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 Le Comte de Saint-Germain (v. 1690? v. 1784 ??)

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joachim
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joachim

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MessageSujet: Le Comte de Saint-Germain (v. 1690? v. 1784 ??)   Le Comte de Saint-Germain (v. 1690? v. 1784 ??) EmptyVen 20 Jan 2017 - 12:31

Le comte de Saint-Germain est un aventurier du xviiie siècle, probablement né entre 1690 et 1710 et mort à Eckernförde (Schleswig) en 1784.

Sa naissance n'a pu être conjecturée que sur la base de quelques témoignages épars, dont celui de son ami le prince Frédéric II de Hesse-Cassel, qui laissent supposer qu'il était l'enfant illégitime du prince François II Rákóczi de Transylvanie et de la princesse Violante-Béatrice de Bavière, de la maison de Wittelsbach, et qu'il fut élevé à Florence par Gian' de Medici, beau-frère de la seconde. Quoi qu'il en soit, certains virent en lui le descendant caché de quelque personnalité royale, et dans cette filiation supposée la raison de son intimité avec le roi Louis XV. Ainsi a-t-on pu également reconnaître en lui l'enfant naturel de la reine d'Espagne Marie-Anne de Neubourg, et d'un noble, le comte de Melgar. Ces liens de parenté, dont aucun n'est avéré, expliqueraient le train de vie aisé qu'il a toujours mené, son éducation et sa culture. En effet, outre ses connaissances certaines en chimie, Saint-Germain est reconnu par ses contemporains comme un homme de très grand savoir, musicien habile et peintre de qualité.

Résidant à Londres où il brille dans les salons comme musicien, Saint-Germain quitte la capitale britannique en 1746. On perd sa trace pendant 12 ans. Pour certains, il se retire en Allemagne où il se consacre à ses recherches chimiques et alchimiques. Pour d'autres, il voyage jusqu'en Inde et au Tibet : aucune preuve de ces périples n'est avancée, mais on constate plus tard, en effet, que le comte a une profonde connaissance de l'Orient. Il arrive à Paris au début de 1758 et, aussitôt, adresse une requête à Marigny, directeur des Bâtiments du Roi. Il demande qu'une maison royale soit mise à sa disposition afin qu'il puisse y installer un laboratoire et une manufacture, promettant en échange à Louis XV « la plus riche et la plus rare découverte qu'on ait faite ». Marigny lui attribue le château de Chambord, grande bâtisse désertée. Saint-Germain installe ses assistants, ses ouvriers et son laboratoire dans les communs.

Pourtant, il est plus souvent à Paris qu'à Chambord. Il se fait présenter à la marquise de Pompadour, qui l'introduit auprès du roi, Louis XV. Celui-ci apprécie immédiatement le brillant personnage qui, très vite, devient l'un de ses familiers.

Si le comte s'est attiré la sympathie du roi, il s'est en revanche aliéné le puissant duc de Choiseul, principal ministre de Louis XV, qui lancera une campagne pour le discréditer. Choiseul paie un amuseur nommé Gauve pour imiter le comte de Saint-Germain et se faire passer pour lui. Gauve parcourt les salons sous l'identité de Saint-Germain et raconte les histoires les plus invraisemblables : il aurait bu avec Alexandre le Grand, il aurait connu Jésus et lui aurait prédit une fin abominable.

Rapidement, la supercherie est dévoilée et Gauve reconnu. Contrairement à ce qu'attend Choiseul, le vrai Saint-Germain n'en sort pas ridiculisé, mais grandi.

Le 14 février 1760, le roi, voulant en finir avec la ruineuse Guerre de Sept Ans, envoie le comte aux Pays-Bas pour négocier des pourparlers de paix. Choiseul parvient à y intercepter les courriers du Comte et à convaincre le roi qu'il est un espion au service de la Prusse. Sur le point d'être arrêté, il s'enfuit en Angleterre, se réfugiant à Londres pendant trois mois. On le signale alors en Italie, en Russie, en Saxe et en Prusse : partout il cherche à monter des recherches sur les pigments et les couleurs.

