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 La Tragédie de Salomé (Florent Schmitt)

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joachim
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La Tragédie de Salomé (Florent Schmitt) Empty
MessageSujet: La Tragédie de Salomé (Florent Schmitt)   La Tragédie de Salomé (Florent Schmitt) Empty2021-02-07, 20:31

La Tragédie de Salomé, opus 50, est un drame muet en deux actes et sept tableaux, sur une musique de Florent Schmitt composée en 1907, d'après un poème de Robert d'Humières. Sa durée est d'environ une heure.

Schmitt en tira une suite symphonique en 1910, version de concert pour grand orchestre, avec voix de soprano ou hautbois, dont la durée fut réduite de moitié. De cette version il fit également une transcription pour piano.

Historique

Quelques mois après la première représentation de Salomé de Richard Strauss, donnée au Théâtre du Châtelet en mai 1907, Robert d'Humières, traducteur de Kipling et nouvellement nommé directeur du Théâtre des Arts, décidait de monter un spectacle chorégraphique, librement inspiré du personnage biblique de Salomé et écrit pour la danseuse Loïe Fuller. D'Humières, qui avait entendu peu auparavant le Psaume XLVII de Florent Schmitt et s'était enthousiasmé, sollicita naturellement le compositeur durant l'été 1907, par l'intermédiaire de Jean Forestier, un ami de Schmitt.

Florent Schmitt avait notamment découvert la musique de la Turquie orientale durant son séjour à la Villa Médicis et devait par la suite composer plusieurs partitions inspirées de personnages de l'Antiquité et de la mythologie (Antoine et Cléopâtre, Salammbô). Il accepta aussitôt la proposition, et composa la Tragédie de Salomé en deux mois, durant l'automne 1907.

Schmitt devait cependant se heurter à un obstacle majeur : il fut contraint de réduire l'effectif orchestral à une vingtaine d'instrumentistes, compte tenu de l'infrastructure exiguë du théâtre des Arts, ce qui représentait un défi pour lui qui avait récemment prouvé son goût pour les grandes orchestrations (Psaume XLVII). Par ailleurs, la création parisienne de Salomé de Richard Strauss venait d'avoir lieu quelques mois auparavant, et même s'il s'agissait ici d'un genre musical différent, Schmitt n'aurait pu supporter une comparaison qui aurait tourné à son désavantage. Il sut contourner cet obstacle de taille par une subtile orchestration, qui maniait habilement les contrastes de la partition, et mettait en valeur une grande diversité sonore.

Au moment où Schmitt accepte la proposition de Robert d'Humières, il a déjà composé son monumental Psaume, et entrepris l'écriture du Quintette pour piano et cordes, commencé deux ans plus tôt à Rome. Il terminera celui-ci en 1908, soit après sa Tragédie de Salomé. Debussy travaille à son second livre des Images : Cloches à travers les feuilles, Et la lune descend sur le temple qui fut, Poissons d'Or, qui sera publié l'année suivante. Ravel, quant à lui, écrit sa Rapsodie espagnole. Le printemps musical en France a été marqué par la création à Paris de Salomé de Richard Strauss, donné le 8 mai au Théâtre du Châtelet, et seulement deux jours plus tard, celle d'Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas à l'Opéra Comique. C'est aussi l'année de la création des ballets russes de Serge de Diaghilev.



La première audition du mimodrame eut lieu le 9 novembre 1907 au Théâtre des Arts à Paris, l'orchestre était dirigé par Désiré-Émile Inghelbrecht.

Distribution des rôles : Loïe Fuller, Salomé ; J. Zorelli, Hérodias, M. Gorde, Hérode, Lou van Tel, Jean-Baptiste1. L'accueil du public et de la critique fut favorable.

La suite symphonique pour grand orchestre a quant à elle été créée aux Concerts Colonne le 8 janvier 1911 par Gabriel Pierné. Elle est dédiée à Igor Stravinsky. Une nouvelle fois, le public et la critique accueillirent favorablement cette œuvre de Schmitt remaniée, qui eut même un écho supérieur à l'œuvre initiale

