Je poste ci-dessous une traduction du texte en anglais accompagnant le disque Naxos "Yasushi Akutagawa, Ellora Symphony, Trinita Sinfonica, Rapsodia per Orchestra - New Zealand Symphony Orchestra / Takuo Yuasa".
Après plus de deux siècle d’isolement, le japon a ouvert ses portes aux pays étrangers dans les années 1850 et s’est rapidement lancé dans une modernisation d’à peu près tous les domaines, et notamment dans une réforme des styles et du vocabulaire pour se conformer aux traductions des langages occidentaux. Ce mouvement a donné naissance à de nouveaux styles de littérature japonaise, dans lesquels le nouveau langage japonais fut utilisé sous l’influence de la littérature occidentale. Une de figures dominantes de cette tendance fut Ryunosuke Akutagawa (1892-1927), très connu pour ses nouvelles basées sur d’anciennes fables japonaises, réécrites pour les lecteurs modernes. Sa nouvelle
Yabu no nala (dans la brousse) fut portée à l’écran par Akira Kurosawa sous le titre de
Rashomon, qui est l’un des classiques du cinéma japonais. Ryunosuke se suicida alors qu’il était dans la trentaine, en laissant une note qui exprimait son sentiment d’une “vague anxiété concernant l’avenir”. Il parlait de son propre futur et de celui du Japon. Cet incident marqua le début de la Dépression et de la guerre, et de nombreux japonais s’en souviennent encore.
Ryonosuke, qui est né et a grandi au Japon, avait trois fils. Le plus vieux, Hiroshi, devint un grand acteur de Shingeki, un nouveau groupe théâtral né pendant le mouvement d’occidentalisation, célèbre pour son rôle d’Hamlet et ses nombreuses apparitions dans de nombreux films, notamment
Dodesukoden, de Kurosawa, et
Nuit et brouillard au Japon de Nagisa Oshima. Le second fils, Takashi, fut tué à Burma durant la deuxième guerre mondiale. Le plus jeune fils, Yasushi, qui avait seulement deux ans lorsque son père s’est suicidé, devint compositeur. Tout jeune enfant, Yasushi écoutait avec avidité la collection de disques de son père, et aimait particulièrement
L’Oiseau de feu et
Pétroushka de Stravinsky. Il commença à étudier le violon et durant ses études à l’Annexed High School of Tokyo Higher Normal School (aujourd’hui Université Tsukaba) décida de devenir compositeur. Il commença des leçons de piano avant d’entrer à l’École de Musique de Tokyo (aujourd’hui Département de la Musique de l’Université des Beaux Arts et de Musique de Tokyo) en 1943, pendant la guerre. Ses premiers professeurs étaient Hermut Fellmer, venu d’Allemagne à l’invitation de l’école, Qunihico Hashimoto, qui avait lui-même étudié avec Egon Wellesz à Vienne, Midori Hosokawa, un élève de Franz Schmidt à Vienne, et Kan’ichi Shimofusa, qui avait suivi l’enseignement d’Hindemith à Berlin. Akutagawa avait une affinité particulière avec Hashimoto, un mélodiste lyrique et urbain, qualités que partageait Akutagawa. Vers la fin de la guerre, alors que les possibilités scolaires étaient limitées, Akutagawa fut envoyé à la musique de l’armée avec d’autres étudiants et connut ici la fin de la guerre durant l’été 1945. Il retourna à l’école et étudia avec Akira Ifukube, qui avait rejoint la faculté après la guerre et, ayant passé ses premières années dans une région éloignée du Nord du Japon, avait un style de composition idiosyncratique basé sur des ostinato faits de courts motifs. Les leçons avec Ifukube furent une bénédiction pour Akutagawa car il avait été fortement influencé par Stravinski dans son enfance. Après l’obtention de ses diplômes en 1947, Akutagawa prit ses premières marques en tant que compositeur avec deux œuvres orchestrales écrites dans un style caractéristique où se rencontrent le lyrisme d’Hashimoto et le dynamisme d’Ifukube :
