mexique et a reçu de nombreux prix prestigieux pour son travail. Elle est née en 1957 et réside actuellement à Londres. Elle épouse alors le célèbre violoniste anglais Irvine Arditti. Pour être un peu plus précis, elle est née à Tehuacan (Puebla) au Mexique, où elle a étudié le piano et la flûte. À l'âge de 21 ans, elle s'est rendue à Londres où elle a continué ses études et aiguisé ses compétences de flûtiste. Elle a régulièrement joué, et a fait des arrangements pour la musique populaire et classique avec différents ensembles instrumentaux. Parallèlement, elle s'appliqua à réaliser ses propres compositions. Hilda Parades a étudié avec Peter Maxwell Davies et Richard Rodney Bennett. Après avoir terminé ses études à la "Guildhall School of Music" , elle a obtenu son "Master of Arts" à "City University" de Londres et a complété son doctorat à l'Université de Manchester. Sa collaboration avec les chorégraphes l'a amenée à recevoir le Prix de la musique pour la danse du Conseil des arts de la Grande-Bretagne en 1988. Peu de temps après sa collaboration avec le "Garden Venture Opera Project", à Dartington, elle a composé son premier opéra de chambre The Seventh Seed.

Hilda Paredes continue d'être impliquée dans la vie musicale de son pays natal, enseignant à l'Université nationale de Mexico, en tant que producteur radio de musique nouvelle, et collaborant avec l'Orchestre de Basse-Californie pour organiser des chansons traditionnelles espagnoles et mexicaines. Elle a reçu des prix importants, comme la confrérie du Conseil des Arts de Grande-Bretagne pour les compositeurs; le Rockefeller, le Fonds pour la culture Mexique / États-Unis et plus récemment la bourse JS Guggenheim aux États-Unis. La très active Hilda Paredes continue de vivre à Londres, est un compositeur indépendant, a enseigné la composition et a donné des conférences à l'Université de Manchester, à l'Université de San Diego en Californie, ainsi qu'au Mexique, en Espagne, au Centre Acanthes en France et a été professeur invité à Darius Milhaud 2007 à Mills College aux États-Unis. Son deuxième opéra de chambre El Palacio Imaginado, commandé par "Musik der Jahrhunderte", l'Opéra National anglais et le Festival des Arts et des Idées à New Haven, a été présenté avec beaucoup de succès des deux côtés de l'Atlantique. Les talents de compositeur de Hilda Paredes ont été sollicités par des solistes, des ensembles et des orchestres à travers le monde. Sa musique a été réalisée par des ensembles de renommée internationale tels que Lontano , London Sinfonietta , Ensemble Modern , Neue Vocalsolisten, Ensemble Sospeso et Arditti Quartet. Il a été largement interprété dans d'importants festivals internationaux, tels que Huddersfield au Royaume-Uni; Eclat en Allemagne; Musica et Octobre en Normandie, en France; Wien Modern, en Autriche; Festival de musique Akiyoshidai, au Japon; Archipel, à Genève; Festival de musique de chambre De Ijsbreker, à Amsterdam; Varsovie Automne, en Pologne; Ultima, à Oslo; Melbourne Festival, en Australie; Festival des arts et des idées aux États-Unis, Ars Musica à Bruxelles; Festival d'Alicante, en Espagne; Festival Internacional Cervantino au Mexique, entre autres.

Paul Griffiths écrit à propos de Hilda Paredes:

Si active et pourtant si calme, si libre dans ses gestes et pourtant si centrée, la musique pour cordes de Hilda Paredes atteint un équilibre rare, aérien. Elle pourrait être comparée à un cerf-volant.

Ca tombe bien, j'aime beaucoup les cerfs-volants. Pour l'instant, je n'ai écouté qu'une fois les cinq compositions de Hilda Paredes que j'ai en ma possession; Cuerdas del destino pour quatuor à cordes, Canciones lunaticas pour contre-ténor et quatuor à cordes, Papalote, première version pour (treble) voix et violon et seconde version pour (treble) voix et quatuor à cordes et In Memoriam Thomas Kakuska pour violon seul. J'ai besoin d'une seconde écoute pour mieux m'en imprégner, pour mieux percevoir les couleurs et la volatilité de ce cerf-volant.

