Forum sur la musique classique
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -17%
Casque de réalité virtuelle Meta Quest 2 ...
Voir le deal
249.99 €

 

 Alice Thiboust-Lesur (1881-1980)

Aller en bas 
AuteurMessage
joachim
Admin
joachim

Nombre de messages : 27056
Age : 77
Date d'inscription : 19/08/2006

Alice Thiboust-Lesur (1881-1980) Empty
MessageSujet: Alice Thiboust-Lesur (1881-1980)   Alice Thiboust-Lesur (1881-1980) Empty2023-07-02, 18:20

Source : https://www.presencecompositrices.com/wp-content/uploads/2023/05/Catalogue-Alice-R.Lesur-Centre-Presence-Compositrices-2023.pdf

Alice Laure Thiboust, dite A.R. Lesur, est une pianiste, ondiste et compositrice française, née à Paris le 13 mai 1881, morte à Paris le 14 août 1980. Elle est la mère du compositeur Daniel-Lesur et la grand-mère de Christian Lesur.

Alice Thiboust, la future Alice R. Lesur, naquit à Paris en 1881. Elle était la fille de Georges Thiboust (1856-1936), haut-fonctionnaire  dont  la  vocation  d’artiste  avait  été  contrariée  par  ses  parents,  mais  qui  peignait  et  dessinait  avec talent. Il tenait aussi avec un sens musical très sûr sa partie de violoncelle dans le quatuor amateur familial. Le grand-père paternel d’Alice, Paul Thiboust (1816-1904), lui aussi haut-fonctionnaire, était un excellent violoniste amateur, familier de toute la littérature violonistique de son époque et passionné de musique. Son oncle par alliance, le poète Paul Collin (1843-1915), très proche de la musique et des musiciens du tournant du XIXème siècle, voyait ses vers et ses livrets mis en musique, par un grand nombre de compositeurs de son époque, parmi lesquels son ami Massenet, Fauré, Franck, Tchaïkovski, Pierné, ou Guilmant. Et la soeur d’Alice, Jeanne, de quatre ans sa cadette, allait devenir une portraitiste de talent.

Alice  Thiboust  révéla  très  tôt  une  exceptionnelle  nature  d’artiste,  étudiant  d’abord  le  dessin  et  de  façon  très  approfondie,  le  piano,  avant  de  se  passionner  pour  l’écriture  et  la  composition.  Ce  qui  ne  l’avait  pas  empêchée  d’obtenir dès l’âge de 15 ans son Brevet élémentaire de capacité pour l’enseignement primaire.
Mais ce n’est qu’à l’approche de la trentaine, mariée (avec Robert Lesur, industriel) et mère de trois fils, qu’en 1911 elle avait croisé le chemin de celui qui allait être son seul véritable maître et son guide musical, Charles Tournemire (1870-1939), le grand organiste, improvisateur et compositeur qui de 1899 à 1939, devait illustrer la tribune de la basilique Sainte Clotilde à Paris, après César Franck et Gabriel Pierné, et laisser une oeuvre considérable tant organistique que symphonique et lyrique, que l’on redécouvre aujourd’hui. Une longue correspondance témoigne de l’influence décisive qu’il eut sur la jeune compositrice et l’admiration que sa vie durant, elle lui voua.

Désormais compositrice à part entière, elle n’en  abandonnait  pas  pour  autant  la  pratique  instrumentale,  s’intéressant  dès  l’origine  aux  ondes  Martenot,  cet  instrument révolutionnaire, électronique avant la lettre, que Maurice Martenot avait mis au point dans les années 1920. Elle en devint d’emblée l’une des virtuoses, contribuant à en faire connaître les riches possibilités, soit comme soliste, en interprétant par exemple la musique de scène d’un spectacle de Raymond Rouleau, soit en sextuor ou au sein de « l’Orchestre Martenot », qui ne comprenait pas moins de 16 ondes, un piano et des percussions. Celui-ci fit des tournées en France et sans doute à l’étranger, et s’illustra notamment lors de l’Exposition Universelle de 1937, interprétant les oeuvres que plusieurs des meilleurs compositeurs de l’époque avaient écrites pour lui, dont la célèbre Fête des belles eaux d’Olivier Messiaen.
C’est ainsi par exemple que l’un des programmes exécutés par cet « orchestre » pendant l’Exposition, comportait des transcriptions d’oeuvres de Bach, Scarlatti, Couperin, Albeniz et Debussy, ainsi que des oeuvres originales de Daniel-Lesur (Cinq Interludes pour 4 ondes), Olivier Messiaen (extraits de Fête des belles eaux) et P. Vellones (La Mousson et Rumba).