Dans ses Souvenirs apocryphes publiés à titre posthume pour la première fois en 1836, la comtesse d'Adhémar, dame du palais de la reine Marie-Antoinette, consacre un long paragraphe au comte de Saint-Germain. Elle relate, entre autres, la démonstration de transmutation d'une pièce d'argent en or que fit Saint-Germain devant son premier mari, le marquis de Valbelle. Dans un autre chapitre, la comtesse d'Adhémar raconte la visite de Saint-Germain (il se fait alors appeler monsieur de Saint-Noël) qui veut prévenir le roi Louis XVI des malheurs à venir de la Révolution française : « Ce règne lui sera funeste [à Louis XVI]... Il se forme une conspiration gigantesque qui n'a pas encore de chef visible, mais il paraîtra avant peu. On ne tend à rien moins qu'à renverser ce qui existe, sauf à le reconstruire sur un nouveau plan. On en veut à la famille royale, au clergé, à la noblesse, à la magistrature. Cependant, il est temps encore de déjouer l'intrigue : plus tard ce serait impossible ». Elle l'introduit discrètement auprès de la reine Marie-Antoinette (sans doute en 1774) et est témoin de ses étonnantes révélations à la reine : « Le parti encyclopédiste veut le pouvoir, il ne l'obtiendra que par l'abaissement total du clergé, et pour parvenir à ce résultat, il bouleversera la monarchie ». Il prédit le rôle du duc de Chartres et sa fin funeste : « on lui proposera la couronne de France, et l'échafaud lui tiendra lieu de trône » ainsi qu'une guerre civile et « une république avide dont le sceptre sera la hache du bourreau ». L'entrevue avec le roi Louis XVI, dans le but de lui donner des révélations plus complètes, n'aura pas lieu, car le comte de Maurepas, son ministre, voudra faire arrêter Saint-Germain. Ce dernier, le pressentant, disparaîtra.

La comtesse d'Adhémar conclura ainsi de cette étonnante entrevue : "La reine y pensa encore quelquefois, mais insensiblement elle en perdit le souvenir".


En 1766, il se met sous la protection du roi de Prusse Frédéric II mais le quitte l'année suivante. Il arrive enfin à Gottrop, sur la Baltique, où il est hébergé par le prince de Hesse-Cassel. Il meurt le 27 février 1784 à Eckernförde, dans le Schleswig, âgé de 93 ans selon son hôte, qui fut sans doute aussi son principal confident.


La légende

Saint-Germain, personnage exceptionnel qui, amusé par les rumeurs, ne les a jamais démenties, reste dans l'histoire car il symbolise le plus vieux rêve de l'homme : l'immortalité.

Il était habillé de vêtements couverts de bijoux, n'absorbait que des pilules, du pain et du gruau et parlait et écrivait le grec, le latin, le sanscrit, l'arabe, le chinois, le français, l'allemand, l'anglais, l'italien, le portugais et l'espagnol. Il peignait et, virtuose au clavecin et au violon, il composait aussi de la musique. Il aurait été très versé en chimie et alchimie. Les gens de l'époque croyaient qu'il avait accompli le Grand Œuvre alchimique qui apporte l'immortalité. On lui attribue d'ailleurs l'ouvrage d'alchimie La Très Sainte Trinosophie, mais cela n'est pas prouvé et souvent contesté. Il avait une grande passion pour les pierres précieuses, dont il avait toujours de grandes quantités [réf. nécessaire], souvent d'une grosseur extraordinaire, et affirmait détenir un secret permettant de faire disparaître les défauts des diamants.

Les croyances populaires lui prêtaient le souvenir de ses vies antérieures et une sagesse correspondante : il aurait disposé d'un élixir lui ayant donné une vie très longue, de deux à quatre mille ans, supposait-on, ce qui lui permettait de raconter les noces de Cana ou les intrigues de la cour de Babylone. Dans une lettre du 15 avril 1760 à Frédéric II, Voltaire disait de lui « C’est un homme qui ne meurt point, et qui sait tout » et Frédéric II l'appelait « l'homme qui ne peut pas mourir ». Lui-même semble avoir été là-dessus plus modéré puisqu'il aurait seulement dit qu'il avait trois cents ans et son domestique, interrogé sur ce point, se serait borné à répondre : « Je ne puis vous le dire : il n’y a que cent ans que je suis à son service. »

Le compositeur Rameau se souvenait d'avoir vu Saint-Germain en 1701. La comtesse de Cergy l'avait vu à Venise, où elle était ambassadrice, 50 ans plus tôt.

Ce sont en réalité les manières et l'originalité de Saint-Germain, et notamment sa façon de conter l'Histoire de France comme s'il en avait connu les protagonistes (François Ier et consorts), qui lui valent dans les années 1750 certaines faveurs auprès de quelques représentants de la cour, à commencer par Madame de Pompadour. Plusieurs extraits des Mémoires de Casanova corroboreront l'idée selon laquelle le comte « témoignait » effectivement avec beaucoup de réalisme des époques les plus reculées (une anecdote est donnée dans laquelle le comte laisse croire à sa présence au Concile de Trente). Saint-Germain est aussi présenté par Casanova comme « savant, [parlant] parfaitement la plupart des langues ; grand musicien, grand chimiste, d'une figure agréable ». Son intérêt pour la recherche de moyens propres à augmenter la durée de la vie humaine eut aussi pour effet d'augmenter les rumeurs courant déjà sur sa longévité supposée hors du commun.

Il convient aussi d'insister sur le rôle du comédien Gauve (alias "milord Gor", ou "Gower", ou "Qoys"), mentionné ci-dessus, se faisant passer pour le Comte dans les quartiers populaires de Paris, dans l'édification de la légende. Ce dernier, qui décrit avec force détails et persuasion de soi-disant entrevues avec le Christ et certaines figures de l'Antiquité chrétienne, contribue grandement à la naissance et à l'amplification de la rumeur d'immortalité. Jean-Pierre-Louis de Luchet, inventeur, dans ses Mémoires authentiques pour servir à l'histoire du comte Cagliostro (Berlin, 1785), d'une rencontre aussi baroque que fantasmagorique entre Saint-Germain et Cagliostro, mentionne également ce lord Gor, ou Gauve, qu'il assimile abusivement au comte.