Synopsis

Un premier tableau d'exposition nous dévoile un décor somptueux, le Palais d'Hérode, et sa terrasse, surplombant la Mer Morte. Puis, nous assistons à six danses, soit autant de visages de la personnalité de Salomé : de l'insouciance de sa jeunesse jusqu'à l'effroi, en passant successivement par l'orgueil, la sensualité, la cruauté et la luxure, on observe une progression dramatique que l'on retrouve étayée par la partition de Schmitt, qui, fasciné par l'Orient, a composé une œuvre intense et envoûtante, se prêtant parfaitement à la représentation scénique. La musique envoûte par ses différentes palettes de couleurs tantôt sombres, tantôt éclatantes, et par son audace tant harmonique que rythmique.
Certains musicologues ont décelé dans les rythmes saccadés de la danse de l'effroi, les prémices du futur Sacre du Printemps de Stravinsky. Dans le poème de Robert d'Humières, la tension se joue non pas entre Salomé et Jean-Baptiste, mais entre elle et son beau-père Hérode, qu'elle tente de séduire à tout prix par ses danses provocantes. C'est dans ce duel que sont perceptibles la sensualité et la tragédie du livret, et l'issue fatale de l'œuvre, qui se veut avant tout morale, fait disparaître Salomé, finalement engloutie dans une véritable apocalypse.

1er tableau
Le soleil se couche. Jean apparaît et traverse lentement la terrasse. Autour de lui, tout le scandalise : l'atmosphère de soupçon et de luxure, l'odeur de harem et de bourreau.

2e tableau
Des flambeaux éclairent la scène. Leur lumière arrache des étincelles aux étoffes et aux joyaux qui se répandent hors d'un coffre précieux. Danse des Perles

3e tableau
Hérode est assis sur le trône, Hérodias à ses côtés. Des femmes apportent des coupes de vin. Danse du Paon

4e tableau
La danseuse a disparu. Hérode, d'abord surpris, laisse entrevoir un sentiment de curiosité où affleure le désir naissant. Danse des Serpents

5e tableau
Les ténèbres enveloppent Hérode perdu dans les pensées de luxure et de crainte, tandis qu'Hérodias, vigilante, l'épie. Alors, sur la mer maudite, des lumières mystérieuses semblent naître des profondeurs, les architectures de la Pentapole engloutie se révèlent confusément sous les flots, on dirait que de vieux crimes renaissent et invitent Salomé. Enchantements sur la mer, Danse de l'Acier, Chant d'Aïça.

6e tableau
Le ciel s'est obscurci. Un tonnerre lointain roule. Salomé commence à danser. Les ténèbres envahissent la scène et le reste du drame ne s'entrevoit que par éclairs. C'est la danse lascive, la poursuite d'Hérode. Salomé saisie, ses voiles arrachés par la main du tétrarque. Elle est nue un instant. Mais Jean s'avance et la recouvre de son manteau. Mouvement de fureur d'Hérode vite interprété par Hérodias dont un signe livre Jean au bourreau qui l'entraîne. Le bourreau réapparaît. Il tient la tête sur un plateau d'étain. Salomé s'empare de son trophée. Puis, comme touchée d'une inquiétude soudaine, elle court jusqu'au bord de la terrasse et précipite le plateau sanglant dans la mer. Celle-ci apparaît soudain couleur de sang. Salomé s'abat évanouie.

7e tableau
Salomé revient à elle. La tête de Jean apparue la fixe puis disparaît. Elle se détourne : la tête en un autre point de la scène la regarde de nouveau. Épouvantée, elle tourne sur elle-même pour fuir les visions sanglantes qui se multiplient, et c'est la danse de la Peur. Un vent furieux enveloppe la danseuse ; l'ouragan laboure la mer. Les hauts cyprès se tordent tragiquement, se brisent avec fracas. La foudre s'abat. La chaîne entière de Moab s'embrase. Le Mont Nébo jette des flammes. Tout s'abat sur la danseuse qu'emporte un délire infernal.


La Suite symphonique (1910)

Dans la suite pour grand orchestre en deux parties (1910), avec chœur féminin, voix de soprano ou hautbois, Florent Schmitt supprima les parties suivantes : Danse du Paon, Danse du Serpent, Danse de l'Acier, ce qui réduisit l'œuvre environ de moitié. Ainsi, il put offrir à l'orchestre élargi la capacité d'exploiter pleinement les ressources et la richesse de la nouvelle partition, dont l'exubérance convenait mieux à son tempérament passionné de coloriste romantique.