L’oeuvre d’Alice R. Lesur, composée pour l’essentiel entre 1910 et les années 1930, fidèle à la fois à la tradition franckiste et marquée par une vraie originalité, comprend des oeuvres symphoniques, et de musique de chambre, des mélodies et des pièces pour piano, pour orgue et pour ondes Martenot

Sa  Symphonie  bretonne  (dite  également  Esquisse  Symphonique)  reçut  en  1924  le  Prix  de  la  Société  des Compositeurs de Musique, dont le jury était composé de Maurice Emmanuel, Georges Caussade, Mademoiselle Dedieu-Peters, Albert Roussel, et Messieurs Mouquet, Letocart, Wiermberger et Bellenot), tandis que son Offertoire pour violon ou violoncelle solo, orgue, harpe et contrebasse avait été couronné du Prix Samuel Rousseau en 1912.
Durant la guerre de 14-18, elle avait un temps résidé à Beauvais d’où plusieurs partitions sont datées, à proximité de son mari qui, sous-officier et titulaire du permis de conduire, avait été affecté dans les transports (« le train »), et participait jour après jour à la noria sans fin des camions approvisionnant le front. Et puis rentrée à Paris, elle s’était portée volontaire comme infirmière pour soigner les innombrables grands blessés.

Ses oeuvres principales furent créées durant la même période, et redonnées à de multiples reprises, recevant un excellent accueil. Ce fut tout particulièrement le cas de ses mélodies, très appréciées, et de sa musique de chambre. La musicologue Florence Launay cite la compositrice, ainsi que deux de ses oeuvres, pages 291 et 292 de son ouvrage “Les Compositrices en France au XIXe siècle”, son Offertoire pour violon ou violoncelle solos, orgue, harpe et  contrebasse  déjà évoqué, et sa Sonate  pour  violon  et  piano  en  fa  mineur. L’annexe jointe récapitule quelques exécutions dont la trace a été conservée.

On trouve parmi ses interprètes la cantatrice Hilda Roosevelt qui lui écrivit en 1918, au lendemain de sa création de Je rêve d’une île ancienne (Albert Samain),« Vous m’avez trop gâtée. J’ai eu beaucoup de plaisir à vous chanter et votre oeuvre a eu un joli succès » Et qui l’adjure aussitôt, « Travaillez et ne restez pas ainsi une isolée ! » Il était très difficile à une femme, mariée et mère de famille, de se joindre aux courants musicaux majeurs de l’époque, a fortiori si elle n’avait pas suivi le cursus officiel. Et puis Tournemire était lui-même un indépendant, sinon un solitaire, à la recherche d’un absolu dans l’art.
Parmi ses autres interprètes réguliers, il faut citer encore le violoniste Paul Viardot, fils de Pauline Viardot, également chef d’orchestre et compositeur, qui promouvait activement les jeunes compositeurs, le pianiste Armand Ferté, tantôt au piano, tantôt au pupitre, et bien sûr son maître, Charles Tournemire, à l’orgue ou au piano.

Alice Lesur avait rêvé que l’un de ses fils devienne compositeur, et décelé très tôt les dons musicaux du troisième, Daniel, né en 1908. Elle devait veiller sur son éducation musicale avec la détermination et la rigueur qui la caractérisaient, le confiant très tôt pour l’orgue et la composition à Charles Tournemire, qui allait jouer un rôle fondateur auprès du futur compositeur. L’un des grands bonheurs de sa vie fut de voir son rêve se réaliser, Daniel-Lesur prenant dès le début des années 30 sa place parmi les jeunes compositeurs les plus prometteurs de sa génération ; et ensuite, de vivre durant près de 50 ans les étapes de la construction de son oeuvre. Un moment particulièrement mémorable à cet égard, allait être la création à Marseille d’Andrea del Sarto, premier opéra de Daniel-Lesur, au tout début de 1969, une sorte d’aboutissement. Elle avait alors 87 ans. D’autant plus émouvant pour elle, qu’elle avait longtemps ambitionné d’écrire un drame lyrique, évaluant avec l’aide de son père différents scénarios susceptibles de servir de base à un livret, pour finalement se fixer sur Olaf, d’après Henri Heine, « idylle lyrique » malheureusement laissée inachevée.

Bonheur immense qui suscita chez la mère qu’elle était, un sacrifice qui peut paraître étrange à près d’un siècle de distance : s’effacer en tant que compositrice pour ne jamais entrer en concurrence avec son fils, considérant sans doute lui avoir transmis le meilleur d’elle-même. Pour devenir à partir de 1936 l’un des meilleurs agents des quatre "Jeune  France",  en  particulier  durant  les  deux  premières  années  de  l’Occupation,  alors  que  menacés  d’oubli,  trois  d’entre eux se trouvaient soit prisonnier, Messiaen, soit réfugiés en Zone libre, Baudrier et Lesur, tout cela en étroite coordination avec Claire Delbos Messiaen et André Jolivet.

