Manuel de Falla : L'Atlantide

Atlántida est une cantate scénique avec la musique de Manuel de Falla et en partie d'Ernesto Halffter ; le texte, en catalan, se compose de fragments du poème épique L'Atlántida de Jacinto Verdaguer, qui avait obsédé Falla depuis son enfance, et qu'il voyait reflété dans toutes ses préoccupations philosophiques, religieuses et humanistes. C'est une grande cantate pour solistes, chœur et orchestre qui peut être représentée en scène.

Ce fut un travail pour lequel Manuel de Falla a passé les vingt dernières années de sa vie. Au début, c'était une oeuvre qui a été conçue pour la Société chorale de Barcelone, dans l'espoir d'être représentée lors de l'Exposition universelle de Barcelone (avec l'aide de Josep Maria Sert, qui devait peindre les décors, et devait représenter la Plaça del Rei de Barcelona, en utilisant les murs de l'ancien palais royal des comtes de Barcelone comme scénario) ou bien à l'Exposition ibéro-américaine de Séville qui se célébrèrent en 1929. Toutefois, Falla n'avait pas terminé son oeuvre et continua à y travailler au fil des années suivantes. En Décembre 1930, il a voyagé à Cadix et fit une excursion, inspirée par son travail sur Atlántida, l'îlot de Sancti Petri, lieu où étaient censées se trouver les ruines du Temple d'Hercule.

Manuel de Falla continua le travail en exil en Argentine, et à sa mort en 1946 il l'a laissé inachevé : il y avait des pièces complètes, vocale et orchestrale, d'autres avaient seulement les voix avec accompagnement de piano et d'autres encore, seulement des croquis et des idées musicales ciblées, mais non développées. La fin le travail a été effectuée par Ernesto Halffter, qui avait été son disciple et dont le style était assez proche de celui de Falla.

Une première version, sans mise en scène, fut créée au Gran Teatro del Liceo, avec Victoria de los Angeles dans le rôle de la Reine Isabel le 24 novembre 1961, dirigée par Eduardo Toldrà. La version avec mise en scène a eu sa première mondiale au Teatro de La Scala de Milan l'année suivante, le 18 Juin. Cette oeuvre est rarement représentée aujourd'hui et on l'entend le plus souvent en version de concert.

La même Halffer a continué à travailler sur l'oeuvre et a élaboré une nouvelle version, la dernière, dont la création eut lieu à Lucerne en 1976.

L'action se déroule dans deux lieux et temps. D'une part, sur l'île mythique de l'Atlantide, en Méditerranée, à une époque légendaire, et d'autre part l'Espagne à l'époque de Christophe Colomb (1492). L'oeuvre est découpée en un prologue et 3 parties.

L'Atlantide relate, d'une part, la punition et la destruction d'un pays, et le pardon et la renaissance d'autre part. Les personnages agissent comme symboles et instruments des divinités.

Le prologue - entièrement composé et orchestré par Falla - représente l'engloutissement de l'Atlantide, racontée par le "corifeo" (narrateur) au jeune Christophe Colomb. Malgré le carnage, l'espoir subsiste dans l'extrême ouest de l'Europe, où une nouvelle nation - l'Espagne - va réaliser l'exploit du pardon grâce à la christianisation de l'Amérique. Une chorale chante l'hymnus hispanicus.

https://www.youtube.com/watch?v=iZ4tBN9o0Io



La première partie est entièrement composée mais avec une orchestration inachevée
La deuxième partie est la plus incomplète des trois, avec des passages au simple état d'esquisses
La troisième partie est composée presque entièrement, sauf le final, mais sans orchestration, bien que comportant de nombreuses indications.

Raconter l'argument en détail n'a pas beaucoup d'intérêt, car l'intrigue est très compliquée avec pas mal de personnages, avec l'apparition de monstres qui naturellement seront battus par Hercule, la conquête du jardin des Hespérides, puis l'histoire quitte la mythologie pour la foi chrétienne avec Isabel la catholique qui envoie Colomb à la conquête du Nouveau Monde...

Excellente initiative et très belle présentation. Ce grand compositeur le mérite bien.