Icare a écrit:

Pour l'instant, je n'ai écouté qu'une fois les cinq compositions de Hilda Paredes que j'ai en ma possession; Cuerdas del destino pour quatuor à cordes, Canciones lunaticas pour contre-ténor et quatuor à cordes, Papalote, première version pour  (treble) voix et violon et seconde version pour (treble) voix et quatuor à cordes et In Memoriam Thomas Kakuska pour violon seul. J'ai besoin d'une seconde écoute pour mieux m'en imprégner, pour mieux percevoir les couleurs et la volatilité de ce cerf-volant.

Je dois dire que je ne m'attendais pas vraiment à une écriture "si radicalement contemporaine" dans la mesure où je pensais y trouver plus d'arrondis, de flottements. Au contraire, dès le départ, le quatuor à cordes Cuerdas del destino (2007-O8) inscrit une certaine austérité dans le ton, et plutôt rèche dans les encornures. Je ne suis pas en train de dire que j'ai été offusqué. J'ai l'habitude de ce style de musique, surtout depuis les années que j'écoute de la musique contemporaine. Mon oreille y est préparée, disposée. C'est juste que je m'étais imaginé autre chose de l'approche de Hilda Paredes, d'où la nécessité d'une seconde écoute. Certes, le quatuor à cordes ne s'est pas révélé sous une autre lumière et, pour le moment, l'intérêt que je lui porte reste mineur mais réel. Je crois à l'apprivoisement d'une oeuvre musicale - j'ai cette expérience - et je ne pense pas que la bonne musique soit systématiquement celle qui séduit immédiatement. Canciones lunaticas (2008-09) pour contreténor et quatuor à cordes me tient un peu plus en haleine. Je sens bien qu'il s'y passe quelque-chose de profond: l'intensité est là, même si je ne vois pas encore le cerf-volant. Je commence réellement à le voir avec les trois oeuvres suivantes; Papalote, aussi bien la version pour voix et violon (2000) que celle pour voix et quatuor à cordes (2007) et In Memoriam Thomas Kakuska (2010) pour violon seul. Papalote est une pièce courte qui n'atteint pas les six minutes. La pièce pour violon seul, quant à elle, dépasse les neuf minutes. Dans ces trois pièces, la volatilité du cerf-volant me fut magnifique, sans compter que les musiques pour violon non accompagné qui me fascinent de la première note à la dernière ne sont pas si nombreuses...

Je n'étais pas sûr d'être dans l'humeur adéquate pour apprécier une musique aussi particulière, aussi "contemporaine" au sens où on l'entend lorsque l'on veut désigner une oeuvre atonale, élitiste, difficile d'accès. Dans un premier temps, j'avais esquivé le quatuor à cordes Cuerdas del Destino (2007-08) parce que, lors des écoutes précédentes, je l'avais trouvé trop hermétique. J'étais directement passé aux suivantes, Canciones Lunaticas pour contre-ténor et quatuor à cordes (2008-09), Papalote, version 2000 pour voix et violon et version 2007 pour voix et quatuor à cordes, et In Memoriam Thomas Kakuska (2010) pour violon seul. J'avais déjà évoqué la dimension poétique de la pièce pour violon solo interprétée par Ashot Sarkissjan. De ces quatre oeuvres écoutées, c'est sans doute celle où l'approche de Hilda Paredes m'est la plus captivante, parce que, plus globalement, elle me laisse plutôt entre deux eaux: j'y décèle un certain raffinement, une certaine recherche qui n'exclut pas la beauté, mais sans que j'en ressorte fasciné, extasié. La bonne idée fut de revenir sur l'oeuvre que j'avais contournée, peut-être un peu par paresse; le quatuor à cordes Cuerdas del Destino. Cette fois, l'adhésion fut totale au point que je ne comprenais pas ce qui se passait. Mon appréhension se dissipa comme par magie, à croire que j'étais en train de percer un mystère ou, plus visuellement, la carapace d'une oeuvre qui, jusque là, m'avait tenu à distance, en retrait, me privant ainsi de toute émotion possible. Le quatuor joue beaucoup sur les pizzicati, je dirais même qu'ils en sont en grande partie l'architecture. La dimension poétique m'a alors conquis et il en ressort à mes oreilles l'opus le plus captivant du disque, celui qui m'avait laissé si dubitatif lors des précédentes écoutes, si circonspect, celui que j'ai failli boudé ce soir...Par le "Arditti Quartet".

