J'étais persuadé qu'il existait déjà un fil sur le compositeur australien Hubert Clifford. Mais que fait Joachim? Non, sérieusement, j'étais sûr qu'il existait déjà. Je viens de réécouter sa Symphonie 1940, une oeuvre imposante de 42 minutes se constituant de quatre mouvements dont le plus conséquent en durée est le magnifique "Adagio". Il est dit que Clifford commença la composition de sa symphonie en janvier 1938 et la termina le 20 août 1940, rédigeant les dernières mesures pendant l'un des premiers bombardements aériens de Londres. C'est une très belle symphonie de style romantique avec peut-être une pointe d'impressionnisme ci et là. Je la préfère même à la Symphonie n°2 d'Elgar Bainton avec laquelle elle est couplée, toutes les deux par le "BBC Philharmonic" et sous la direction de Vernon Handley. Cette Symphonie 1940 n'est pas de celles qui m'ont enthousiasmé dès la première écoute. D'ailleurs, la première fois que je l'ai écoutée, je n'avais pas vraiment remarqué la beauté subtile du troisième mouvement "Adagio". Il m'aura quand même fallu trois approches en trois périodes différentes pour être saisi par les divers aspects et couleurs de cette grande symphonie qui devrait, tôt ou tard, retrouver les salles de concert et sortir de l'oubli dans lequel elle a injustement sombré. Enfin je dis ça mais le plus important est qu'elle n'a pas pris trop longtemps la poussière sur l'une de mes étagères, telle une oeuvre relativement boudée. Cette nouvelle écoute que je n'avais pas vraiment prévue fut pour moi une révélation. J'espère qu'elle le sera pour beaucoup d'autres mélomanes.
Hubert Clifford est né en 1904 à Victoria, en Australie. Il a montré très vite et de façon significative un vif intérêt pour la science et un autre intérêt tout aussi vif pour la musique. Il a fini en poursuivant un diplôme en chimie à l'Université de Melbourne et des études au Conservatoire de musique de Melbourne. Ce second objectif l'a finalement emporté sur le premier et, vers la fin de la vingtaine, il était connu comme chef d'orchestre à Victoria, faisant ainsi forte impression auprès de la compagnie d'opéra local. Il a étudié la composition avec Fritz Hart et, sur ses conseils, il émigre en Angleterre pour étudier avec Ralph Vaughan Williams . Clifford a travaillé comme professeur de musique et, plus tard, il a été employé par la BBC. Sa première composition majeure fut la suite "Kentish" (1935), une œuvre en cinq mouvements destinée à des orchestres d'étudiants. Emulsive, extravertie, et entièrement tonale, cette pièce a été inspirée par la musique religieuse du XVIIe siècle, ainsi que par des chansons populaires associées à la campagne Kentish. Un travail beaucoup plus grave et complexe l'attendait: la "Symphonie 1940" qu'il commença en janvier 1938 et acheva en 1940, lors des tous premiers bombardements aériens allemands sur Londres. Dans les ouvertures et les conclusions des mouvements les plus animés, Clifford atteste une forte influence de William Walton: c'est vrai qu'il professait une grande affinité avec son oeuvre. La "Symphonie 1940" a été présentée par la BBC en forme fragmentaire, ses quatre mouvements enregistrés pour une diffusion à des moments différents et sous la baguette de différents chefs d'orchestre, pendant et immédiatement après la guerre. Hubert Clifford devint alors le directeur musical du metteur en scène Sir Alexander Korda et il eut la responsabilité de commander des partitions pour des films aussi célèbres que "Anna Karenina", "The Winslow Boy", "The Fallen Idol" et "The Third Man". Une petite anecdote au passage: pendant l'enregistrement de la musique du "Troisième Homme", Hubert Clifford et Carol Reed se mirent à quatre pattes sous la table sur laquelle Anton Karas, compositeur de la B.O., jouait de la cithare, Clifford voulant juger de l'effet de cet instrument inhabituel. Il est retourné à la BBC au milieu des années 50 en tant que directeur de musique légère, mais il a également continué à travailler pour des films jusqu'en 1958. Au cours de la dernière décennie de sa vie, il a été étroitement associé à la musique classique d'humeur légère, ce qui a abouti à une déconsidération du compositeur dans le domaine de la musique dite "sérieuse": il a été largement oublié après sa mort, en 1959. Cette situation n'a été corrigée qu'au début du XXIe siècle , avec l'intérêt de la part de la BBC et de Chandos records dans la redécouverte et l'enregistrement du travail de compositeurs britanniques négligés.
Dernière édition par Icare le 2016-05-06, 22:54, édité 4 fois
Icare Admin
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J'écoute cette symphonie "1940" dont tu parles aussi dans la rubrique du "règne des symphonies", et je la trouve pas mal du tout
Comme je n'avais pas vu le fil, je n'ai pas parlé de ses compositions, qui ne semblent d'ailleurs pas importantes (en nombre d'opus). Voici ce que j'ai trouvé :
Orchestre
A Kentish Suite pour orchestre à cordes (1935) As you like it (d'après Shakespeare), pour orchestre à cordes (1935) Symphonie "1940" (1940) 5 Berceuses anglaises (English Nursery Tunes) (1941) Sérénade pour cordes (1943) The Casanova Melody, pour le film The Third Man (1949) Shanagolden, esquisse pastorale irlandaise (1953)
Musique de chambre
Quatuor à cordes en ré (1935)
Musiques de film
Bridge of Time (1950) The Dark Man (1951) Hunted (1952) River Beat (1954) House of Secrets (1956) Hell Drivers (1957) The One That Got Away (1957) Bachelor of Hearts (1958)
Dernière édition par joachim le 2019-11-02, 20:26, édité 1 fois
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