La belle meunière ( Schubert )

Die schöne Müllerin D. 795, (La belle meunière) est un cycle de lieder écrit par le compositeur allemand Franz Schubert.

Composés probablement entre mai et décembre 1823, après une période de doute et de tentatives avortées (symphonies n°7 et 8 ), Die Schöne Müllerin reprend 20 des 25 poèmes du même titre écrits par le poète allemand Wilhelm Müller (auteur aussi des textes du cycle suivant, Winterreise).

Il s'agit là d'un des premiers cycles complets de lieder de la période romantique, où le compositeur, suivant le fil conducteur d'une histoire complète, utilise différents registres musicaux pour exprimer pleinement les péripéties successives.

Les thèmes développés sont typiquement romantiques : l'amour, l'espoir, la déception, la tristesse, la mort, la quête personnelle, le voyage, la nature. L'histoire est la suivante : un jeune homme, voyageant le long d'un ruisseau, arrive chez un meunier et tombe amoureux de sa fille. Mais la belle, d'abord bienveillante, préfère se laisser séduire par un chasseur. Le pauvre apprenti meunier s'en noie de chagrin et de désespoir.

La cohérence du cycle est assurée par le thème du voyage : le ruisseau (fil conducteur et confident du narrateur), le promeneur, la nature. Mais les lieder sont tous particuliers, même si certains vont manifestement par paire. La première partie est joyeuse et pleine d'espoir, puis le ton s'obscurcit à partir de Der Jäger, pour devenir mélancolique, triste voire violent.

Die schöne Müllerin a été interprété par de grands ténors et barytons comme Dietrich Fischer-Dieskau, Peter Pears, Peter Schreier, Fritz Wunderlich mais aussi par des altos comme Brigitte Fassbaender et Christa Ludwig et aussi par des contreténors comme Jochen Kowalski et a été enregistré de nombreuses fois.

Die schöne Müllerin illustre avec 'Voyage d'hiver l'apogée de la musique de chambre du XIXème siècle.

Il y a vingt mélodies dans le cycle, environ la moitié sous une forme strophique simple, et elles passent d'un optimisme joyeux à un désespoir et à une tragédie. Au début du cycle, un jeune compagnon meunier se promène joyeusement à travers la campagne. Il arrive sur un ruisseau qu'il suit jusqu'à un moulin. Il tombe amoureux de la belle fille du meunier (le "Müllerin" du titre). Elle est hors de sa portée car il n’est qu’un compagnon. Il essaie de l'impressionner, mais sa réponse semble hésitante. Le jeune homme est bientôt supplanté dans ses affections par un chasseur vêtu de vert, la couleur d'un ruban qu'il a donné à la fille. Dans son angoisse, il éprouve une obsession pour la couleur verte, puis un fantasme de mort extravagant dans lequel des fleurs poussent de sa tombe pour exprimer son amour éternel. (Voir "Adélaïde" de Beethoven pour un fantasme similaire.) À la fin, le jeune homme se désespère et se noie dans le ruisseau. Le dernier numéro est une berceuse chantée par le ruisseau.


Détail et commentaires

1. Das Wandern
Voyager est le plaisir du meunier. Comme l'eau qui coule, comme la roue qui tourne tout le jour, comme les pierres entraînées par le courant, le jeune homme veut voyager.

2. Wohin ?
Le petit ruisseau murmure ; il faut descendre avec lui. Vers où ?

3. Halt !
Un moulin apparaît, accueillant. Est-ce cela ce que voulait dire le ruisseau ?

4. Danksagung an den Bach
Allons voir la meunière ! Ce que je cherchais, je l'ai trouvé. J'ai du travail pour mes mains et pour mon cœur.

5. Am Feierabend
Le soir, au moment du repos, le jeune homme est trop las pour se faire remarquer. Le maître est content, la jeune fille souhaite une bonne nuit.

6. Der Neugierige
Dis-moi, petit ruisseau, m'aime-t-elle ?

7. Ungeduld
Le jeune homme est impatient de déclarer : à toi, mon cœur pour toujours.

8. Morgengruß
Bonjour, belle meunière !

9. Des Müllers Blumen
Au bord du ruisseau poussent de nombreuses petites fleurs. Je planterai mes fleurs sous sa fenêtre. Dites lui : ne m'oublie pas.

10. Tränenregen
Le meunier regarde dans le miroir de l'eau son portrait. Mes yeux se remplissent de larmes. Elle dit : il va pleuvoir, je rentre.

11. Mein!
La meunière bien-aimée est à moi ! conquête imaginée...

12. Pause
Au mur, j'ai suspendu mon luth, j'y ai noué un ruban vert... Cher luth, reste accroché à ton clou.

13. Mit dem grünen Lautenbande
La bien-aimée aime le vert. Je vais détacher le ruban et le lui envoyer. Qu'elle le mette dans sa chevelure.

14. Der Jäger
Que cherche le chasseur ? Il n'y a pas de gibier pour toi. Laisse le moulin et le meunier en paix.

15. Eifersucht und Stolz
Où va le ruisseau sauvage, en colère contre le chasseur. Gronde la meunière frivole. Ne lui dis pas mon chagrin.