Trinita Sinfonica (1948) et
Musique pour orchestre symphonique (1950) [Naxos 8.555071]. Le succès lui apporta une immédiate popularité. Il était le fils d’un grand écrivain, présentait bien, était compétent à la fois dans l’écriture et la parole, politiquement déterminé et plein d’énergie. Depuis lors jusqu’à sa mort, Akutagawa continua d’attirer l’attention du public comme personnage de premier plan non seulement dans la musique mais dans le domaine culturel en général. Ses compositions couvrent une grande variété de champs, avec un opéra, des symphonies, des ballets, des pièces orchestrales, de la musique de chambre et de piano, des chansons pour solistes et pour enfants, des marches pour fanfares, de la musique pour une centaine de films, des émissions de radio et des pièces de théâtre. Il forma le “groupe des Trois” avec ses amis Ikuma et Toshiro Mayuzumi, dont les activités étaient en haut de la scène musicale japonaise dans les années 1950. Il joua un rôle important comme dirigeant de la Société Japonaise pour la Musique Contemporaine, de la Fédération Japonaise des Compositeurs et de la Fondation Suntory pour la Musique. Il assuma également le poste de directeur de la JASRAC (Japanese Society for Rights of Authors, Composers and Publishers). Avec la mission de promouvoir la musique classique, il conduisit le “Utagoe-Undo”, sorte de mouvement de chant public, dans les années 1950, et dirigea l’un des plus talentueux orchestres d’amateurs, le New Symphony Orchestra, depuis les années 1950 jusqu’à ses dernières années, sans jamais accepter la moindre rémunération, afin de marquer une nette ligne de démarcation entre le commercialisme des musiciens professionnels et les amateurs. Depuis les années 1960 il apparut souvent dans des émissions hebdomadaires de la télévision et sur les programmes de radio en tant que chef d’orchestre et présentateur, et publia également des livres sur la musique. Dans les années 1980 il devint la figure centrale du mouvement antinucléaire. Après sa mort d’un cancer, sa vie influente et affairée fut commémorée par la Suntory Music Foundation et la Fondation du Prix Akutagawa des Compositeurs.
La vie créative d’Akutagawa se découpe en trois périodes : 1947-1957, 1957-1967, et de 1967 à ses derniers jours. Durant la première période, il s’efforça de concilier l’énergie rythmique de Stravinsky et d’Ifukube avec le style lyrique d’Hashimoto, trouvant une solution dans le réalisme socialiste de l’Union Soviétique, dans l’œuvre de Prokofiev, Shostakovich et Kabalevsky. Les résultats de cette synthèse furent sa
Trinita Sinfonica et la
Musique pour orchestre symphonique, ainsi que la
Symphonie n° 1 (1955) et le
Triptyque pour orchestre à cordes (1953). De 1954 à 1955, il passa six mois à visiter l’Union Soviétique et la Chine en passant par Vienne, et noua des liens solides avec les deux nations. En Union Soviétique il rencontra Shostakovich, Khatchaturian et Kabalevsky, et son
Triptyque connut de nombreuses exécutions dans les pays communistes. En Chine il rencontra Ma Sicong et Jiang Wenye, et joua ses œuvres avec le Shanghai Symphony Orchestra. De retour au Japon, il poursuivit ses échanges culturels avec les deux nations et dirigea plusieurs œuvres de Prokofiev et Shostakovich, donnant la première exécution au Japon de la
Symphonie N° 4 de Shostakovich. Il devint également l’ami de Shchedrin et de Khrennikov, et au Japon fréquenta les partis de gauche du mouvement des travailleurs avec lesquels son “Utagoe-Undo” avait des rapports très étroits.
