Nombre de messages : 27106 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Carlo G. (début XVIIè siècle) 2023-05-22, 20:32
Ce mystérieux Carlo G est un compositeur italien mais aussi compilateur et créateur d'un manuscrit découvert en 2000, acheté par un propriétaire anonyme pour une somme modique auprès d'un brocanteur de Baden près de Vienne. Dans les années suivantes, il a fait l'objet d'une thèse de diplôme au Conservatoire de Vienne par le claveciniste et organiste Roman Chlada. En décembre 2007, il a ensuite été revendu à un propriétaire anonyme lors d'une vente aux enchères chez Sotheby's à Londres.
Ce manuscrit de Carlo G est une collection de musique sacrée concertée, principalement pour une et deux voix et orgue, datable de la deuxième-troisième décennie du XVIIe siècle. Il tire son nom du compilateur "Carlo Gra<...>", qui signe également la plupart des pièces avec les initiales "C.G.". L'essentiel des pièces est attribuable à Carlo G, mais figurent aussi quelques œuvres de contemporains qui sont des unica.
En ce qui concerne le lieu d'origine, sur la base des saints et saintes mentionnés dans les textes, on a récemment émis l'hypothèse que le manuscrit de Carlo G. a été compilé à Bologne, à l'usage des religieuses de certains couvents ou monastères féminins de la ville, y compris ceux des camaldolesi de Snta Cristina della Fondazza, célèbre pour son activité musicale entre les XVIe et XVIIe siècles, et des Clarisses du couvent des SS. Naborre et Félix. D'autres éléments confirment la destination des milieux monastiques féminins. Par exemple, la pièce Benché sopra le stelle de Caccini portant l'indication « pour les religieuses », dont le texte contient des références claires au chant des religieuses ; dans le motet Filiae Hierusalem annuntiate Jesu, il est suggéré que "qui ne peut pas aller bas chante haut dans l'octave", comme preuve de l'utilisation de voix féminines non extensives dans la texture grave; enfin la mention d'une "sœur Maria Vittoria" pour qui Carlo G . a écrit une courte cadence alternative dans le motet En dilectus meus.
Concernant "Carlo Gra<...>" (ou "Grat<...>"), le compilateur-propriétaire du manuscrit, jusqu'ici identifié à aucun musicien professionnel, l'hypothèse a été avancée qu'il était une personne de haut rang social et qu'il entretenait des relations avec divers couvents et monastères de Bologne, où vivaient des religieuses auprès desquelles il était lié par des liens familiaux. Le meilleur candidat pour une éventuelle identification pourrait être Carlo Grati, membre d'une famille noble bolognaise, qui occupait les postes de « gonfalonier » en 1640 et d'« aîné » en 1647, et qui a peut-être rédigé le manuscrit à un jeune âge, dans la deuxième - troisième décennie du XVIIe siècle.
Description
Le Manuscrit Carlo G. , datable du début du XVIIe siècle, est composé de 162 pages (dont 158 numérotées) copiées d'une seule main. Il contient principalement des pièces sacrées pour une et deux voix et orgue, généralement dans le style "passaggiato", et quelques pièces pour 6, 7 et 8 voix, cependant notées dans la partition pour une ou deux voix et orgue. La musique est notée "ad apertura di libro" et coule du côté gauche au côté droit. La partie d'accompagnement est écrite en entier : en tablature pour l'orgue ou, dans certains cas, en tablature de luth italien pour le chitarrone. La notation particulière de la partition avec la partie d'orgue (et dans certains cas de la chitarrone) écrite en entier, et les riches fioritures des parties vocales fournissent des indications précieuses sur la pratique exécutive de l'époque, tant pour les parties vocales qu'instrumentales.
La plupart des pièces sont signées par Carlo G. lui-même, mais il y a aussi des œuvres attribuées à d'autres compositeurs de l'époque, comme Bartolomeo Barbarino, Giulio Caccini, Girolamo Giacobbi, Luca Marenzio, Paolo Quagliati et Orazio Vecchi, et quelques anonymes, presque toutes en unicum.
S'agissant d'un répertoire sacré, les textes sont logiquement en latin ; une exception est le passage attribué à «Giulio Romano» (Giulio Caccini), Benché sopra le stelle, qui apparaît néanmoins accompagné d'une version latine (Deus Dominus meus) du texte vernaculaire italien.
Dans certaines pièces (Mater Hierusalem civitas et Panis angelicus) un violon est indiqué, vraisemblablement comme alternative à l'une des voix de soprano dans les pièces en duo. La plupart des pièces sont composées pour ensemble réduit (une ou deux voix et orgue), même s'il existe des pièces à six, sept et huit voix, comme Alma mater pietatis de Paolo Quagliati (à 6), In te Domine speravi (à 8),Ecce nunc benedicite (à 7) et Sicut sponsus matris (a 6 per sonar quattro viole et cantar due soprani") de Carlo G., et les anonymes Benedictus Deus (à 8) et Num quem diligit anima mea vidistis (à 8).
Le manuscrit, sur 162 pages, contient en tout 89 pièces, dont 5 courtes pièces instrumentales qui servent de prélude à certaines pièces : comme la "Toccata al motetto Panis angelicus con violino, chittarone, lira et basso di viola", la "Toccata di Decantabat [populus Israel]" pour violon et b.c., la "Toccata pour Florete flores" pour deux orgues, la Toccata di Stabat Mater Dolorosa pour orgue.
Une copie numérisée en noir et blanc du manuscrit (actuellement propriété privée), bien qu'il manque une dizaine de pages, est disponible à la Petrucci Music Library (IMSLP). https://imslp.org/wiki/Contents_of_the_Carlo_G_Manuscript
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