Nombre de messages : 27056 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Delalande : Symphonies pour les soupers du Roy Lun 13 Avr 2020 - 13:14
Musique célèbre et inconnue, les Symphonies pour les Soupers du Roy de Delalande constituent l'une des œuvres les plus célèbres du patrimoine musical français. Pour les amateurs de musique, c'est probablement l'œuvre la plus connue de la musique instrumentale baroque française. En 1689, Delalande fut nommé ''surintendant de la musique de la chambre du roi'', et c'est probablement en 1690 qu'il se lança dans la composition d'une première suite d'airs instrumentaux pour embellir les soupers de Louis XIV. Depuis la composition de la première suite, dix suites devait s'étendre sur les dix années suivantes. Ce n'est qu'en 1713 que Delalande en ajoutera une onzième, puis une douzième. Pendant les deux dernières années de sa vie, Louis XIV pouvait choisir parmi ces douze suites la musique qui accompagnerait ses soupers.
La Cène du Roi était prise à dix heures du soir, soit dans l'Antichambre du Roi, soit dans l'Antichambre du Grand Couvert (mise en place de la table d'honneur). Le roi soupait en public. Le menu était composé de quatre plats : les soupes, les entrées, les rôtis et les sucreries. A côté de la fanfare initiale (Concert de Trompettes), pour l'entrée du Roi, qui coïncidait avec l'arrivée du premier plat, nous pensons que la musique de Delalande était jouée entre la fin d'un plat et l'arrivée du suivant, en intervenant trois fois, ce qui expliquerait l'organisation tripartite des suites. Le besoin de souper vers onze heures et sa conclusion ont probablement été ponctués par une autre fanfare.
Un grand nombre de compositeurs des 17e et 18e siècles nous ont laissé la ''musique de table'', un bel exemple étant la Tafelmusik de Telemann (1733). Mais l'exemple le plus monumental reste les Symphonies pour les Soupers du Roy de Delalande. A la fin du XVIIe siècle, le mot symphonie n'avait pas le sens qu'il a aujourd'hui. Symphonie ou simphonie était un terme général pour toute composition instrumentale (ouverture, prélude, danse, ritournelle avant l'entrée une voix, etc.), mais désignait aussi l'ensemble instrumental qui la jouait, par opposition au terme choeur, qui désignait, comme il le fait encore, la composition vocale et l'ensemble qui la chantait.
Les douze suites de symphonies de Delalande sont composées de trois types de musique : musique purement instrumentale, musique à caractère de danse et musique instrumentale vocale. Dans le premier type, on trouve des ouvertures, des préludes, des airs non liés à la danse et surtout des caprices dans les 5e, 7e et 12e suites, dont la célèbre ''Fantaisie que le Roy demandoit souvent'' qui préfigure ce qui deviendra la symphonie classique. Dans le second type, nous avons toutes les danses, c'est-à-dire les sarabandes, passacailles, chaconnes, menuets, passepieds, loures, gigues, canaris, gavottes, bourrées, rigaudons et ainsi de suite, qui étaient caractéristiques de la suite française. Enfin, dans le troisième type, on retrouve les airs chantés lors des ballets, orchestrés par le compositeur de façon à remplacer la (ou les) voix prévue(s) à l'origine. Néanmoins, l’équipe d’Hugo Reyne n’a pu résister à l'envie d'en interpréter certains dans la version chantée.