Durant la deuxième période, Akutagawa revint à son premier style, influencé par les tendances nouvelles de l’avant-garde. Les compositeurs japonais combinaient les techniques nouvelles avec le sens japonais traditionnel de la beauté où le silence, les intervalles et les bruits font sens. Ce mouvement d’avant-garde était promu par Toshiro Mayuzumi et Toru Takemitsu, le premier comme membre du “Groupe des Trois” et le second, depuis longtemps un bon ami, faisant partie du cercle de Hayasaka, le compositeur de la musique du film
Rashomon. Sentant que la musique avec des rythmes et des mélodies perceptibles devenait démodée, il commença à changer son langage musical. Avec sa
Symphonie Ellora et quelques autres œuvres, il pencha vers le chromatisme, l’atonalité et la dissonance. Sa pièce pour orchestre de chambre
Nymbe (1959) est basée sur la micro-tonalité, alors que son opéra
Orphée à Hiroshima (1960), avec un livret sur le bombardement d’Hiroshima par Kenzaburo Oe, fait figurer le Sprechstimme dans les parties vocales, soutenues par un flou orchestral aux sonorités générées par des clusters de sons. Dans sa pièce pointilliste
Musique pour cordes (1962), dédiée à Takemitsu, il combine un style post-webernien à la beauté toute japonaise du silence et des intervalles. Akutagawa suggérait de remplacer la méthode de composition occidentale conventionnelle, où certaines notes sélectionnées construisent la totalité, par la méthode orientale, où toutes les notes sont jouées d’abord dans le chaos, duquel certaines notes sont ensuite sélectionnées et supprimées. Il appelait cette méthode “Minus Music”, musique par suppression.
Cela ne dura pas longtemps. Dans sa troisième période, Akutagawa retourna à son point de départ, bien qu’un certain nombre de techniques furent modifiées et que les méthodes de l’avant-garde furent utilisées occasionnellement. “La musique est pour tout le monde”, déclarait-il. Il devait avoir réalisé que la musique d’avant-garde ne pouvait être pour tout le monde, et donc retourna au monde de l’ostinato, du lyrisme et du dynamisme. Les œuvres les plus importantes de cette période sont
Ostinato Sinfonica (1967),
Kumo no Ito (la toile d’araignée) (1968), musique pour le ballet du même titre, basé sur la nouvelle de son père,
Concerto Ostinato pour violoncelle et orchestre (1969),
Rapsodia (1971) et
Sounds, pour orgue et orchestre (1986), écrit pour l’ouverture du Suntory Hall à Tokyo. Ici la musique de la première période est épurée et bénéficie des influences de Martin et de Walton.
Rapsodia est une commande du Bunka-cho (l’Agence des Affaires Culturelles) et fut achevée le 12 septembre 1971. Elle fut jouée pour la première fois à Tokyo le 4 octobre de la même année. Cette œuvre a été jouée par d’autres orchestres, notamment le Leningrad Philharmonic sous la direction de Valery Gergiev. Le compositeur décrit l’œuvre comme une musique où un sorcier brandit sa baguette magique. Sans doute pensait-il à
L’Apprenti sorcier de Dukas ou au film de Disney
Fantasia qui utilise cette musique. Il est facile d’imaginer le sorcier comme étant le compositeur lui-même. L’œuvre commence par un rugissement sauvage et un accord de septième majeure aux cors, suivi par le violon et l’alto jouant avec force des motifs caractérisés par des secondes mineures et majeures. Ces motifs essayent en vain de se développer en un ample
Allegro, quand l’alto introduit un motif plaintif basé sur une échelle pentatonique japonaise légèrement modifiée. Ce motif, fait de deux secondes mineures descendantes, est répété par chaque groupe d’instruments, lorsque les cuivres et la harpe ajoutent un motif de six notes jeté comme un sortilège. Les trois premières notes du motif forment également un intervalle descendant de secondes mineures. Ce sont là les principaux motifs de la pièce et ils sont tous régis par des intervalles étroits, surtout des secondes mineures et majeures. L’accord d’ouverture en septième majeure énoncé par les cors est en fait une inversion de la seconde mineure. Après le sort jeté par les cuivres et la harpe, la musique se change en un vif
Allegro Ostinato latin, dont l’humeur est produite par les guiros, les maracas et les bongos. Son thème ostinato est constitué du motif de six notes et de celui de quatre notes développés à partir de l’accord de septième majeure d’ouverture. Lorsque l’
Allegro Ostinato se termine, le motif pentatonique plaintif et le sortilège reviennent, suivis par une berceuse hétérophonique aux bois conduits par la flûte. Arrive la récapitulation et la musique s’achève dans un gigantesque rugissement.