16. Die liebe Farbe
Ma bien-aimée aime le vert. Ma bien-aimée aime la chasse. Le gibier que je chasse, c'est la mort. Creusez ma tombe dans le gazon.

17. Die böse Farbe
Vert, méchante couleur. Je voudrais chanter un mot : adieu !

18. Trockne Blumen
Petites fleurs, qu'elle m'a données, qu'on les mette avec moi dans la tombe

Le thème a été utilisé par Schubert dans la pièce Introduction et variations pour flûte et piano sur Trockne Blumen composée en 1824

19. Der Müller und der Bach
Le meunier et le ruisseau.

Le meunier se meurt : petit ruisseau, sais-tu ce que fait l'amour ?
Sous terre, le repos est frais ! Petit ruisseau, chante encore.

20. Des Baches Wiegenlied
Repose-toi, repose-toi, Ferme les yeux! Voyageur fatigué, tu es à la maison.

Sorti le 8 mars chez Decca.

Ce CD, comme l'a dit Jean sur le post du ténor, a reçu un diapason d'or chez Classica.
Personnellement, je ne raffole pas vraiment de l'extrait que j'ai entendu ... je trouve cela assez 'larmoyant'. Evidemment, je ne connais pas l'oeuvre ni le compositeur et c'est peut-être la façon habituelle de l'interpréter.

Quelques avis ...

Kaufmann se pose moins en narrateur qu'en acteur passionné: il "est" le personnage central dont le chant ne peut être que celui d'un jeune homme aux désirs printaniers bientôt déçus et défaits; connaisseur du cycle édifié par les poèmes de Wilhelm Müller, Kaufmann sait d'abord exprimer l'enthousiasme et aussi l'énergie altière du garçon... chez classiquenews

Sylvain Fort chez Classica : Jonas Kaufmann est un 'wandeler' tout de force et d'allant, sans le sourire, sans les grâces qu'on y entend souvent. Ce n'est pas le lied qui convient le mieux à la voix de J Kaufmann, mais sa conception entière se résume là. Ce meunier est déjà un voyageur d'hiver. C'est-à-dire qu'il ne découvre pas chemin faisant la cruauté du monde, mais la sait d'emblée, et lui oppose toute la force de son éngergie, puis de son refus, avant que ne vienne l'abattement. A aucun moment ne transparaît la frêle naïveté du tout jeune homme. ... Helmut Deutsh ici se transformerait presque en Julius Drake ; en tout cas on ne l'avait jamais entendu aller chercher au fon de son clavier de ces sonorités riches, mâles, vibrantes.

... et une video d'enregistrement

On ne peut pas dire que l'interprétationde Kaufmann soit "larmoyante" ...elle serait plutôt, plus "viril" que la moyenne, dans la mesure ou on peut opposer viril et larmoyant; mais c'est vrai que les poèmes choisis par Schubert sont la plupart loin d'être d'une gaieté folle !!! comme d'ailleurs le caractère et la vie de Scubert lui-même.
Mais chacun a son sens du ...larmoyant qu'il supporte plus ou moins, pour les uns ce sera Schubert, pour d'autres ce sera certains opéras bel cantistes ou véristes

La belle meunière...

C'est pas en sole majeure ???

Stadler a écrit:

La belle meunière...

C'est pas en sole majeure ???

Toujours le mot pour rire, ce Stadler


Personnellement, et d'une manière générale, je n'aime pas trop les lieder...sauf la sole Belle Meunière

Mais même le Voyage d'Hiver me laisse plutôt indifférent.


Quelqu'un a déjà vu ce film magnifique de 1947 ou 48 "La Belle Meuniere" de Marcel Pagnol (avec Tino Rossi comme chanteur), qui était une "première" en couleurs en France ?

J'ai vu le film quand j'étais plus jeune car mon papa ne ratait jamais un film avec Tino Rossi ou Luis Mariano ou encore Fred Astaire dans un autre genre !

Je suis d'accord avec toi Jean pour le côté viril de l'extrait que l'on voit dans la video ; je parlais plutôt de l'extrait sur le CD Classica (boîte aux lettres ).

Ceci étant, Schubert n'est pas trop ma tasse de thé et encore moins les lieder sauf peut-être les 4 derniers de Strauss ... cela viendra peut-être, je suis bien venue à la musique classique après l'opéra !

Alors là je suis sidéré. Bien sûr, chacun ses goûts mais tout de même. Qui peut prétendre connaître la musique sans connaître "la belle meunière" ou "la truite" si bien chantée par Francis Blanche. Là c'est pour rire.
Je n'écoute pas facilement les lieder allemands, sauf au concert, mais je pense que dans le genre on ne fait pas mieux qu'eux (les allemands). Il n'y a qu'à mettre à côté les mélodies françaises (Fauré et Cie) il n'y a pas photo. C'est mou, gnangnan et part certains musiciens cocorico, je ne sais pas s'il y a beaucoup d'amateurs.
C'est un coup de gueule mais ça fait du bien de temps en temps.
Et puis j'adore Schubert, c'est mon droit.
Heureusement il y en a pour tous les goûts.

