Manon Lescaut, Daniel-Fr-Esprit Auber

Manon Lescaut est un opéra –comique en trois actes.
Musique de Daniel-François-Esprit Aubert, livret Eugène Scribe.
Créé à Paris, Opéra Comique, le 23 février 1856.
Il est basé, comme la Manon Lescaut  de Puccini et la Manon de Massenet sur le roman Manon Lescaut de l'Abbé Prévost ; c'est le moins joué des 3 opéras.

Historique des performances

L'opéra a été créé par l'Opéra Comique en 1856, à la salle Favart.  Il fut ensuite proposé en 1875 à Liège, repris par l'Opéra Comique en 1882 et joué régulièrement en Allemagne comme en France.  Il s'est fait plus rare début du XXème siècle en raison des nouvelles mises en scènes proposées et ne convenant pas à ce type d'opéra.  En Amérique du Nord, l'opéra a été réalisé en2006 par le Lyric Opera de Los Angeles.

Rôles

Manon Lescaut - colorature soprano
des Grieux - ténor
Le marquis d'Hérigny - baryton
Lescaut, cousin de Manon - basse
Marguerite, ami de Manon - soprano
Gervais, son fiancé - ténor
Mme Bancelin cabaret hôtesse - mezzo-soprano
Monsieur Durozeau Commissioner - baryton
Monsieur l' inspecteur Renaud - baryton
Zaby, un jeune esclave - soprano
Un sergent - basse
Deux bourgeois
Nobles de la Cour, Bourgeois du boulevard du Temple, soldats, masculins et travailleurs féminins;
Les habitants de la Nouvelle - Orléans, des nègres, des soldats coloniaux

Synopsis

L'histoire ne ressemble que vaguement au roman original de l'Abbé Prévost (où, par exemple, Lescaut est le frère de Manon, et non pas son cousin).
Il y a un personnage - le marquis d'Herigny - qui représente plusieurs prétendants riches dont Manon tombe amoureuse dans le roman.   Certains autres personnages sont absents alors que d'autres sont ajoutés.

Musique  
Le rôle de Manon Lescaut est exigeant, demandant une très large tessiture et comportant des airs avec de grandes difficultés techniques.  Il présente aussi une grande opportunité d'investissement pour l'interprète.
Le rôle du marquis d'Herigny, écrite pour le célèbre baryton, Jean-Baptiste Faure , dispose également Un de plusieurs solos importants ; tandis qu'il manque un solo majeur pour le rôle de Des Grieux.
Un air de la partition  connaît une grande popularité auprès des sopranos coloratures : le solo "C'est l'histoire amoureuse" également connu sous le nom de "L'éclat de rire".

d'après wikipedia


https://www.youtube.com/watch?v=VysWTQHcNWc

Magnifique ouverture !  
https://www.youtube.com/watch?v=W_4ENYuanws

L'ŒUVRE

La Manon d'Auber, une œuvre oubliée ?
En l'espace de 37 ans, Manon Lescaut est mise trois fois en musique : en 1856 par Auber, puis en 1884 par Massenet et enfin en 1893 par Puccini.
De ces trois Manon, c'est celle d'Aubert qui est la plus négligée.  Il faut attendre 1974 pour qu'un enregistrement dirigé par Jean-Pierre Marty la sorte de l'oubli.  Ce n'est pourtant qu'en 1990 qu'elle retrouve sa place sur les planches à l'Opéra Comique de Paris.

Dans quel contexte naît la Manon Lescaut d'Auber ?
Lorsqu'on joue pour la première fois Manon Lescaut, Scribe a 65 ans, il est un dramaturge comblé et un librettiste prodige.  Auber, quant à lui, a  74 ans et ne peut que se réjouir de sa carrière parsemée de titres à succès.  C'est un duo qui fonctionne à merveille.  Leur collaboration battra d'ailleurs tous les records, s'étendant sur 38 ouvrages.  Mais la concurrence est rude : on vient de représenter Les Vêpres siciliennes de Verdi et Offenbach inaugure son théâtre des Bouffes-Parisiens avec le Docteur Miracle du jeune Bizet.  Quant à Wagner, il commence à être connu.