Ellora Symphony date du début de la deuxième période d’Akutagawa. Le vif
Allegro basé sur la technique d’ostinato de la première période est encore important, mais le lyrisme est remplacé par de sombres accords en clusters. Cette symphonie pour orchestre achevée le 27 mars 1958 fur donnée pour la première fois en concert par le “Groupe des Trois” le 2 avril de la même année. Ellora est le nom d’une ville de l’État indien du Decan où se trouve un temple célèbre constitué de plus de trente grottes réparties sur 25 kilomètres. Les grottes creusées entre les sixième et septième siècles appartiennent aux bouddhistes, celles datant de la période allant du septième au neuvième siècle sont la propriété des Hindous, et les autres, construites entre le neuvième et le douzième siècle sont détenues par les Jainas. Trois religions différentes datant de trois âges différents cohabitent à Ellora.
Akutagawa visita la ville en 1956 et fut impressionné par deux choses. La première fut l’immensité de l’espace. Les grottes semblent s’étendre de manière infinie et chaotique, sans qu’on puisse en déterminer le centre précis, sans ordre ni aucune symétrie. La seconde fut la composante sexuelle de nombreux bas-reliefs. Dans ceux-ci les rapports sexuels de Siva et de ses épouses, ainsi que de Vishnou et de sa femme Lakshmi, sont explicitement décrits. A la différence du christianisme, l’expression sexuelle n’était pas tabou dans les religions indiennes mais faisait l’objet d’un culte comme symbole de prospérité. Les innombrables reliefs évoquent le concept de l’infini.
Profondément ému par ces aspects, Akutagawa conçut une symphonie d’allure asiatique qui diffère des symphonies occidentales où tout est ordonné et progresse vers un climax. Son intention était de composer une musique sans aucune conception de début, de développement et de fin, une musique où le masculin et le féminin se mélangent infiniment et où la vie se renouvelle à jamais. Le premier élément est proche de l’esthétique d’Hayasaka et de Takemitsu, et le second suggère l’esthétique de répétition obstinée de Stravinsky et Ifukube. Dans la symphonie
Ellora, Akutagawa a essayé d’exprimer cette vision avec un enchaînement de vingt mouvements fragmentaires. Neuf représentant le masculin sont exprimés par un
Allegro actif et agressif, et onze figurant le féminin sont traduits par des
Lento ou des
Adagio doux et caressants. La raison pour laquelle les qualité ne sont pas en nombre égal est que le compositeur voulait éviter de donner une impression d’achèvement ; si chaque qualité était constituée de dix mouvements, il y aurait alors dix couples. L’ordre des vingt mouvements est en fait laissé à l’appréciation du chef d’orchestre, bien que l’idéal du compositeur fut de répéter les mouvements indéfiniment en changeant leur ordre à chaque fois.