https://www.youtube.com/watch?v=xSY3zoa5EWc

Depuis longtemps je m'intéresse aux compositeurs d'Amérique latine. Je trouve souvent dans leur musique tout ce qui m'anime, m'émerveille, comme si j'avais un lien mystérieux avec cette vaste région du monde. Je dis "mystérieux" car je n'en suis pas originaire, du moins à ma connaissance, n'y suis en tout cas pas né. Mais j'aime l'histoire des pays d'Amérique latine, leurs traditions et bien sûr leurs musiques, savantes ou issues des folklores locaux. J'en aime les rythmes ensoleillés et toutes les couleurs qui, en général, les illuminent. Mon rêve: assister un jour au Carnaval de Rio, au Brésil.    Je pense à Heitor Villa-Lobos puisque je viens d'évoquer le Brésil, mais aussi bien au-delà de ses frontières avec Sylvestre Revueltas, Paul Desenne et même Astor Piazzolla, beaucoup d'autres, Marlos Nobre, Leo Brouwer, Alberto Ginastera, Samuel Zyman, Carlos Chavez et bien sûr Lalo Schifrin qui est le premier compositeur d'Amérique latine auquel je me suis assidûment intéressé. Ces derniers jours, j'ai réécouté des oeuvres de Revueltas; Sensemayà, La Noche de Los Mayas (1939), Ventanas, par le "Los Angeles Philharmonic new Music Group"; Ocho por Radio, Homenaje a Federico Garcia Lorca, First Little Serious Piece, Second Little Serious Piece, le tout sous la direction d'Esa-Pekka Salonen, Paul Desenne; Las Dos Estaciones (del tropico Caribeno) (2003) et Astor Piazzolla; Les 4 Estaciones Portenas, par l'"Unitas Ensemble". Jusque là, ce sont des musiques chaudes, généreuses, hautes en couleurs, fougueuses et incisives. La rupture de ton et de style est plutôt brutale avec la Mexicaine Hilda Paredes dont l'approche est nettement plus austère, plus cérébrale, plus "intellectuelle". Ce n'est absolument pas un reproche dans l'absolu car l'approche artistique d'un compositeur d'Amérique latine n'est pas obligée de correspondre à l'idée que j'en ai, et cela par le biais d'un bon nombre d'auteurs dont ceux cités ci-dessus. J'ai réécouté les oeuvres d'Hilda Paredes que j'ai déjà mentionnées plus en amont sur ce même topic et je suis en train de découvrir Senales pour un ensemble instrumental de neuf musiciens, sous la direction d'un chef d'orchestre dont le nom n'est pas crédité. C'est une musique très influencée par le "modèle contemporain" occidental, avec ses silences, ses ruptures de ton, le côté "haché" et rigide du langage sériel. Dans l'album pour cordes avec voix solo que j'ai en ma possession, malgré une certaine rudesse dans le récit musical, il y a bien un côté aérien, suspendu, qui me rend l'ensemble assez poétique, poétiquement austère mais bel et bien poétique, ce qui fait que j'y suis désormais attaché. L'emploi de la voix y est pour quelque-chose. Par exemple, la version 2007 de Papalote pour voix triple et quatuor à cordes en est en quelque-sorte l'aboutissement, ce qui est formidable puisque c'est le morceau qui conclut l'album. Senales n'accomplit pas ce miracle à mon oreille, même s"il se passe des choses, des sursauts de vie au sein d'un chaos organisé. Je ne ressens aucun enthousiasme particulier pour cet opus mais pas d'ennui non plus...

https://www.youtube.com/watch?v=FVIBHNtz5o0