1re partie

Prélude
Danse des Perles

2e partie

Les enchantements sur la mer
Danse des Éclairs
Danse de l'Effroi


Première partie

Prélude
Une terrasse du Palais d'Hérode, dominant la Mer Morte. — Les monts de Moab ferment l'horizon, roses et roux, dominés par la masse du Mont Nébo d'où Moïse, du seuil de la Terre Promise, salua Chanaan avant de mourir. — Le soleil est à son déclin.

Danse des Perles
Des flambeaux éclairent la scène. — Leur lumière arrache des étincelles aux étoffes et aux joyaux qui se répandent hors d'un coffre précieux. Hérodias, pensive, y plonge les mains, puis élève des colliers, des voiles lamés d'or. Salomé, comme fascinée, apparaît, se penche, se pare, puis, avec une joie enfantine, esquisse sa première danse.


Deuxième partie

Les enchantements sur la mer
Salomé a disparu. — Les ténèbres enveloppent Hérode, perdu dans des pensées de luxure et de crainte, tandis qu'Hérodias, vigilante, l'épie. Alors, sur la mer maudite, des lumières mystérieuses s'émeuvent, semblent naître des profondeurs. — Les architectures de la Pentapole engloutie se révèlent confusément sous les flots. On dirait que les vieux crimes reconnaissent et invitent Salomé fraternelle. — C'est comme une projection sur un miroir magique du drame qui se joue dans les cervelles du couple muet, assis là dans la nuit. — La musique commente la fantasmagorie démoniaque. Des lambeaux de vieux chants d'orgie, étranglés par la pluie de bitume et de cendres, aux terrasses de Sodome et de Gomorrhe, s'exhalent confusément. Des mesures brèves de danses, des frissons de cymbales étouffées, des claquements de mains, des soupirs, un rire fou qui fuse… Une voix solitaire s'élève. Elle monte des profondeurs de la Mer Morte, plane sur les abîmes du Passé, du Désert, du Désir. Hérode, subjugué, écoute. Des vapeurs, à présent, s'élèvent de la mer, des formes enlacées se dessinent, montent de l'abîme, vivante nuée dont soudain, comme enfantée par le trouble songe et l'antique péché, surgit, irrésistible, Salomé. Un tonnerre lointain roule. Salomé commence à danser. Hérode se lève.

Danse des Éclairs
Les ténèbres totales ont envahi la scène et le reste du drame ne s'entrevoit que par éclairs. C'est la danse lascive, la poursuite d'Hérode, la fuite amoureuse, Salomé saisie, ses voiles arrachés par la main du Tétrarque… Elle est nue un instant, mais Jean, subitement apparu, s'avance et la couvre de son manteau d'anachorète. Mouvement de fureur d'Hérode, vite interprété par Hérodias, dont un signe livre Jean aux bourreaux qui l'entraînent et réapparaissent bientôt. La Tête !… Chargeant les épaules nues des bourreaux, le grand plat d'or tangue sous son faix. Les glaives croisées l'exhaussent, promesse à jamais tue, vaste espoir fauché du monde. Salomé, triomphante, s'empare du trophée, esquisse un pas, chargée de son funèbre faix. Puis, comme touchée d'une inquiétude soudaine, comme si la voix du supplicié avait murmuré à son oreille, elle court tout à coup jusqu'au bord de la terrasse et, par-dessus les créneaux, précipite le plateau dans la mer. Celle-ci apparaît soudain couleur de sang et, tandis qu'une terreur éperdue balaie Hérode, Hérodias, les bourreaux en une déroute affolée, Salomé s'abat, évanouie. Salomé revient à elle. — La Tête, apparue, la fixe, puis disparaît. — Salomé tressaille, se détourne. — La Tête, en un autre point de la scène, la regarde de nouveau. Salomé veut se dérober. Et les têtes se multiplient, surgissent de toutes parts. Épouvantée, Salomé tourne sur elle-même pour fuir les visions sanglantes.

Danse de l'Effroi
Comme elle danse, l'orage éclate. Un vent furieux l'enveloppe. Des nuées sulfureuses roulent dans le précipice ; l'ouragan balance la mer. Des trombes de sable se ruent des solitudes désertiques. Les hauts cyprès se tordent tragiquement, se brisent avec fracas. La foudre fait voler les pierres de la citadelle. Le Mont Nébo jette des flammes. La chaîne entière de Moab s'embrase. Tout s'abat sur la danseuse qu'emporte un délire infernal.




https://www.youtube.com/watch?v=cDjAzRWFRWw
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