A la première de cette oeuvre la partition n’était pas en vingt volumes séparés mais en un seul volume, dans lequel l’ordre était pré-établi de la manière suivante : fem. — fem. — fem. — fem. — masc. — fem. — fem. — fem. — masc. — masc. — fem. — fem. — masc. — masc. — masc. — fem. — masc. — masc. — masc. — fem. Plus tard, le compositeur supprima les 8e, 14e, 15e et 16e mouvements, et les 3e et 4e furent rassemblés en un seul. De la sorte, les quinze mouvements se succédaient dans cet ordre : fem. — fem. — fem. (-fem.) — masc. — fem. — fem. — masc. — masc. — fem. — fem. — masc. — masc. — masc. — masc. — fem. L’exécution ici enregistrée suit cette version avec les 3e et 4e mouvements en deux pistes distinctes. Dans cette version, les mouvements lents féminins sont principalement rassemblés dans la première moitié, et les mouvements rapides masculins sont dans la deuxième moitié. Ainsi, l’œuvre apparaît comme une sorte d’”Introduction et Allegro”. Les matériaux principaux des mouvements féminins sont un motif basé sur la quinte diminuée suggérée par le violon dans le premier mouvement féminin, un motif d’accords prenant forme par des empilements de notes aux cuivres sur plus de deux octaves dans le deuxième mouvement féminin, et des motifs de huitième augmentée et de septième diminuée en glissandi joués par les cors dans le troisième mouvement féminin. Ces matériaux sont tous écrits en larges intervalles évoquant l’image d’une femme qui ouvre ses cuisses, étreint un homme, le caresse et le dévore. Ils apparaissent également dans les mouvements masculins et séduisent les hommes. Les matériaux des mouvements masculins sont des mélodies trépidantes composées à partir du deuxième. Ces mélodies sont pleines des ambiances de l’Inde et de l’Asie orientale, souvent accompagnées de sons des marimbas du Sud et de bourdonnement des cuivres basses qui évoquent la musique bouddhiste du Tibet. Ces matériaux inscrivent l’atmosphère d’Ellora dans la musique. Un homme invite une femme aux cuisses ouvertes. Cette symphonie est un hymne à la reproduction primitive.
Trinita Sinfonica fut la première production de la première période d’Akutagawa et lui apporta son premier succès. L’œuvre fut achevée le 30 août 1948 et sa première eut lieu le 26 septembre de la même année. Le premier mouvement,
Capriccio, est écrit dans une forme de quasi-sonate. Au début, la clarinette joue le premier thème par-dessus les quartes descendantes du basson. Ce thème agité à la texture fine, comme un bavardage d’enfants, circule presque tout le temps dans une gamme étroite d’une seconde ou d’une tierce caractéristique de l’écriture mélodique d’Akutagawa. Le thème est repris par les cordes, puis le deuxième thème, court, rythmique et syncopé, est présenté par l’orchestre en tutti. Ensuite, les deux thèmes sont développés et récapitulés, bien que dans le développement les thèmes ne soient pas énormément transformés mais sont accentués ou articulés, et parfois découpés de manières variées. Akutagawa avait appris cette technique d’Ifukube. Le rythme du second thème est fragmenté et évoque parfois
Le Sacre du printemps de Stravinsky. Le mouvement s’achève aux bois seuls. Le deuxième mouvement,
Ninnerella, est dans une forme tripartite. La première section est une berceuse. Son thème, présenté la première fois par le basson dès l’ouverture, circule dans une gamme restreinte dans le mode phrygien. La section centrale est une autre berceuse au thème aeolien délibérément pentatonique évoquant les berceuses traditionnelles japonaises. Le
Finale, introduit par six puissantes attaques en tutti, est en forme de rondo. Dans la première section un thème quasi-slave dans le mode mixolydien est répété encore et encore. Le premier épisode répète des variantes dérivées de la première section. Le second épisode répète à nouveau de manière obsessionnelle le motif quasi-scherzo fabriqué à partir d’une cellule de quatre notes formé par deux secondes mineures descendantes. Les caractères qu’Akutagawa a conservé de manière cohérente tout au long de sa carrière créative sont clairement contenus dans cette œuvre.
Morihide Katayama
Traduction du japonais : SOREL
Traduction de l’anglais : ma pomme