Nombre de messages : 26947 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Conon de Bethune (1150-1220) 2016-06-05, 12:18
Conon de Béthune est un trouvère et croisé né vers 1150 et mort le 17 décembre 1219 ou 1220 à Constantinople ou Andrinople.
Renommé pour ses chansons d'amour et de croisade, il participe aux IIIe et IVe croisades dans lesquelles il tient un rôle politique important.
Conon naît vers 1150, dixième fils de Robert V de Béthune, seigneur de Béthune et avoué de l'abbaye Saint-Vaast d'Arras et d'Adélide de Saint-Pol. Il est le frère de Baudouin de Béthune, comte d'Aumale et fidèle des rois Henri II d'Angleterre et Richard Cœur de Lion. Par sa grand-mère, Conon de Béthune est lié aux comtes de Hainaut. Il eut pour maître son parent Huon d'oisy et pour amis des trouvères célèbres tels Blondel de Nesle ou Gace Brulé.
D'après l'un de ses poèmes, sa première apparition devant la cour du roi de France se fait lors du mariage de Philippe II et de Isabelle de Hainaut en 1180 où il chante ses chansons devant Marie de Champagne. Là, ses chansons ne furent guère appréciées de la reine-mère Alix de Champagne et du roi qui se moquèrent ouvertement de son langage artésien. Cependant, ce qui lui causa le plus de peine, c'est qu'ils lui reprochèrent ses mots d'Artois devant sa protectrice.
Après avoir participé à la troisième croisade, Conon, ainsi que son frère Guillaume, prend part à la quatrième en 1202. Il accompagne Baudouin VI de Hainaut et sert d'orateur. Son éloquence, sa sagesse et sa chevalerie sont loués par Geoffroi de Villehardouin qui dit de lui "Bon chevalier et sage estoit et bien éloquents". Après la conquête de Constantinople en 1204, Conon occupe des positions importantes dans le gouvernement de Baudouin puis dans ceux de Henri de Flandres et Pierre Ier de Courtenay. Il joue aussi un rôle clef dans la réconciliation de Baudouin et Boniface Ier de Montferrat ainsi que pendant la bataille d'Andrinople. Après la mort de l'impératrice de Constantinople Yolande de Hainaut en 1219, il est choisi par les barons comme régent de l'Empire mais meurt peu après en 1219 ou 1220. La date du 17 décembre est indiquée dans le martyrologe de Saint-Barthélemy de Béthune . Quand à l’année, c’est une lettre du nouvel empereur Robert de Courtenay du 15 juin 1221 qui semble indiquer que Conon est mort à cette date : il parle en effet de "bonae memoriae dominum Cononerm" : or l’épithète bonae mamoriae n’est en général donnée qu’à des personnes défuntes.
Il apprend la poésie de Huon d'Oisy châtelain de Cambrai. Seules 14 pièces de poésie attribuées à Conon nous sont parvenues, dont quatre sont d'attribution douteuse. Ses chansons sont écrites pour être chantées : la notation musicale de dix d'entre elles nous est parvenue.
La plupart de ses chansons sont de courts poèmes d'amour mais deux sont des chansons de croisades plus longues caractérisées par un style vigoureux. Il introduit dans le cycle courtois ou "fin amor", l'image du croisé quittant celle qu'il aime.
Il écrit aussi une satire attaquant ceux qui s'approprient les fonds rassemblés pour financer ces croisades.
Chançon legiere a entendre Si voiremant con cele don je chant Mout me semont Amors que je m'envoise Ahi! Amors, com dure departie Bien me deüsse targier Se raige et derverie Belle doce Dame chiere Tant ai amé c'or me convient haïr L'autrier un jor aprés la Saint Denise L'autrier avint en cel autre païs