Les quatre ballades pour piano de Frédéric Chopin ont été composées entre 1831 et 1842.
Bien que la Ballade était une forme lyrique existante depuis le Moyen-âge (en tant que pièce vocale accompagnée), le terme fut ensuite surtout utilisé pour désigner le genre poétique du même nom, genre que les poètes romantiques remirent au gout du jour durant le 19ème siècle.
C'est de cet héritage littéraire que Chopin s'inspire vaguement (Chopin n'avait pas pour habitude de s'inspirer d'œuvres littéraires pour ses pièces musicales, contrairement à Schumann ou Liszt) pour la composition de ces ballades , première ballades purement instrumentales de l'histoire, ou en tous cas les premières à porter ce nom. En effet, la ballade est un genre formellement très libre qu'un novice pourra comparer à une fantaisie voire à une nocturne. Si l'on extrapole, on peut dire que c'est un mélange des deux, mais il est impossible d'en donner une définition précise et rigoureuse, et il semble que si Chopin les a appelés ainsi, c'est ,selon Schumann, pour rendre hommage à son compatriote, le poète polonais Mickiewicz, illustre compositeur de ballades poétiques. Hypothèse qui reste néanmoins peu probable pour les raisons évoquées précédemment.
Il n'y a pas de réel lien entre les quatre ballades qui ne se ressemblent véritablement sur aucun point.
Ballade n°1 en sol mineur, op.23
Composée en 1831 et 1835 à Vienne et Paris, et éditée en 1836. Elle est dédié au Baron de Stockhausen, ambassadeur de Hanovre.
La ballade préférée de Chopin, qui plaisait également beaucoup à Schumann. Liszt voyait en elle une « odyssée de l'âme de Chopin », ballade au ton majoritairement plaintif mais sans mièvrerie aucune. Elle sonde tout les sentiments, bonheur, mélancolie, tristesse, allégresse...passe de l'un à l'autre avec brio avant d'en revenir au ton initial, sombre, grave et déchirant. Son exécution requiert une solide technique.
A noter que cette ballade connut un regain de popularité auprès du grand public suite à sa présence dans le film Le pianiste de Roman Polanski.
Ballade n° 2 en fa majeur, op.38
Composée entre 1836 et 1839, à Nohant et Majorque, et éditée en 1840. Elle est dédiée à Schumann, qui lui-même avait dédié ses Kreisleriana à Chopin.
Ballade alternant rêveries douces et envolées sauvages et passionnelles. Selon Schumann , qui décidément était un littérateur irréductible, elle aurait été inspirée à Chopin par un poème de Mickiewicz, Le Switez. Mais encore une fois, c'est peu probable...
Ballade n°3 en la bémol majeur, op.47
Composée en 1840 et 1841 à Paris et Nohant, et éditée à Paris en 1841 et à Londres en 1842. Elle est dédiée à Pauline de Noailles, une élève de Chopin. Sa première audition publique eut lieu le 21 février 1842 dans les salons Pleyel à Paris. Chopin lui-même en était l'interprète.
Ballade différant des précédentes et de la suivante par son caractère chantant et sa fraîcheur poétique, même si comme de coutume chez Chopin on y discerne quelques éclairs ténébreux et des relents d'angoisses, effacés par la gaieté du final.
Ballade n°4 en fa mineur, op.52
Composée en 1842 à Paris et Nohant, et editée en 1843. Elle est dédiée à la baronne Nathaniel de Rothschild.
Un des sommets de l'écriture harmonique chopinienne, et un des grands chef-d'œuvres du répertoire pianistique romantique. Chopin y superpose deux thèmes, l'un triste et le second plus serein, en évitant tout antagonisme, on y retrouve l'alternance de sentiments divers traversés par un art absolu de la polyphonie.