Dans le fil sur le chant et la langue française, je parlais de l'opéra sans référence aux mélodies

Pour ce qui concerne les lieder, bien d'accord avec toi, Hadrien. Moi aussi j'ai une nette préférence pour les lieder allemands que pour les mélodies françaises, qui, elles, m'ennuient profondément, qu'elles soient de Fauré, Debussy ou Ravel ou même Gounod. Sauf quelques exceptions quand même.

Personnellement, je préfère 'aimer' la musique que la 'connaître' ... encore que je ne sache pas trop ce que cela signifie 'connaître la musique' : savoir la jouer ? être un érudit en composition ? pouvoir analyser une oeuvre ? ...

Comme dit Hadrien tous les goûts sont dans la nature qui est vaste et variée fort heureusement !
Je suis persuadée qu'il y a des mélomanes qui, à raison, trouve la mélodie français fort à leur goût et non ... comme la qualifie Hadrien !

Quand on me propose une musique, j'écoute ... si j'aime j'essaie d'en savoir plus sur l'oeuvre et le compositeur ... si je n'adhère pas, je zappe quelque soit le compositeur et sa renommée éventuelle parce que j'estime que l'art doit être un plaisir et non une obligation ... mais cela ne concerne que moi bien entendu !!!

J'ai bien compris que tu parlais, Bel Canto, de l'extrait sur le cd des 10 de répertoire, ...

j'aime aussi plus les lieder allemands que la mélodie française en général...mais c'est plus une question de musique que de langue .D'ailleurs je n'apprécie guère ceux de HUgo Wolf et j'aime beaucoup certaines mélodies françaises (Duparc ) un peu moins Fauré sauf certaines...
J'ai une amie , nettement moins "dingue" de musique que moi, bien qu'elle apprécie le baroque, le classique, le romantique,...Ce qu'elle apprécie le plus...c'est la mélodie française de la fin du 19em, debut 20em...elle n'apprécie qu'un opéra: Pélleas et Mélisande de Debussy...!

SUPER !! Le fil existait, depuis 2006, repris en 2010, ce qui bien sûr ne m'étonne pas. -je m'en doutais    , avec Snoopy l'Encyclopédie Musicale...-.!!
Je vais relire attentivement cela demain et dimanche et y répondre (à l'époque, je n'étais pas inscrite). Pas le temps ce soir ! (je suis dans la pâte à beignets, ça ne rigole pas) .

Je parlais plus haut du film de Marcel Pagnol "La Belle Meunière". On en trouve une partie sur youtube, mais en éléments séparés.

Voici le Ruisseau, qui est l'une des mélodies que je préfère :



https://www.youtube.com/watch?v=NUwPzF7XlME

Je sais, on aime ou on n'aime pas Tino Rossi. Pour moi c'est une partie de ma jeunesse...

(j'ai ajouté le détail des Lieder dans le premier post de Snoopy)

Après avoir lu ce dossier, il ne reste plus qu’à réécouter La Belle meunière. J’ai dans ma discothèque un enregistrement paru chez Harmonia Mundi avec Christophe Pregardien et Andreas Staier au piano et un deuxième avec Nathalie Stutzmann et Inger Södergren au piano.

J'ai écouté hier ce cycle de Lieder dans l'enregistrement de Nathalie Stutzmann et Inger Södergren au piano. Je dois avouer que je n'avais pas écouté depuis plusieurs années et que je me souvenais plus très bien des Lieder qui le composent.
la comparaison avec le Voyage d'hiver s'est d'emblée imposé à mon oreille. Ici tout commence plus gaiement mais au final la mort rencontrera l'amoureux éconduit.
Ces deux cycles de Schubert sont des sommets du Lied allemand. Ma préférence reste toutefois pour Le Voyage d'hiver. Peut-être est ce parce que je le connais mieux.

Moi aussi j'ai une petite préférence pour "Le Voyage d'Hiver"  et aussi pour "Le Chant du Cygne"...et il y tellement de lieder...  bouleversant en dehors des "cycles" comme celui ci, avec Bryn Rerfel





https://www.youtube.com/watch?v=h8-AOKJIUQM

une autre très belle interprétation avec Mattias Goerne, un peu plus lente (ce qui lui convient tout à fait!!) et surtout , il chante les 3 couplets au lieu des 2 habituels chez les autres chanteurs!

https://www.youtube.com/watch?v=XI_s0By5uZg

Bon, je me prends en flagrant délit de HS!

C'est vrai que j'ai eu envie très fort de ré-ouvrir ce fil, et je vous remercie pour tous vos messages.

Faute de temps, je n'ai pas pu ré-écouter la version que j'ai (je n'ai même pas remis la main sur mon CD, j'avoue).
Je souhaite le faire calmement, avant de vous répondre.
Moi aussi, je préfère "die Winterreise" , d'ailleurs -et tant pis pour le HS -.

Je pars maintenant pour deux heures de répèts en solitaire (Mozart, Guillonneau, jazz, blues, musique Disney), il faut que je me discipline à ne plus vous lire .