Obligé de fuir la France en 1760 sous la pression de sombres affaires, ce dernier voyagea en Prusse, Russie, Italie, Angleterre, et Autriche (où on le vit souvent à Vienne, « quartier général des Rose-Croix ») et s'arrêta finalement à la cour du landgrave de Schleswig-Holstein, alchimiste fervent.

Des hypothèses ont circulé sur ses actions d'espionnage, mais au profit de qui ? Il aurait été au moins agent triple, tandis que diverses allégations rapportent son attachement au principe monarchique ou même à l'hégémonie allemande rosicrucienne.

Selon la marquise de Créquy, il soutira cent mille écus en quatre ans à Madame d'Urfé, pour la cabale et la pierre philosophale.

Casanova a raconté son entrevue à La Haye avec le Comte, vêtu d'un costume d'Arménien, le même que l'on prêtait au Juif errant, autre incarnation du mythe de la longévité perpétuelle, mythe qui disparut incidemment au xviie siècle. Mais Casanova soupçonna le Comte de prestidigitation et d'imposture.

Goethe aurait été un de ses disciples. Napoléon III, initié aux Carbonari (« maçonnerie » du bois) s'intéressa au Comte de Saint-Germain et chargea la police de rassembler aux Tuileries tous les indices possibles le concernant. Ce dossier aurait brûlé lors de l'incendie qui ravagea ce Palais parisien en 1871, ce qui fait qu'il ne reste presque plus aucune trace de l'identité réelle ou prétendue de Saint-Germain.

Plusieurs auteurs joueront assez vite un rôle dans la propagation d'une légende qui dépassera bien vite la réalité historique. Etteilla affirme notamment, lorsque les journaux annoncent la mort du Comte, qu'il y a eu confusion sur l'identité réelle du décédé, que le vrai Comte de Saint-Germain, son maître direct depuis vingt ans, vrai cabaliste et magicien hermétiste, auteur de L'entrée au palais fermé du roi (1645), est toujours en vie, habite en Amérique, et se porte à merveille. En 1932, un aviateur américain dont l'appareil s'était écrasé près d'un monastère tibétain, raconta qu'il avait rencontré parmi les moines un homme qui prétendait être le Comte de Saint-Germain (Louis Pauwels, 1977). Quelques assertions de l'abbé Barruel entretiendront par la suite la légende sur l'immortalité de Saint-Germain, après maîtrise de la métempsycose. Mademoiselle Lenormand n'accrédite pas moins l'idée de sa survivance durant le Premier Empire, et le baron de Gleichen, en ses Souvenirs (Denwürdigkeiten, 1847), défendra l'idée d'un comte de Saint-Germain ayant vécu depuis l'Antiquité.

Le comte de Saint-Germain inspira par la suite de nombreuses œuvres de fiction jusqu'à l'époque contemporaine.


Violoniste et claveciniste, chanteur, le mystérieux Saint-Germain était aussi compositeur, comme en témoignent ses :

Sonatas for two violins with a bass for the harpsicord or violoncello, Saint-Germain (Le Comte de), [J. Walsh] (London), 1750.


https://www.youtube.com/watch?v=I3g3tfygl2M

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Anouchka

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MessageSujet: Re: Le Comte de Saint-Germain (v. 1690? v. 1784 ??)   Le Comte de Saint-Germain (v. 1690? v. 1784 ??) EmptyJeu 9 Fév 2017 - 23:52

Très intéressant, merci Joachim. Je crois que les historiens ne démêleront, et pour cause (la pelote est inextricable), jamais la vérité.
Cela me fait penser à Cagliostro...., et à Messmer aussi dont on sait bien qu'il fut certes savant et chimiste, mais sacrément manipulateur et charlatan...

Une question sur sa musique (que je trouve pas mal, sans plus) : Est-on sûr que c'est bien lui ? Laughing
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joachim
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MessageSujet: Re: Le Comte de Saint-Germain (v. 1690? v. 1784 ??)   Le Comte de Saint-Germain (v. 1690? v. 1784 ??) EmptyVen 10 Fév 2017 - 20:19

Anouchka a écrit:


Une question sur sa musique (que je trouve pas mal, sans plus) : Est-on sûr que c'est bien lui ? Laughing

Elles ont été éditées sous son nom chez John Walsh à Londres, ce qui évidemment ne garantit pas qu'elles sont vraiment de St Germain (pour les éditeurs le "on ne prête qu'aux riches" s'est souvent appliqué. Pour vendre des copies, vaut mieux un nom connu... et St Germain n'était pas un inconnu à l'époque).
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