Quelles sont les différences entre la Manon de l'abbé Prévost et celle d'Auber ?
Scribe adapte assez librement le roman de l'abbé Prévost tout en conservant deux traits de caractère de Manon : sa fidélité pour Des Grieux et son appétit de luxe.  La scène finale est, elle aussi, assez similaire au roman d'origine.  Par contre, dans les deux premiers actes, Scribe dépeint davantage les mœurs de son temps plutôt que celles décrites par l'abbé Prévost.  Le rôle de Des Grieux est fortement réduit : le chevalier laisse la part belle à la jeune fille.  En revanche, Scribe ajoute une nouvelle personnalité, Marguerite, brave et honnête voisine de Manon.  Amie fidèle de celle-ci, elle essaie de convaincre Manon des vertus du travail et veille sur elle tant que possible.  Cédant devant la morale bourgeoise, Auber ouvre la voie aux auteurs de Carmen qui, pour former avec la gitane un contraste éloquent, inventeront la douce Micaëla que Mérimée n'avait pas prévue.

Quelles sont les qualités musicales de cet opéra ?
C'est une musique ni trop sophistiquée, ni trop populaire.  Une musique à la fois élégante, chic et pleine d'esprit.  Ses mélodies sont fraîches, pimpantes et restent très facilement en tête.  Les finales des deux premiers actes dénotent d'un sens aigu du théâtre.  Quand au second tableau, qui voit l'héroïne mourir en plein désert, il exhale, en toute sobriété, une émotion immédiate.

Qui interpréta la première Manon Lescaut ?
C'est Marie Cabel, une liégeoise.  dotée d'une voix fraîche et égale, son chant étant assimilé aux gazouillements d'oiseau.  Sa virtuosité fit d'elle l'interprète idéale de tous les rôles acrobatiques.  Cette artiste au physique charmant était coquette à l'excès.  Aussi, dans les coulisses était-elle toujours accompagnée de sa camériste tenant à sa disposition du maquillage et un miroir afin qu'à chaque sortie de scène elle puisse s'admirer.  Après une carrière brillante, elle se retira de la scène et mourut à Maison-Lafitte à l'âge de 58 ans.

Livret Opéra Royal de Wallonie – mai 2016      

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J'avais jusqu'à présent vu sur scène la Manon de Puccini et celle de Massenet ... sans vraiment apprécier vraiment tant l'une que l'autre.  Puccini, ce n'est pas ma tasse de thé et encore moins cette oeuvre si ce n'est que le final ; par contre, j'aime assez bien Massenet mais j'ai souvent trouvé cette oeuvre longue et parfois ennuyeuse sauf le passage où Manon rejoint Des Grieux dans l'église.
J'ai par contre été tout à fait séduite par la version d'Auber, véritable grand opéra "à la française" qu'on voit trop peu de nos jours avec une musique de toute beauté, élégante, d'un grand raffinement, soutenant un chant tout en colorature et trilles.
Il faut dire que, pour une fois, nous avons eu droit à une mise en scène digne de ce nom et une véritable direction d'acteurs, le tout dû à Paul-Emile Fourny.
Si ces oeuvres de grande envergure ne sont plus très souvent programmées, c'est surtout qu'elles demandent des chanteurs avec de grandes voix.
J'ai beaucoup apprécié la Manon de Sumi Jo dont les vocalises restent, malgré le temps, d'une grande qualité !  Bien sûr, son français ne s'est guère amélioré et son chant manque de ci de là de bravoure mais elle a défendu ce rôle avec une belle présence et un engagement sans faille ; très agréable Des Grieux d'Enrico Casari également.  La déception vient du Marquis d'Hérigny de Wiard Witholt ; tandis que les rôles secondaires sont tous à la hauteur de la production.

Visible sur Culturebox ici : http://culturebox.francetvinfo.fr/festivals/opera-royal-de-wallonie-liege/manon-lescaut-d-auber-opera-royal-de-wallonie-237369

Cela rend assez mal ce que j'ai vu et entendu ... mais cela n'a pas été enregistré le même jour et une amie assistant à une représentation quelques jours plus tard que moi m'a dit qu'à l'entracte, Sumi Jo, malade, avait dû céder sa place à une remplaçante.

Je n'ai jamais écouté Manon Lescaut de Auber dans son intégralité : en fait je n'en connais que l'ouverture et deux ou trois airs. D'après les quelques opéras d'Auber que j'ai en CD : Fra Diavolo, la Muette de Portici, Le Cheval de Bronze et les Diamants de la Couronne, je suis sûr que celui-ci me plairait également.

Combien de fois me suis-je déjà lamenté sur le fait qu'en France on ignore l'opéra français entre la fin du 18ème et le début du 19ème siècle, comme s'il n'y avait rien entre Rameau et Berlioz !

Je crois aussi Joachim que tu aimerais ... en tout cas, moi, j'ai été transportée tant par le chant que par la musique de cet opéra et, comme toi, j'aime beaucoup ces grands opéras français !