Elle avait aussi pendant le premier tiers du siècle, poursuivi sa passion pour l’art gothique, tout particulièrement les arts décoratifs et le mobilier de la période, parcourant la France avec son mari à la recherche de pièces originales. Et puis elle avait contribué auprès de celui-ci au succès de la Maison Lesur, tissages pour la haute couture, dont à l’occasion de chaque collection, deux fois par an, elle créait le nuancier de quelque six-cents coloris.

Mais  tout  cela  n’avait  eu  qu’un  temps  :  elle  et  son  mari  s’étaient  trouvés  totalement  ruinés  par  la  crise  au  milieu  des années 30. Elle avait dû courir les petits cachets comme pianiste ou ondiste, ainsi que faire face à des ruptures douloureuses avec plusieurs parents et amis co-investisseurs, dont la plus cruelle fut certainement celle avec son maître  révéré  ;  puis  faire  face  en  pleine  guerre  au  lourd  handicap  de  son  mari,  victime  d’un  accident  vasculaire  cérébral, avant de disparaître en 1948 ; et se contenter pendant le dernier tiers de sa vie d’une petite rente, qui ne lui autorisait aucune fantaisie, mais qui lui permettait tout de même de suivre soir après soir la vie musicale et les créations contemporaines, au prix de longs trajets nocturnes en métro, vaillamment entrepris jusqu’aux années 1970. Toutes choses qu’elle avait supportées avec stoïcisme et une dignité jamais démentie, sans jamais revenir sur le passé, appuyée sur sa foi et sur l’affection d’une descendance très nombreuse, auprès de laquelle elle avait toujours su être présente, là où elle pouvait être le plus utile. Fin 1977 encore, elle écrivait à Olivier Messiaen,« Mon cher Olivier,Je vois à l’instant dans le Figaro que le Grand Prix National vient de vous être bien justement décerné. Il est infiniment rare qu’un novateur tel que vous soit reconnu, compris et honoré ainsi de son vivant ; et vous avez cette joie ! Joie immense que je suis bien heureuse de partager avec vous. De tout coeur, cher ami, je vous embrasse ainsi que votre chère femme. »

Elle devait mourir à Paris dans sa centième année, le 15 août 1980. Son Offertoire pour grand orgue fut exécuté lors de la messe dite à sa mémoire quelques semaines plus tard.

Christian Lesur - 2022


Œuvres


Orchestre

Deux Novembre, pour voix soliste et orchestre, poème de Paul Collin (1912)
Je rêve d'une île ancienne, pour voix et orchestre, poème d'Albert Samain (1915)
Symphonie bretonne, esquisse symphonique en un mouvement (1918)
Olaf, idylle tragique en trois tableaux et un épilogue d'après Henri Heine (inachevé, mais réduction manuscrite pour voix et piano


Musique de chambre

Nocturne pour violon et piano (1912)
Offertoire pour violon, contrebasse, harpe et orgue (1912)
Sonate pour violon et piano (1917)

(non datés

Scherzetto pour violon et piano
Trio pour piano, violon, violoncelle
Pièce en la mineur pour quatuor d'ondes Martenot
Scherzetto pour quatuor d'ondes Martenot et piano (ou harpe)


Piano

Rêverie (1912)
Berceuse (1912)
Conte (1915)
Elégie (1916)
Souvenir (1916)
Esquisse (1916)

1er Offertoire pour grand orgue (1915)


Mélodies pour voix et clavier

Deux Novembre, sur un poème de Paul Collin (1912) dédié "Aux chères âmes qui nous ont quittés"
Sonnet du Printemps, sur un poème de Paul Collin (1912)
Je rêve d'une île ancienne, sur un poème d'Albert Samain (1915)
Je noie dans tes yeux mon âme, sur un poème d'Emile Varhaeren (1915)
Jour perdu, sur un poème d'André Rivière (1916)
Oh! laisse frapper à la porte, sur un poème d'Emile Verhaeren (1918)
Je rêve d'une île ancienne, sur un poème d'Albert Samain (1915)
Je noie dans tes yeux mon âme, sur un poème d'Emile Varhaeren (1915)
Revenir en haut Aller en bas
 
Alice Thiboust-Lesur (1881-1980)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Daniel-Lesur (1908-2002)
» Ben Frost (né en 1980)
»  Guillaume Humery dit YOM, né en 1980
» Don Banks (1923-1980)
» Alice Parker (1925-2023)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Toutes les musiques du monde :: Musique classique :: Les compositeurs-
Sauter vers: